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Nouvelle offensive contre Pornhub après une plainte de 34 femmes aux Etats-Unis

L'étau se resserre autour de Pornhub, l'un des sites porno les plus populaires de la planète, et sa maison mère, notamment accusés d'héberger des vidéos de viols y compris sur des mineures, après le dépôt d'une plainte au civil en Californie par 34 femmes.

"Il s'agit d'une affaire qui porte sur des viols, pas sur la pornographie", insiste cette plainte dont l'AFP a eu une copie et qui n'est pas la première du genre.

"J'espère que cela motivera Pornhub, ainsi que les autres entreprises de cette industrie, à mettre en place des mesures de sécurité pour que cela n'arrive à personne d'autre", a réagi vendredi auprès de l'AFP Rachel (un pseudonyme), l'une des 34 plaignantes.

Cette Canadienne de 38 ans avait témoigné, sous couvert d'anonymat, de son long combat pour retirer une vidéo de son agression sexuelle d'internet, diffusée sans son consentement sur Pornhub qui revendique 130 millions de visiteurs par jour. Aujourd'hui retiré du site, l'enregistrement a essaimé sur internet et la poursuit encore.

Les avocats accusent Pornhub et sa maison mère MindGeek, l'un des géants mondiaux de l'internet pour adultes, d'être "une entreprise criminelle classique" dont le modèle financier repose sur l'exploitation à des fins financières de contenu sexuel non consensuel.

Le groupe basé à Montréal, qui possède plus d'une centaine de sites pornographiques, totaliserait quelque 3,5 milliards de visites chaque mois.

- "Journée mémorable" -

"Aujourd'hui est une journée mémorable", s'est félicitée jeudi Laila Mickelwait, fondatrice de la campagne Traffickinghub à l'origine d'une pétition signée par plus de 2,2 millions de personnes accusant Pornhub d'autoriser l'exploitation sexuelle massive de femmes et de mineurs et d'en tirer profit.

"Cette action en justice indique clairement que Pornhub et sa société mère MindGeek ne sont pas seulement une entreprise de technologie qui a fait des erreurs de modération", a tancé cette experte en trafic sexuel, dans une vidéo sur Twitter.

Le géant du porno fait face à une véritable levée de boucliers depuis des mois après la publication d'un article du New York Times l'accusant d'héberger des vidéos pédopornographiques et de viols, ce qu'il a démenti.

Dans la foulée, deux géants financiers, Mastercard et Visa, avaient annoncé que leurs cartes de crédit ne pourraient plus être utilisées dans l'immédiat pour effectuer des paiements sur Pornhub.

Sur le plan politique, le scandale a suscité des remous au Canada.

"Pourquoi le Canada accueille-t-il une entreprise qui diffuse dans le monde des vidéos de viols?", interrogeait l'auteur de l'article, Nicholas Kristof, en interpellant le Premier ministre canadien Justin Trudeau "qui se dit féministe".

Jeudi, une commission parlementaire canadienne a fait 14 recommandations à Ottawa, plaidant notamment pour la mise en place d'une "réglementation claire" pour ces plateformes.

Le commissaire canadien à la protection de la vie privée, qui dépend du Parlement, enquête également sur Pornhub concernant des vidéos qui auraient été diffusées sans le consentement des personnes filmées.

Le gouvernement de M. Trudeau prévoit de déposer un projet de loi "dans les meilleurs délais" pour obliger les plateformes en ligne à retirer tout contenu illégal.

La Gendarmerie royale du Canada (GRC, police fédérale) étudie quant à elle une demande d'enquête criminelle sur MindGeek, réclamée par plus de 70 parlementaires canadiens en soutien à l'appel lancé en mars par une centaine de victimes d'exploitation sexuelle appuyées par plus de 500 ONG internationales.

Ces derniers mois, le géant de la pornographie a annoncé de nouvelles mesures pour être "à l'avant-garde en matière de lutte et d'éradication du contenu illégal".

Seuls les utilisateurs "vérifiés" peuvent poster du contenu et le téléchargement de vidéos est désormais réservé aux utilisateurs payants. En outre, Pornhub a recours à des technologies d'intelligence artificielle qui aident ses modérateurs à détecter les contenus illégaux, y compris concernant l'exploitation des enfants.

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