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Schbunk contre Batmobile, le combat de robots à Vivatech

Au milieu des robots humanoïdes doués de parole et des futures voitures volantes, des engins artisanaux télécommandés s'affrontent dans une cage en verre: le salon des startups Vivatech organisait samedi son premier combat de robots.

Schbunk impressionne le public avec sa scie à crans rotative qui découpe ses adversaires et, occasionnellement, les fondations en bois de l'arène.

Julien Blaise l'a fabriqué à partir d'un hoverboard, ces skateboards électriques avec deux grosses roues. Il finit deuxième du tournoi sur huit robots, mais son propriétaire a tout de même décidé de le mettre à la retraite.

"Il coupera le gazon, mais il faudra que j'attache mon teckel, je ne voudrais pas qu'il finisse encore plus court sur pattes", plaisante cet habitué des combats de robots.

Pour sa troisième édition, le salon Vivatech a demandé à une association d'organiser cette animation lors de la journée ouverte au grand public, à côté des spectacles de drones et des expériences en réalité virtuelle.

Les équipes participantes avaient 36 heures pour confectionner leurs robots tueurs avec trois fois rien: des moteurs de perceuses bon marché, un microcontrôleur (mini circuit intégré électronique) et du matériel de récupération.

- La meilleure en soudure -

"Le combat de robot n'est pas une fin en soi... Détruire un robot qu'on a passé une journée à fabriquer n'est pas forcément utile. C'est plutôt un prétexte ludique pour intéresser les gens à la robotique, à la mécanique, aux technologies. Pour susciter des vocations", explique Stéphane Laborde, président de Technistub, l'association qui organise le tournoi.

La vocation, Elise Dessout, 19 ans, l'a trouvée au lycée, quand un professeur lui a conseillé de choisir la filière technologique et de participer au club de robotique.

Elle a passé la journée de vendredi à fabriquer "Rabbouch Corbu", du nom du professeur qui l'a inspirée, avec l'aide des mentors de Technistub.

En première année d'IUT, elle admet être souvent la seule fille dans des milieux très masculins. "En plus, avec la coupe afro, je ne passe pas inaperçue", s'amuse-t-elle.

"Il faut que plus de filles viennent, les technos c'est pour tout le monde ! Moi j'assume, j'étais la meilleure en soudure de ma promo au lycée et les entreprises veulent des femmes."

- Batmobile sans roues -

Une fois dans l'arène, les aléas techniques se multiplient. Rabbouch Corbu refuse de répondre à la télécommande. La Batmobile en aluminium d'un étudiant en école d'ingénieurs perd une roue.

Mais les participants ne se laissent pas démonter. Entre les courts matchs, ils réparent, rebranchent, revissent dans la bonne humeur leur engin ou celui de leurs adversaires. Les propriétaires des robots tueurs ont une âme d'enfant et le cœur sur la main.

Car Technistub, c'est d'abord un "fab lab" situé à Mulhouse, un atelier participatif où les passionnés des outils peuvent se retrouver pour fabriquer des objets ou réparer des machines dans la bonne humeur et l'esprit d'entraide.

"Dans les années 1990, personne ne nous comprenait. Mais depuis 2010, il y a des +fab lab+ partout et le nôtre a marché tout de suite", raconte Stéphane Laborde. "On cherche à se réapproprier les technologies, au lieu de se laisser contrôler par elles".

Les combats de Vivatech se révèlent moins spectaculaires que ceux des grands tournois, comme Makerfight, que Technistub organise chaque année en Alsace.

"C'était un peu poussif au début", admet l'organisateur. "En si peu de temps, on fabrique des prototypes, pas des produits finis".

Mais les participants ne sont pas déçus. "C'était intense. Je me suis éclatée !", s'exclame Elise Dessout, extatique. "Mon robot a fait un peu ce qu'il voulait, mais je ne regrette rien", ajoute-t-elle en sortant un Rabbouch Corbu bien amoché de la cage. Robots, 0, humains, 1.

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