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Les cancers de la gorge et de la bouche dus au papillomavirus ont explosé chez les hommes: est-ce dû à certaines pratiques sexuelles? (vidéo)

Les médecins observent une progression inquiétante des cancers de la gorge et de la bouche dus au papillomavirus. En effet, un quart de ces cancers sont liés à ce virus. Le docteur Marc Remacle, ORL et professeur à l'UCL, est venu expliquer ce phénomène dans le RTLinfo 13h.

Le constat est inquiétant : les cancers de la gorge et de la bouche dus au papillomavirus (un virus de plusieurs types qui infecte notamment les organes génitaux internes et externes) ont bondi de 40% en dix ans. Comment expliquer ce phénomène ? Est-ce dû à un changement des comportements sexuels ? En effet, le papillomavirus se transmet sexuellement, par exemple, lorsqu’une muqueuse saine entre en contact avec une muqueuse infectée (rapport sexuel vaginal, oral ou anal). Pour le professeur Marc Remacle, oto-rhino-laryngologiste et professeur à l’université de Louvain, les facteurs sont multiples. "Il y a une meilleure détection, c’est clair, mais il y a aussi des contacts sexuels qui sont multiples et pas toujours bien protégés, avertit l’expert. Par ailleurs, le virus semble se modifier et devenir plus agressif".


Pourquoi les hommes sont-ils plus frappés par ce type de cancer?

Lorsqu’on aborde la problématique du papillomavirus, on pense d’abord aux femmes, puisque certains types de ce virus peuvent, à très long terme, provoquer un cancer du col de l’utérus. Or, lorsque le cancer se développe dans la gorge ou la bouche, il touche trois fois plus d’hommes que de femmes. "Au niveau oro-pharyngé, exactement, oui, confirme le professeur. On n’explique pas vraiment la raison. Peut-être parce que les femmes sont vaccinées plus précocement. Mais il serait tout à fait opportun de vacciner les garçons comme les filles avant les premiers contacts sexuels".


"Si on vaccinait les filles et garçons, le problème pourrait disparaître en dix ans"

En Belgique, il existe un vaccin remboursé entièrement pour toutes les filles de 12 à 18 ans. Selon le professeur, il faudrait étendre cette mesure aux garçons. "Parfaitement, renchérit l’expert. L’idéal serait que tous les garçons et les filles soient vaccinés de manière équivalente. Si c’était fait correctement, en dix ans, ce problème n’existerait plus".

Selon l’ORL, les médecins connaissent très bien l’existence du vaccin, mais pour les filles seulement (bien que la Flandre compte plus de jeunes filles vaccinées contre le papillomavirus que la Wallonie). "Ils ne connaissent pas très bien le cancer du pharynx, et donc, ne pensent pas à le prescrire pour cela", éclaire-t-il.

Le professeur considère qu’en Belgique, il faudrait atteindre un taux de vaccination complet, soit de 100% des jeunes filles et garçons. "Or, là, nous n’atteignons que 60% chez les filles", a-t-il comptabilisé.

Pour faire baisser le nombre de cancers de la gorge et de la bouche, le professeur encourage tout un chacun à se faire vacciner. "Il faut aller chez son médecin traitant pour obtenir une prescription, conseille l’ORL. Ensuite une infirmière ou un centre de vaccination peut très bien le faire. C’est une cure en trois injections, tous les trois mois. Il faut encourager les parents à faire vacciner leurs enfants. Et même les jeunes adultes. Car même s’il y a eu contact, même si le patient est porteur du virus, le vaccin va diminuer l’agressivité du virus et donc, le risque de cancer".

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