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Isabelle donne de la Rilatine à sa fille, qui n'arrive pas à se concentrer: dérivé de l'amphétamine, le traitement n'est pas sans risque

En Belgique, la consommation de méthylphénidate (molécule), mieux connu sous le nom de Rilatine ou d'Equasym (médicaments), un psychostimulant proche de l'amphétamine, est interpellante selon une étude de la Mutualité Chrétienne. Utilisé pour traiter un trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), ce médicament serait trop consommer en Belgique. Il fait pourtant ses preuves.

Les professeurs m'ont dit que c'était un autre enfant


La fille adolescente d'Isabelle souffre de troubles de l'attention. "Si elle fait ses devoirs et que sa sœur entre dans la pièce, elle va regarder sa sœur, mais elle aura beaucoup de mal à se remettre dans ses devoirs. Car il lui faut cinq à dix minutes pour se reconcentrer et savoir où elle en était", explique la mère de famille.

Au départ, Isabelle ne voulait pas donner de Rilatine à sa fille. "On a été voir les logopèdes, les neuro-psychologues, les ostéopathes, les homéopathes…", énumère-t-elle. Mais face aux difficultés rencontrées par sa fille à l'école, elle a finalement accepté la Rilatine il y a trois mois. "Il y a une énorme différence, et les professeurs que j'ai été voir avant Pâques m'ont dit que c'était un autre enfant. En classe, elle savait où elle en était. Elle recommençait à avoir de meilleurs points aux interros", confie Isabelle.

Pour autant, la mère reste prudente. Elle connaît les dangers de ce traitement. "C'est des amphétamines. C'est mis dans les drogues, les stupéfiants. Ça a des effets secondaires, qu'elle a eu. Elle a mangé beaucoup moins, elle avait moins d'appétit", explique Isabelle.

La fille de notre témoin a pris son traitement jusqu'à la fin des examens de juin et vient d'arrêter la Rilatine, au moins jusqu'à la rentrée scolaire.


Un dérivé de l'amphétamine aux effets secondaires non négligeables

Pourtant, ce médicament est loin d'être anodin pour la santé, particulièrement en cas de consommation prolongée. "Parmi les enfants qui avaient commencé la Rilatine en 2006, 21%, donc un sur cinq, l'utilisent encore en 2016. Les études qui ont été faites avec la Rilatine sont assez courtes, donc nous avons peu de données par rapport à une utilisation prolongée. Il y a une certaine incertitude par rapport aux effets secondaires", explique Caroline Lebbe, pharmacienne-experte en médicaments pour la Mutualité Chrétienne, interrogée par Céline Praile.

Et les effets secondaires ne seraient pas négligeables. "La Rilatine est un dérivé de l'amphétamine. Ça peut provoquer des maux de tête, une diminution de l'appétit, des troubles du sommeil. À long terme, les enfants peuvent avoir un retard de croissance ou un risque accru de maladies cardio-vasculaires. Il peut aussi y avoir une instabilité émotionnelle et un trouble psychiatrique", précise Caroline Lebbe.


Sur-diagnostic et sur-utilisation selon une étude de la Mutualité Chrétienne

Utilisé pour traiter un trouble déficitaire de l'attention avec ou sans hyperactivité (TDAH), ce médicament a été remboursé à plus de 32.000 enfants de 6 à 18 ans l'année dernière. Un chiffre à multiplier par deux, si les médicaments non remboursés dont ceux destinés aux adultes sont pris en compte. Pour la Mutualité Chrétienne, à l'origine d'une étude sur la Rilatine, cette consommation de la Rilatine est interpellante.

"Les enfants les plus jeunes de la classe, ceux qui sont nés entre novembre et décembre, ont un risque plus haut, de 50% supplémentaire, d'être traités à la Rilatine. C'est surtout ça qui nous interpelle. Cette différence entre les enfants qui sont nés en janvier, donc les aînés, et les plus jeunes. Cela nous fait supposer qu'il y a peut-être un sur-diagnostic, et donc une sur-utilisation de la Rilatine. Et que la différence entre TDAH (ndlr: Trouble de déficit de l'attention / hyperactivité) et l'immaturité ne soit pas repérée, et que les symptômes soient un peu mélangés", explique Caroline Lebbe.

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