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Corantin expulsé pour avoir frappé celui qui se moquait de son psoriasis: "J’ai envie de dire au directeur: Apprenez à gérer votre école"

Cette semaine, le cas de Corantin, un jeune garçon de 14 ans atteint d’une maladie de la peau, le psoriasis, a retenu l’attention des "décodeurs" de l’émission On refait le monde. Alors qu’il avait déjà changé 2 fois d’école en 2 ans à cause des moqueries de ses camarades de classe, voici qu’il voit rouge et envoie littéralement à l’hôpital un de ses harceleurs. Résultat : c’est lui qui a été exclu de l’école.

La journaliste de la Dernière Heure, Nawal Bensalem, le dit clairement. "Moi j’ai choisi mon camp". Et c’est celui du jeune homme. "Je pousse un coup de gueule contre ce directeur. Il a répondu : " Ce garçon doit apprendre à gérer sa maladie ". Et bien j’ai envie de dire à ce directeur: " Apprenez à gérer votre école ". Parce que Corantin, 2 semaines avant les faits, s’est rendu chez le directeur pour lui demander de l’aider. Il n’a rien fait. Il avait promis de venir dans la classe le lendemain mais n’est jamais arrivé. Je trouve ça scandaleux de réagir comme ça. Par rapport au harcèlement, dans 60% des cas, tant la direction d’une école que les professeurs ne réagissent pas", s’est-elle insurgée.

"Cette phrase du directeur est terrible. C’est un manque de compassion. On sait bien qu’à cet âge-là la sensibilité par rapport à son physique est extrême. Ce qui est sûr, c’est que c’est un échec de l’école et de sa direction", a ajouté Alain Raviart, expert en communication.


Le directeur n'a pas décidé seul

Mais pour Emmanuelle Praet, journaliste au Soir, il ne faut pas stigmatiser uniquement le directeur de l’école. "Il y a 300.000 personnes qui sont atteintes de psoriasis en Belgique. Doivent-ils tous faire usage de violence ? Ici, dans ce cas, la violence n’est pas justifiée. L’élève a changé d’école déjà 2 ou 3 fois en 2 ans. Une procédure d’exclusion se fait à l’aide d’une lettre recommandée, on reçoit l’élève, on reçoit les parents. Il a été exclu 10 jours. Après ça, il y a un conseil de classe avec le PMS puis il y a une procédure d’exclusion. Il ne faut pas accuser le directeur tout seul. C’est un ensemble de personnes qui connaissent le cas qui ont décidé que Corantin n’avait pas sa place."


Les adultes ne se mêlent pas assez des querelles des enfants

Nawal Bensalem reconnaissait que "bien sûr, Corantin devait être puni" pour son geste. "Mais les autres aussi auraient dû être punis." D’autant que son coup de gueule concerne plus l’absence de réaction de l’école alors que Corantin leur avait demandé de l’aide que la décision finale prise après coup. Un problème expliqué par Christophe Giltay, notre grand reporter. "Il y a un problème dans les écoles. C’est qu’on considère qu’il y a le monde des enfants et celui des adultes. Souvent le monde des enfants est très cruel et quand des enfants viennent se plaindre au monde des adultes, il y a une façon de dire " non, non, débrouillez-vous entre vous, réglez vos comptes entre vous ". C’est pour ça que les plaintes de harcèlement remontent très rarement et ça je pense que c’est dramatique, surtout à l’époque actuelle où les faits de harcèlement sont beaucoup plus loin que le fait de voler un sac de bille quand moi j’étais gamin. Il faut que les directeurs comprennent qu’il faut intervenir en amont." Ce qui pourrait sauver des vies : "Je rappelle qu’il y a près de 10 enfants qui meurent chaque année suite à du harcèlement en classe", ajoutait Nawal Bensalem.

Mais oui, Corantin devait être exclu pour son geste. "On ne peut pas garder dans un établissement un élève qui en a frappé un autre. Sinon demain on va le frapper pour une autre raison. Ce n’est pas possible", a tranché Christophe Giltay.


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