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Les apnées du sommeil bouleversent le quotidien de milliers de Belges: "C'est très difficile"

Vous ronflez la nuit et, une fois venu le jour, vous vous sentez fatigué(e) et vous somnolez? Vous avez aussi parfois des troubles de la mémoire immédiate ou vous êtes souvent irritable? Alors, vous souffrez peut-être d'apnée du sommeil. Ces micro-réveils durant la nuit peuvent avoir de graves conséquences sur votre quotidien. Faisons le point sur ce syndrome qui concerne des milliers de Belges.

Les apnées du sommeil touchent 1 à 3% de la population globale. Pour les hommes de plus de 40 ans, le chiffre monte à 10%. Mais ces données sont sans doute sous-estimées, car détecter ces apnées n'est pas toujours évident. Les demandes pour faire un test du sommeil sont en hausse ces dernières années et aujourd'hui, il faut en général 2 à 3 mois environ pour avoir un rendez-vous dans un laboratoire du sommeil.


Les apnées du sommeil c'est quoi?

Les apnées du sommeil se caractérisent par des arrêts respiratoires de plus de dix secondes durant le sommeil. "Il y a un relâchement des tissus respiratoires du cou, qui favorise l'obstruction des voies respiratoires en sommeil", explique le docteur Albert Lachman, somnologue aux cliniques de l'Europe.

Leurs durées et fréquences varient en fonction de chaque individu. On estime que les apnées sont légères lorsqu'elles sont comprises entre 5 et 15 par heure, modérées lorsqu'elles oscillent entre 15 et 30 par heure et sévères lorsqu'elles sont supérieures à 30 par heure. Si toutes les personnes qui font des apnées ronflent, l'inverse n'est pas forcément vrai.

Voici les symptômes: ronflements, somnolence durant la journée, sécheresse buccale le matin, maux de tête... Ils ne sont pas toujours flagrants et c'est souvent le conjoint qui se rend compte d'un problème respiratoire chez son ou sa partenaire. "C'est très difficile, parce qu'on s'adresse à une période de la vie où on est inconscient. Et si on n'a pas de témoin de notre sommeil, personne ne vous le dira. Donc ce sont des signes indirects qui doivent vous alerter, tels que la fatigue ou la somnolence la journée, malgré une bonne nuit. Le ronfleur apnéique, il a des troubles de mémoire immédiate, des troubles de concentration, des troubles de l'humeur, il est plus irritable… Là ça doit nous alerter", indique Albert Lachman.

Les apnées sont aussi souvent liées à l'obésité et au diabète. Le tabac et l'alcool peuvent également jouer.


Les risques

Les apnées provoquent de brefs réveils pas toujours perçus par le patient. Ils induisent, du coup, un manque de sommeil avec les risques que cela comporte en journée, lorsqu'on conduit par exemple. "Si vous faites 200 apnées par nuit, vous aurez 200 micro-réveils par nuit. Donc la qualité de votre sommeil est impactée, et donc vous risquez d'être fatigué, d'avoir des maux de têtes, des problèmes de concentration ou de mémoire immédiate, d'humeur. Et puis, il y a aussi les autres conséquences, qui sont dues à l'hypoxie, c'est-à-dire au manque d'oxygène. Les risques d'infarctus du myocarde, de troubles du rythme cardiaque, de thromboses cérébrales, l'hypertension artérielle…", précise le docteur Albert Lachman.

Des chercheurs ont également découvert que les apnées pouvaient être liées au diabète.


Trouver une solution

La première étape quand on pense être touché par des apnées du sommeil, c'est d'en parler à un généraliste puis de procéder à un test du sommeil (un examen polysomnographique). Il permet de mettre en évidence les stades du sommeil et l'oxymétrie (pour quantifier la saturation en oxygène de l'hémoglobine).

Nous nous sommes rendus dans un hôpital pour passer un test du sommeil. Il est 21h15 lorsque l'infirmière nous installe une vingtaine de capteurs. Deux sont placés sur la poitrine, deux autres près du cœur pour l'électrocardiogramme, deux sur les jambes, sur les pieds également, et aussi la tête pour voir l'activité du cerveau durant la nuit. Une dizaine de capteurs sont ainsi placés sur le crâne et fixés avec une cagoule. Deux capteurs sont aussi positionnés à l'entrée du nez. "C'est ça aussi qui permet de voir si vous arrêtez de respirer", indique l'infirmière. Enfin, une caméra infrarouge est placée pour enregistrer le moindre des mouvements du patient. À 21h30, il est l'heure de dormir.

Le réveil, c'est aux alentours de 6h. Il faut au total 8h d'enregistrement pour que le test soit valable. L'infirmière révèle quelques infos. "Oui, j'ai vu quelques apnées", confie-t-elle. Elle n'en dira pas plus, mais elle se veut rassurante: le test est souvent bien utile. Si le nombre d'apnées est élevé, au-delà de 15 ou 30 par heure, il y a des traitements qui peuvent changer la vie de nombreux patients. "Oui, ils sont vraiment contents du résultat. Ils revivent comme ils disent. Ils ne dorment plus la journée et ils peuvent avoir de nouveau des activités sociales", explique-t-elle.

L'étape suivante pour guérir, c'est la consultation: somnologue pour analyser le test, puis en fonction des cas: ORL, pneumologue, neurologue, kinés, orthodontiste, nutritionniste...

Pour les personnes en surpoids, le régime sera d'abord préconisé. Mais parfois ce n'est pas suffisant. L'utilisation d'une CPAP (ventilation en pression positive continue), qui produit une pression continue dans les voies aériennes, est alors préconisée toutes les nuits. Le masque est remboursé par la mutuelle à partir de 15 apnées par heure si on l'utilise à raison de 4h par nuit. Il existe aussi des orthèses, sorte d'appareils de nuit pour redresser les mâchoires... sans parler des différentes chirurgies possibles. Mais à ce jour, la CPAP est la solution la plus efficace.

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