Accueil Actu

En Israël, un retour en classe timide mais tout sourire

Derrière le masque qui mange la moitié du visage de Mayaan Ben Itzhak, on devine un large sourire. La petite Israélienne a retrouvé ses camarades dimanche dans son école près de Jérusalem, après deux longs mois de cours à distance pour cause de nouveau coronavirus.

L'écolière de sept ans au grand cartable rose, trop excitée de regagner les bancs de l'école, "n'a pas fermé l'oeil de la nuit", raconte sa mère Lilia. "A la maison, mes enfants deviennent fous, ils avaient vraiment besoin de retourner en classe", ajoute-t-elle.

Dans le cadre d'une stratégie de déconfinement visant à remettre l'économie sur les rails, le gouvernement israélien a annoncé la réouverture progressive des établissements scolaires à partir de dimanche, premier jour de la semaine en Israël.

Certaines classes de primaires --l'équivalent français du CP, CE1 et CE2 ou de la première à la troisième année-- ont rouvert, sauf dans les secteurs dits "à risque", en référence notamment à des quartiers et villes où vivent une majorité de juifs ultra-orthodoxes, considérés comme des foyers de l'épidémie dans le pays.

"Quel plaisir de vous voir les enfants!", s'exclame Sigal Bar, directrice de l'école Hashalom ("de la paix" en hébreu) à Mevasseret Tsion, à une dizaine de kilomètres de Jérusalem, en ouvrant les grilles de son établissement.

Avant de laisser entrer les élèves, elle leur demande de tendre les bras sur les côtés, pour s'assurer qu'il y a assez de distance entre eux, et de bien écouter ses instructions.

Ils devront venir à l'école avec un masque, ne pourront pas s'asseoir à deux par pupitre, ne prendront pas leur pause avec les autres classes et devront présenter chaque jour un document signé par leurs parents attestant qu'ils n'ont pas de fièvre.

- Santé vs économie ? -

"Les parents coopèrent vraiment avec nous, on sent qu'ils sont reconnaissants envers nos efforts pour que tout se passe bien", se félicite Mme Bar, qui dit elle aussi avoir très peu dormi avant cette "rentrée atypique".

Environ 150 des 260 élèves de son établissement ont retrouvé leurs classes, tapissées des lettres de l'alphabet hébreu.

Selon le ministère de l'Education, les écoles ont rouvert dans 80% des municipalités, excluant toutefois de grandes villes comme Tel-Aviv, Haïfa et Netanya ainsi que des secteurs arabes. Et c'est sans compter les nombreux parents qui ont préféré garder leurs enfants à la maison.

Shirel Benoliel n'a pas souhaité renvoyer son fils de neuf ans en classe, dans le centre de Jérusalem, et compte garder à la maison jusqu'à la rentrée de septembre ses cinq enfants.

"Soit il n'y a pas de danger et tout le monde reprend l'école, soit c'est dangereux et tout le monde reste à la maison", affirme-t-elle à l'AFP, estimant que les jeunes enfants "sont incapables de respecter les règles qu'on leur impose".

Les autorités "disent qu'il faut rouvrir les écoles pour que les gens puissent aller travailler mais c'est ridicule de prendre le moindre risque pour nos enfants pour des raisons économiques", ajoute la mère de famille.

L'économie israélienne tournait à plein régime avant la pandémie de Covid-19 avec un taux de chômage à 3,4%. Mais le virus, qui a officiellement contaminé plus de 16.000 personnes dont environ 230 sont décédées, a aussi fait bondir le chômage (27%) et entraîné la fermeture des commerces, écoles et universités.

Avec une faible progression du nombre de cas, le gouvernement a commencé à déconfiner, autorisant la semaine dernière la réouverture, sous conditions, de la majorité des commerces, restaurants et cafés.

- "Vie normale" -

"Je peux comprendre les craintes de certains parents mais nous devons retrouver une vie normale", estime Assaf Shamir, responsable de l'amicale des parents d'élèves de l'école Hashalom.

"Ils doivent reprendre le travail et les enfants reprendre les cours, je pense que l'économie en a besoin", affirme-t-il.

Sa fille Shira, 10 ans, n'est pas encore concernée par la reprise des cours, les autorités ayant mentionné le 1er juin comme date de retour à l'école pour le dernier cycle du primaire.

Mais en ce dimanche ensoleillé, elle est quand même venue à l'école pour offrir une rose et un chocolat à chaque instituteur qui passe le portillon.

Un peu plus loin, deux enfants trop contents de se retrouver peinent à respecter la distanciation requise. De leur grands cartables, chacun sort un petit flacon, puis se vante d'avoir un meilleur gel hydroalcoolique que l'autre.

À lire aussi

Sélectionné pour vous