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Le PTB peut-il battre le PS et le MR aux prochaines élections?

C’est la question qui a animé la dernière partie de l’émission C’est pas tous les jours dimanche. Alors que le PS n’a jamais été aussi bas dans les sondages et le MR jamais aussi bas à Bruxelles, c’est le PTB qui grimpe. Comment expliquer ce phénomène et qu’arrivera-t-il si le PTB remporte effectivement les prochaines élections ?

Pour notre chroniqueur Alain Raviart, "oui" le PTB pourrait bien les gagner. Pour lui, il y a deux raisons principales à ça :

  • La première raison , c’est Raoul Hedebouw, le porte-parole francophone et député fédéral du PTB : "L’organisation, le discours et les leaders sont pour le moment assez dominants, même s’ils ne sont pas nombreux... puisqu’il n’y en a qu’un pour le moment. Mais il est tellement impactant que c’est l’arbre qui cache la forêt qui n’existe pas."

  • La raison 2... c’est l’affaiblissement des partis traditionnels : "En politique, on vit avant tout des erreurs des autres. Quand vous voyez Publifin pour le PS et -non pas le Kazakhgate- mais bien les soins de santé qui sont une véritable catastrophe et qui entraînent tout le gouvernement (dont le MR) avec eux", on voit que le PS et MR sont dans une spirale négative.

Le PS jamais aussi bas dans les sondages depuis près de 100 ans !

Et les sondages ne trompent pas. PS et MR sont non seulement en chute libre, mais à des niveaux réellement historiques. Depuis les élections de 2014, le PS est passé de 32% à 23,6% dans le Grand Baromètre RTL-Ipsos-Le Soir. Jamais depuis l’instauration du suffrage universel en 1918 le PS n’avait été aussi bas dans les sondages ! Le MR, quant à lui, est en baisse de 25,8 à 19,4%. Jamais le MR n’avait été aussi bas à Bruxelles, son fief historique.


Un mouvement de défiance des partis traditionnels dans toute l'Europe

"Ce ne sont que des sondages", a relativisé Raoul Hedebouw, dont le parti est désormais crédité d’une intention de vote de 16,3% qui en ferait le 3ème parti en Wallonie et à Bruxelles, devant le cdH et Ecolo (11,2% chacun). "Mais il y a une lame de fond en Europe : de plus en plus de gens ont marre d’entendre toujours la même chose des mêmes partis traditionnels qui se mettent dans ce carcan libéral, que ce soit le socialisme libéral ou le libéral socialisme", a-t-il estimé, rejoignant le politologue de l’ULB Pascal Delwit : "On est dans une dynamique à l’échelle européenne claire de diminution des grands partis. Il y a une tension sociale dans la société qui amène ça, pas seulement les affaires."


Un salaire de 1.700€ nets par mois, "c'est ça la politique mon vieux!"

Tous soulignaient que le discours entendu dans la rue allait effectivement de plus en plus dans le sens d’un rejet des partis traditionnels. C’était le cas des deux citoyens interrogés dans l’émission. Kevin, un intérimaire de Gerpinnes de 28 ans, encourageait Raoul Hedebouw : "Il dit : je ne veux pas toucher un salaire de ministre, j’ai assez avec ce que je gagne. Ben c’est ça la politique mon vieux ! C’est être au service de ton pays et pas que ton pays soit à ton service et à celui de ton portefeuille."

Une affirmation confirmée par l’intéressé. "Je roule avec ma petite voiture. Je n’ai pas de chauffeur. Tout le monde me voit rouler avec ma petite Skoda Fabia à Liège. Je touche 1.600 à 1.700 euros par mois. Je ne vais pas payer avec ça un chauffeur", a-t-il expliqué avant d’être critiqué par le député wallon MR Olivier Maroy : "Vous ne touchez pas 1.600 ou 1.700€. Il touche la même chose que tous les parlementaires."


Les autres politiciens déconnectés de la réalité?

Raoul Hedebouw a donc précisé la chose : "Je touche par le parlement fédéral 5.500€ et je reverse l’ensemble de mon salaire pour le parti", qui lui rétrocède son salaire de base alors que dans les autres partis, la part du salaire qui est reversée au parti tourne autour de 10%. "Donc vous êtes tous à du 4.000 net par mois. Je ne demande pas à ce que les autres fassent comme nous. Je dis juste que le jour où il y a un saut d’index, 50€ par mois, moi je les sens. A partir du 20 du mois, je suis sur mes applications pour voir" où en est mon compte en banque. "Je ne suis pas contre qu’on puisse gagner plus quand on a des responsabilités. Je dis juste qu’en politique, on vit comme on pense. Et le fait que beaucoup d’hommes et de femmes politiques vivent avec de tels salaires fait qu’ils ne savent plus la réalité de ce qui se passe sur le terrain."

Une opinion "populiste" pour Olivier Maroy, mais partagée par Marcelle, pensionnée de Liège : "Ce sont les partis traditionnels qui font monter le PTB. Ils ont chauffeur, ils ont tout. Ils ne sont pas dans la réalité. Ils sont dans la réalité des riches."


S'il gagne les élections, le PTB prendra ses responsabilités...

Mais la vraie question, c’est de savoir si en cas de victoire aux élections, surfant sur cette défiance envers le PS et le MR qui accumulent les casseroles, seront-ils prêts à gouverner ?

Si on est le 1er parti en 2019, "on n’a pas le choix", a asséné Raoul Hedebouw. Voilà pourquoi pour le moment, ils travaillent à renforcer leur base : "On a le sentiment de devoir construire des sections solides dans les communes. On ne veut pas être un feu de paille. On a le sens des responsabilités. Mais c’est beaucoup de travail."


... mais cela signifiera un bras de fer avec l'Union européenne

Pourtant, gouverner dans le contexte actuel avec les obligations belges envers l’Europe, cela ne réjouirait pas le PTB : "On a dit clairement que dans le cadre des traités d’austérité européens comme ils sont votés aujourd’hui, on ne peut pas mener une politique de gauche. Mais je constate avec plaisir que dans l’ensemble de la sociale-démocratie et de l’écologie politique, il y a débat aujourd’hui de savoir s’il faut assouplir" ces règles. Voilà pourquoi le PTB ne dit pas "non" au pouvoir... mais "si les lignes bougent".

En effet, le précédent d’une arrivée de l’extrême-gauche au pouvoir n’a pas porté ses fruits. La faute à l’Europe pour le leader du PTB : "Je pense que l’exemple grec montre très bien que l’Union européenne n’a rien de démocratique. On a coupé les liquidités financières à un pays souverain comme la Grèce pour casser le gouvernement Tsipras. Il faudra donc dire aux gens que la voie (du PTB) ne sera pas facile. Les gens vont devoir se mobiliser, s’organiser dans leurs quartiers, dans les syndicats pour avoir une mobilisation forte" contre l’Europe en cas de victoire de l’extrême-gauche.

Mais avant ça, il faudra s'entendre avec le premier parti en Flandre, qui selon les sondages restera la N-VA. Une N-VA à l'opposé des conceptions du PTB, avec qui elle a déjà annoncé qu'il était hors de question de former un gouvernement.

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