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Comment déceler l'alcoolisme féminin ? Un jeu virtuel vous propose de mener l'enquête

En se basant sur l'histoire d'une ex-alcoolique, une association a mis en place un jeu pédagogique.

Laurence Cottet est une ancienne alcoolique. Durant plus de 10 ans, elle a usé de stratagèmes pour cacher à ses proches son addiction. L'alcoolisme des femmes, qui concerne au moins 500.000 d'entre elles en France, peut longtemps passer inaperçu, et particulièrement lorsque l'on a pas les clés de lecture pour interpréter correctement les signes de cette maladie.

Pour sensibiliser le public à cette problématique, l'association Addict Aide a créé la plateforme "Le secret de Laurence". En se basant sur l'histoire de cette ex-dépendante, l'organisation a mis en place un jeu pédagogique. Il propose de fouiller virtuellement l'appartement de Laurence afin de découvrir les indices de sa maladie.

La plateforme propose ainsi une visite interactive des différentes pièces de l'appartement. Dans chacune d'entre elles, des indices sont censés aiguiller les joueurs sur les premiers signes de la maladie.


Les troubles de mémoires fréquents chez les malades

Dans une commode, on découvre par exemple de nombreux billets de banque. La raison ? "J'oublie le code de ma carte bleue. Donc j'ai toujours beaucoup de cash", confie Laurence Cottet dans une vidéo qui fait partie intégrante de ce jeu pédagogique. En effet, l'alcool à haute dose provoque des troubles de la mémoire plus ou moins fréquents et graves chez les malades.

On décèle également un carnet de bord qui indique quotidiennement le poids de Laurence. On apprend ainsi que la plupart des femmes atteintes d’alcoolisme chronique sont dans une quête permanente de contrôle de leur poids. D'où l'obsession de se peser tous les jours... 

Dans la salle de bain, une brosse à dents recouverte de sang témoigne des séquelles physiques des personnes dépendantes. "Je commençais à perdre mes dents. Un jour, j'ai même dû appeler ma mutuelle pour revoir les garanties", assure la témoin.


Une opération de sensibilisation relayée sur les réseaux sociaux

Dans l'appartement reconstitué, se trouvaient donc divers indices. Laisser-aller général avec meubles cassés non remplacés, tapis taché de rouge (vin), miroirs brisés, frigo avec de la nourriture périmée et jus d'orange dissimulant de la vodka ainsi, entre autres, que des factures impayées, des post-it, etc.

Ce site, qui centralise tous les moyens de s'informer et de se faire aider en matière d'addictions (alcool, tabac, jeux, héroïne...), dévoile ce lundi la solution à l'énigme dans le cadre d'une opération de sensibilisation et d'information relayée sur les réseaux sociaux.

Laurence Cottet s'en est sortie. Elle souhaite désormais parler de son expérience afin de sensibiliser le grand public. "J'ai basculé entre 36 et 48 ans", explique-t-elle en évoquant les nombreux pots au travail. Un jour, en 2009, elle s'effondre ivre à une réception de 650 personnes dans son entreprise. L'incident l'a sauvée. "Je n'avais plus à me cacher", livre-t-elle. "48 heures après" elle se faisait prendre en charge et ne boit plus "depuis 9 ans".



"Il faut agir au plus tôt"

Pendant plus d'une dizaine d'années, son entourage professionnel, amical et familial n'a pas su, puis n'a rien fait: ce qui se passe dans la majorité des cas, souligne le Pr Reynaud. "Donc il faut agir au plus tôt", ajoute-t-il. 

En France sur 5 millions de personnes ayant des problèmes avec l'alcool, 1,5 million sont des femmes. Parmi ces dernières, entre 500.000 et 800.000 souffrent d'une dépendance à l'alcool, relève-t-il.

Le portail propose une auto évaluation pour la personne touchée et fournit aux proches (section "la maison des familles") des informations sur les stratégies à adopter, un annuaire des professionnels de santé et des numéros des aides téléphoniques.


"On peut prédire une épidémie d'alcoolisme"

"La sensibilisation et l'information sont d'autant plus importantes que l'on peut, hélas, prédire une épidémie d'alcoolisme dans les dix ans qui viennent avec la banalisation des ivresses et des alcoolisations massives chez les jeunes femmes", assure ce spécialiste.

En 2016, la plateforme addictaide avait lancée dans le même esprit l'opération "Louise Delage : like my addiction", personnage fictif photogénique qui postait sur Instagram des photos de ses excès alcooliques sans que ceux qui appréciaient ces images ne voient son problème.

Le jeu "lesecretdelaurence" a été réalisé sur le modèle des jeux d'évasion (#Escapegame) grâce au mécénat de l'agence publicitaire BETC.

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