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2010 a été une année difficile pour Franca. Prise d’une crise qui ressemble à de la folie (mais qui n'en est pas), elle ne peut s’empêcher de remplir des carnets de compte. De jour comme de nuit, addition, division, soustraction, le trouble obsessionnel la conduit à l’hôpital. À 44 ans, Franca est diagnostiquée bipolaire. "Ça a été un processus de délire. Si je témoigne, même si ce n’est pas facile de le faire, c’est pour qu'on comprenne bien qu’à un moment donné, on n’est plus maître de son esprit", explique-t-elle aux micros de Thibault Balthazar et Aurélie Henneton pour le RTLinfo 13H.
"Une culpabilité parce qu’on se dit qu’on fait souffrir ses proches"
Ce diagnostic de bipolarité change la vie de Franca. Du jour au lendemain, elle arrête de travailler et doit surtout se confronter au regard des autres. "On se sent honteux parce qu’on n’est pas comme les autres, on se dit : ‘Mais voilà, j’ai une différence par rapport aux autres.’ C’est comme une tare, un handicap d’être bipolaire, et une culpabilité parce qu’on se dit qu’on fait souffrir ses proches, qu’on fait souffrir les gens qu’on aime", raconte-t-elle.
"Entre 10 et 20% de suicide chez ces patients-là"
Pleine d’énergie et hyperactive dans les bons moments, France est triste et dépressive dans les mauvais. La personne bipolaire est victime de la maladie de l’excès. Difficile à diagnostiquer, elle est la cause de nombreux maux indirects qui peuvent aller jusqu’au suicide. "On estime entre 10 et 20% de suicide chez ces patients-là, ce qui est énorme. Beaucoup sont dépendants à l’alcool, dépendants aux drogues. L’anxiété est très très importante et puis il y a un risque lié à cette maladie d’isolement social par la perte d’un travail, la perte d’un couple, d’une famille", décrit Françoise Verhelst, cheffe du service de psychiatrie du Grand Hôpital de Charleroi, face aux caméras d’Aline Lejeune et Denis Caudron.
Grâce à son roman autobiographique, elle souhaite lutter contre la stigmatisation
Pour combattre sa maladie, Franca est sous cocktail médicamenteux. Mais sa plus grande thérapie, elle la trouve dans l’écriture. Grâce à son roman autobiographique, elle souhaite lutter contre la stigmatisation. Les spécialistes estiment qu’actuellement 1 à 2% de la population souffre de troubles bipolaires, appelés aussi maniacodépression, ce qui représente environ 200.000 Belges.