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Telegram bloqué en Iran: l'information ne peut être stoppée, dit un ministre

Le ministre des Télécommunications iranien, Mohammad Javad Azari Jahromi affirme mardi qu'"il est impossible de barrer l'accès des citoyens à l'information", au lendemain d'une décision de justice ordonnant le blocage de la messagerie Telegram en Iran.

Ces propos diffusés sur le compte Twitter du ministre traduisent les divergences de vue entre les dirigeants iraniens sur la question du contrôle de l'Internet. D'un côté le gouvernement prône une politique d'ouverture, de l'autre les ultraconservateurs, qui dominent les services de sécurité et l'Autorité judiciaire, s'y opposent fermement.

La justice iranienne a ordonné lundi à tous les fournisseurs d'accès à internet et aux opérateurs téléphoniques de "bloquer totalement [...] l'accès à Telegram", messagerie cryptée à qui Téhéran reproche d'héberger des groupes d'oppositions armés ou violents ou de favoriser l'action de groupes criminels.

Le chef de la police chargée de la criminalité sur Internet a entre autres accusé lundi Telegram de ne pas avoir coopéré avec les autorités dans le procès contre 26 personnes accusées d'être impliquées dans les attentats revendiqués par l'EI qui avaient fait 17 morts à Téhéran le 7 juin 2017.

Telegram, qui revendique 40 millions d'utilisateurs en Iran - soit environ un habitant sur deux - est le réseau social le plus populaire du pays, où Facebook et Twitter sont également bloqués, mais accessibles à l'aide d'un VPN (réseau privé virtuel, logiciel permettant de contourner la censure).

En ce qui concerne Telegram, la justice a ordonné que l'accès au réseau ne soit pas possible avec un VPN.

"Il est impossible de barrer l'accès des citoyens aux sources d'information", écrit M. Azari Jahromi sur son compte Twitter, "même si l'on empêche l'utilisation d'un logiciel, d'autres logiciels seront trouvés et l'information recommencera à circuler librement".

"La technique n'est intrinsèquement ni coupable, ni corrompue, ni déviante. Ce sont les êtres humains qui l'utilisent à mauvais escient qui font la promotion du crime et de la corruption dans le monde virtuel, de la même façon qu'ils le font dans la vraie vie, ce qui est inévitable", ajoute-t-il.

Après la publication de ces propos, la rumeur d'une démission de M. Azari Jahromi a circulé. L'agence de presse Isna l'a démentie affirmant que le ministre lui avait déclaré qu'"émettre des avis d'expert ne [voulait] pas dire démissionner".

"Sur la question du filtrage [des réseaux sociaux], nous avons dit et répété que ce n'est pas la seule solution [...] Les autorités compétentes ont entendu nos arguments et ont pris leur décision", a-t-il dit, cité par Isna.

D'après l'agence de presse, M. Azari Jahromi a fait référence aux difficultés rencontrées ces dernières semaines par la Russie pour bloquer Telegram, affirmant que "ces problèmes pourraient se poser en Iran aussi".

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