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Nous avons essayé le Fairphone, un smartphone équitable et responsable, qui pourrait changer le monde (photos)

Ce smartphone affiche sans doute le pire rapport qualité-prix de l'histoire. A 529€, il arbore un look épais en plastique grossier, tourne sous une version d'Android de 2015, et affiche des performances moyennes. Toutes ses qualités viennent de son côté "responsable", qui en font un appareil totalement recommandable !

Dans le monde de plus en plus grand des fabricants de smartphones, il y a quelques ovnis. Fairphone est l'un d'eux, sans aucun doute.

L'entreprise néerlandaise développe un concept bien à part depuis 2013: parvenir à commercialiser un téléphone "socialement responsable", ou plus originellement, comme son nom l'indique, "équitable".

Cela passe par de nombreux compromis qui, au final, hélas pour le consommateur, font grimper la facture à 529€ pour un appareil aux caractéristiques plutôt moyennes que haut-de-gamme.


Tout en plastique, avec de grosses bordures

L'origine des métaux précieux en Afrique

Le premier d'entre eux, à l'origine du concept, est la surveillance de l'origine des nombreux métaux précieux nécessaires à la fabrication des smartphones. L'idée n'est pas simplement de s'approvisionner dans des pays sans conflit, ce serait trop simple.

Il y a une volonté de changer les choses, un mouvement, derrière Fairphone, qui va tenter au maximum de faire vivre et de favoriser des sites miniers exempts de conflits, dans les pays où justement il y a de nombreux conflits liés à l'exploitation des mines. Il s'agit principalement de la République démocratique du Congo.

Fairphone va donc appuyer des initiatives locales, de petites tailles, où les travailleurs sont respectés, et dont l'argent n'alimente pas de groupes armés. Et c'est loin d'être simple, comme l'explique l'entreprise sur son site.

Les conditions de travail des ouvriers en Chine

Vient ensuite la surveillance des conditions de fabrication de l'appareil. Cela se passe en Chine, forcément, où Fairphone choisit des partenaires qui veulent améliorer les aspects sociaux et environnementaux du métier (si, si, il y en a).

La maîtrise technique est importante, forcément (il faut que le smartphone fonctionne bien et longtemps...), mais l'innovation sociale est tout autant essentielle.

Là aussi, l'entreprise néerlandaise prend la peine d'aller visiter les usines locales et les sous-traitants, et surveille la chaîne d'approvisionnement. Toujours dans le but d'essayer d'améliorer les conditions de travail, et c'est une tâche ardue.

Un téléphone écologiquement durable grâce aux pièces de rechange

Les conditions de fabrications étant "fair", reste à s'assurer que le smartphone ne soit pas jeté à la poubelle après quelques mois d'utilisation.

Là où Fairphone fait fort avec la deuxième version de son smartphone équitable, c'est qu'il est très facilement réparable. Sur le site du constructeur, il est possible d'acheter des pièces de rechange, qui seront en l'occurrence très facile à remplacer. Le smartphone a été conçu pour être réparable, c'est l'une des raisons de son épaisseur et de son encombrement importants.

L'intérieur du smartphone est donc facilement démontable, avec deux grands boutons d'ouverture. Sous le capot, comme une voiture, il devient facile de remplacer des pièces (par exemple, la caméra à 34€, ou le petit haut-parleur à... 1,28€), voire même des modules (par exemple, le module inférieur à 19€ rassemble le mécanisme de vibration, le port USB, le micro, etc...). Tout a été pensé pour s'en sortir avec petits outils standards.

Il existe des tutoriels en vidéo pour vous apprendre à remplacer un module ou l'écran.


Avec la coque translucide, on peut lire la mention "A vous de l'ouvrir, à vous de le conserver" (longtemps)

Mais que vaut le Fairphone 2 ?

Sorti au début de l'année 2016, le Fairphone 2 est donc la deuxième version du smartphone vendu par l'entreprise néerlandaise qui fait plus dans le social et le "responsable", vous l'avez compris, que dans le high-tech.

L'idée est de se concentrer sur l'origine pacifique des minerais en Afrique et l'amélioration des conditions de travail en Chine, et non de négocier à tous les niveaux pour trouver les prix les plus bas pour tous les composants. Il n'y a pas de courses aux performances non plus, forcément.

Du coup, à 529€, ce n'est pas le meilleur rapport qualité-prix du moment. Même l'iPhone fait mieux (pourtant, il est hors de prix, celui-là).

La fiche technique, en 2016, ne fait plus rêver, même si elle reste correcte. Android 5.1 (la version 7 arrive dans quelques semaines, hélas...), processeur Snapdragon 801, 2 GB de RAM, 32 GB de mémoire interne, port pour carte microSD, appareil photo 8 MP à l'arrière et 2 MP à l'avant, double SIM, Wi-Fi et Bluetooth, batterie de 2420 mAh. A l'usage, lors de notre semaine de test, on a trouvé l'appareil assez rapide, même si on observe parfois des petits ralentissements dans l'interface (notamment quand on passe bêtement d'un écran d'accueil à l'autre...)

Il faut bien reconnaitre également que l'écran IPS LCD en Full HD n'est pas exceptionnel au niveau des couleurs, comparé à la concurrence dans cette gamme de prix. Il faut également oublier le port USB Type-C réversible, présent pourtant depuis plus d'un an chez certains constructeurs.

Mais c'est sans doute au niveau du look et du design qu'on le plus de reproche à faire au smartphone. Le Fairphone 2 est l'un des smartphones les plus vilains qu'on ait pu manipuler depuis de nombreuses années. Il est très épais, tout en plastique, et avec des bordures très larges autour de l'écran.

On vous conseille d'opter pour la coque transparente, qui montre bien qu'il s'agit du Fairphone, et que vous avez voulu faire un beau geste pour la planète et l'humanité. Les plus optimistes diront que ce look d'antan lui confère une bonne résistance aux chutes et aux égratignures...

L'appareil photo ne fait pas de miracle, mais ne s'en sort pas trop mal, les photos sont globalement réussies.

Quant à la surcouche ajoutée par Fairphone à Android, elle est originale et discrète, et plutôt jolie à notre goût (avec des panneaux 'application récente et fréquentes', et 'derniers contacts' sur les écrans d'accueil).

Le côté "responsable" va jusqu'à vous prévenir lorsqu'une application semble intrusive au niveau de la vie privée. Facebook ne semble pas être l'appli préféré des développeurs de Fairphone, si vous voyez où je veux en venir.


Le Fairphone sans sa coque, avec les deux boutons bleus d'ouverture

Conclusion

Voilà un concept bien étonnant que celui de Fairphone. Audacieux, responsable au niveau écologique, politique et social, ce smartphone devrait être le plus vendu, et inspirer les fabricants de tous les autres appareils au monde. Il a l'ambition de changer notre manière de consommer des appareils électroniques, et donc finalement, de changer le monde, osons le mot.

Mais le grand public regarde surtout le rapport qualité-prix. Et ne se préoccupe pas du tout de l'origine des minerais dans une République démocratique du Congo en conflit, ou du salaire ridicule des ouvriers chinois qui ont assemblé l'appareil. Tous ces problèmes, Monsieur et Madame Tout le Monde se disent qu'ils ne peuvent rien y faire.

Fairphone leur prouve le contraire, ils n'ont plus d'excuses.

Reste à les convaincre de dépenser 529€ pour un smartphone au design difficile et à la configuration plutôt milieu de gamme. Et c'est sans doute plus difficile que d'aller surveiller les mines dans les zones de conflits...

 
 
 
 
 
 
 
 

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