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Test Galaxy Flip4: le smartphone pliable de Samsung est-il vraiment un produit "grand public" ?

Samsung a sorti cet été ses Galaxy Z Flip4 et Fold4, deux smartphones pliables qui en sont donc à leur quatrième génération (ou presque). J'ai pu mettre la main quelques jours sur le Flip4, qui me semble être celui qui a le plus de chance de rencontrer un certain succès auprès d'un certain public. De quoi tenter de répondre à la question: les smartphones pliables sont-ils arrivés à maturité ?

Que disent les chiffres ?

Difficile d'obtenir des chiffres précis sur les ventes en Belgique (à part des % de croissance). Dans une récente communication, Samsung, relativement seul sur ce marché actuellement (Huawei n'existe plus vraiment en dehors de la Chine) évoque cependant ceci: "L'année dernière (2021), nous avons expédié près de 10 millions de smartphones pliables dans le monde". Plus loin: "70% des utilisateurs d'appareils pliables se sont tournés vers le Flip".

10 millions de smartphones pliables, c'est... une goutte d'eau. Car selon le cabinet d'étude IDC, il s'est vendu 1,4 milliard de smartphones dans le monde en 2021. Le pliable (de Samsung, mais il est quasiment seul) ne représente donc que 0,71% des ventes mondiales de smartphones ! Très difficile de parler de "mainstream", comme ose pourtant le faire un cadre de Samsung dans ladite communication… Une chose est sûre, cependant: le Flip (un smartphone qu'on plie en 2 verticalement coûtant 1.099€) est nettement plus populaire que le Fold (un gros smartphone qu'on déplie pour en faire une tablette, coûtant 1.799€).

Et dans les mains ?

Le Fold est un appareil destiné à des usages particuliers, et un public fortuné. Le Flip est effectivement plus 'grand public', car c'est "simplement" un smartphone normal qu'on peut plier en deux, et son prix, bien qu'assez élevé, est équivalent à celui d'un iPhone récent ou d'un Android haut de gamme.

Quand j'ai montré le Flip4 à des collègues et des proches, la première réaction est souvent: "Waouw, enfin un petit smartphone pratique à mettre en poche" ou "Ooh, c'est trop mignon ce truc". Effectivement, on retrouve la notion de téléphone à clapet des années 2000, qu'on ferme d'un clap bien senti après une conversation animée au téléphone. Un mouvement nostalgique, bien qu'un peu plus dur en 2022 (car on plie un écran de smartphone, et pas uniquement deux parties distinctes d'un GSM reliées par une charnière classique).

L'appareil n'en demeure pas moins agréable à utiliser, à ouvrir et fermer. La sensation de solidité est omniprésente, la finition est excellente, l'effet "plastique mou" des premiers modèles de Samsung a disparu.

Les réactions suivantes sont plus pragmatiques: "Mais c'est quoi l'intérêt?".

Plus compact, et après ?

Le principal intérêt (et toujours l'unique à mes yeux), c'est de prendre moins de place. De pouvoir être glissé dans une poche de pantalon, ou dans un petit sac à main – attention, il est difficile de l'affubler d'une coque pratique, donc gare aux griffes…

Samsung vous dira qu'il y a de plus en plus d'applications (pas tant que ça en réalité en dehors de celles développées par Samsung) qui prennent en charge le mode Flex, et c'est vrai. Flex Mode, c'est quand une application comprend que le Flip est en mode 'chevalet', c'est-à-dire quand vous le pliez à moitié, afin de le déposer sur une table tout en pouvant voir une partie de l'écran (ou si vous voulez le tenir en main sans tordre le poignet) :

Avec l'appareil photo, les commandes partent en bas et la prévisualisation est uniquement dans la partie supérieure de l'écran. Avec la galerie photo (app Samsung et non Google Photos), la zone du bas devient un pavé tactile pour le défilement des photos. Avec Google Duo (application de visioconférence peu utilisée), l'affichage de l'appelant sera également concentré sur le dessus, vous permettant de chatter en vidéo plusieurs minutes sans devoir tenir le smartphone ni le déposer contre un mur ou un objet.

Utile ? Oui. Tous les jours ? Non. Indispensable ? Certainement pas. Même si Samsung y croit dur comme fer, il y a un frein inévitable aux smartphones pliables: toutes les applications et les cas d'usages du smartphone et des applications, sont conçus pour 99,3% des smartphones, à savoir un écran bien dur d'environ 6" qu'on tient dans la main… C'est surtout le Fold qui souffre de ce constat, lui qui tente d'imaginer du multitâches sur smartphone (plusieurs applications ouvertes l'une à côté ou en dessous de l'autre).

Quoi de neuf avec le Flip4 ?

Samsung a légèrement revu le design, mais il reste identique au Flip3 de 2021 au niveau de la taille et de l'écran. Ce dernier a toujours, mais c'est inévitable, une légère déformation au milieu, visible sous certains angles, mais qui ne posent pas de problème à l'usage. Deux petits modules photos sur le haut, à côté d'un écran secondaire de 1,9" qui peut afficher certaines choses même quand le Flip est fermé. Il s'agit toujours de quelques widgets (musique, calendrier, météo, etc), et d'une prévisualisation de photo si vous avez la flemme d'ouvrir le téléphone pour en prendre une. Il n'y a toujours pas de lecteur d'empreinte sous l'écran, il faut toucher le bouton de verrouillage sur la tranche, qui est d'ailleurs situé un peu haut.

La puissance (Snapdragon 8+ Gen 1, le meilleur du moment) et la qualité des photos augmentent, même si la résolution reste la même, à savoir du 12 MP pour le capteur principal comme pour le grand-angle. J'ai trouvé les photos réussies dans l'ensemble, mais on n'est pas au niveau de ce que peut proposer le fleuron d'Oppo, le Find X5 Pro.

En revanche, l'autonomie de la petite batterie de 3.700 mAh (même si c'est mieux que les 3.330 mAh de l'an dernier) décevante. Comptez une journée maximum, et il faudra le charger le soir à tous les coups. Hélas, la charge n'est pas très rapide (max 25W, et toujours pas de chargeur fourni).

Donc clairement, à 1.099€, on trouve mieux au niveau de la fiche technique.

Conclusion

Samsung veut convaincre le marché, et sans doute se convaincre lui-même, que les smartphones pliables représentent l'avenir. Soyons clairs: si le géant sud-coréen (assez seul sur ce marché par ailleurs) maîtrise techniquement la chose, les cas d'usage qui feraient des smartphones pliables une révolution manquent toujours à l'appel. On se retrouve, en tout cas avec le Flip4 que j'ai pu essayer quelques jours, face à une prouesse technique (la charnière est petite et discrète), mais surtout, tout simplement, face à un smartphone dont la seule particularité est de pouvoir être plié en deux. A 1.099€ (avec une fiche technique correcte mais pas exceptionnelle), ça fait cher la compacité, principal (et unique?) avantage du Flip4. Il est donc difficile de parler d'objet mainstream (grand public) pour le moment...


 

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