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Cancer de la peau: la recherche a fait "beaucoup de progrès", mais l'auto-observation reste trop souvent "négligée", constate un spécialiste

Chaque année, environ 400 personnes meurent d’un cancer de la peau en Belgique. Le mélanome n’est certainement pas un cancer à prendre à la légère. La recherche s’investie beaucoup pour mieux comprendre ce type de cancer. Le professeur Cédric Blanpain, directeur du Laboratoire des Cellules souches et du Cancer à l’Université Libre de Bruxelles, était sur le plateau du RTLINFO Avec Vous pour répondre aux questions de notre journaliste Alix Battard. 

On pense souvent que les chercheurs sont enfermés dans leurs labos, mais ce n’est pas toujours le cas. Vous faites aussi de la recherche, je dirai, au lit des patients… Par exemple récemment, vous avez convaincu un patient de suspendre son traitement pour observer comment son cancer de la peau récidivait, c'est ça ?

C'est un peu ça. C'était une très belle collaboration avec le professeur del Marmol, chef de service du département dermatologie à l'Hôpital Erasme, avec qui je collabore beaucoup. On essayait de comprendre comment les cancer récidivent. Malheureusement, c'est parfois le cas, on arrête un traitement et le cancer peut revenir. On s'était rendu compte que dans un cancer de la peau qui s'appelle le cancer basocellulaire, souvent quand les patients arrêtent leur traitement, le cancer peut revenir. Et on avait essayé de comprendre pourquoi ça se passait comme ça. Donc on avait découvert toute une série de choses sur des modèles qui n'étaient pas des modèles humains. Et on voulait savoir : est-ce que ce qu'on avait observé dans ces modèles-là était aussi valable chez l'homme. Et heureusement pour nous, on n'a pas dû demander au patient d'arrêter. Parfois on arrête le traitement parce que le patient a quelques effets secondaires transitoires avec ce médicament et ils peuvent arrêter transitoirement leur traitement. Et donc le docteur del Marmol, avec le patient, a essayé d'observer presque jour par jour ce qu'il se passait dès qu'on arrêtait le traitement. On s'est rendu compte en effet que le cancer récidivait.

Vous avez pu comprendre ? Qu'est-ce que vous avez pu observer ? 

On a observé que quand le cancer récidivait. Quelque part, il exposait des vulnérabilités dont a pu après, une fois qu'on l'avait observé chez ce patient, si cette vulnérabilité existe, est-ce qu'on peut pas quelque part entraver cette vulnérabilité. Et on a donné des médicaments qui touchaient cette nouvelle voie qu'on avait identifiée. Et on s'est rendu compte que grâce à ça le cancer ne récidivait pas, même quand on arrêtait le traitement. 

Les recherches sur le cancer de la peau ont fait ces dernières années de gros progrès ?

Grâce à beaucoup de recherches, on a fait beaucoup de progrès dans les cancers de la peau. Par exemple, l'immunothérapie dont on parle énormément, est un médicament qui est extrêmement efficace sur les mélanomes métastatiques et donc ça, c'est une des avancées. Il y en a eu plein d'autres. Et les cancers de la peau sont de loin les cancers les plus fréquents chez l'homme. Et heureusement, la plupart ne sont pas extrêmement méchants et agressifs. Les mélanomes par contre sont des cancers qui peuvent être extrêmement méchants et agressifs. Et pour lesquels il faut développer de nouvelles thérapies. Il faut faire de la prévention, c'est à dire essayer de voir le cancer avant qu'il n'apparaisse.

Vous avez l'impression que le cancer de la peau est un type de cancer qui est un peu banalisé ? On a tendance à penser que comme il est superficiel, il est moins grave…

Exactement, souvent les patients ont tendance à négliger cela. Ils voient quelque part un bouton qui devient gros, ils ne s'en inquiètent pas beaucoup et souvent c'est un cancer à son stade débutant. Il faut toujours prendre avec précautions des changements de formes d'un bouton, s'il commence à saigner. Le premier point pour la prévention des cancers, c'est l'auto-observation. C'est la même chose dans beaucoup de cancers. Il faut s'observer dans le miroir. Et c'est la même chose dans beaucoup de cancers, il faut toujours être attentif aux changements.

On ne dépiste plus non plus comme il y a quelques années. Hier, exactement à cette heure-ci, nous parlions de la toute première machine de radiothérapie en Belgique qui fonctionne avec l’aide de l’intelligence artificielle. Dans les cancers de la peau aussi il y a de nouvelles machines ! Lesquelles ?

Ça a été la grande force de ma collègue, le professeur del Marmol, c'est de pouvoir utiliser un microscope si vous voulez, qui permet de voir les lésions précancéreuses et cancéreuses au stade le plus débutant. Si vous allez chez un dermatologue tout venant, il a ce qu'on appelle des grosses loupes, un dermoscope qui permet de voir pas mal de détails qu'on ne verrait pas à l'oeil nu. Mais ce microscope qu'elle a, c'est un microscope intra-vital, qui permet de voir sur le patient. C'est presque comme une biopsie sans faire la biopsie. 

La machine permet de voir sous la peau sans devoir opérer ? 

Exactement.

Ça, c'est une avancée majeure ?

Ça, c'est une très, très belle avancée. Et donc ce qu'on essaye maintenant de faire en collaboration avec le professeur del Marmol, c'est d'essayer de comprendre la cancérisation en ses stades les plus débutants et on essaye de voir quand il y aurait un point de non retour au niveau de la cancérisation. Elle le fait sur les patients et nous sur d'autres types de modèles.

Comment on met au point ce type de toutes nouvelles machines qui révolutionnent la cancérologie ?

C'est avant tout des gens qui travaillent dans l'optique. C'est la microscopie et les lasers. Ce sont des ingénieurs qui essayent de voir très profondément dans les tissus sans devoir les ouvrir. Donc il faut qu'on trouve la bonne longueur d'onde pour qu'on ne vous brûle pas la peau mais pour que néanmoins on puisse vous observer très, très profond.


Pour rappel, cette année le centre de promesses démarre une semaine avant la soirée de clôture qui aura lieu samedi prochain, soit le 18 septembre. Pour joindre le centre de promesses qui sera ouvert toute la semaine de 8h à 21h, il suffit de composer le numéro gratuit 0800/98 800.

Il est également possible de réaliser une promesse de don sur le site "televie.be". Ou par sms: faites le 8000 puis encodez votre numéro de compte, puis un espace, puis le montant choisi.

Rappelons que la moitié des fonds de la recherche contre le cancer en Belgique francophone proviennent du Télévie. Plus de 200 chercheurs sont financés par le Télévie.





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