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Les plus de 75 ans prennent-ils trop de médicaments? "Ça comporte des risques"

Cette situation touche les plus de 75 ans : ils sont nombreux à prendre plusieurs médicaments par jour. Quatre personnes de plus de 75 ans sur dix utilisent au moins 5 médicaments en permanence. Les personnes âgées en prennent-elles trop ?

Prendre cinq médicaments en permanence, ça semble beaucoup, pourtant c’est ce que font quatre personnes de plus de 75 ans sur dix. "C’est assez logique que les plus de 75 ans consomment un certain nombre de médicaments parce que, dans cette population, on souffre de plusieurs pathologies, explique Xavier Brenez, directeur général des Mutualités Libres. Il faut imaginer des gens qui sont soignés peut-être pour le diabète, l’hypertension, qui ont eu un AVC, qui ont peut-être une maladie dégénérative. Donc c’est assez normal qu’il y ait ce cocktail de médicaments."

Néanmoins, il faut être prudent quant à l’association de ces médicaments. La difficulté réside dans le nombre de médecins qui prescrivent ceux-ci à un seul patient. "En moyenne, on a 2,5 prescripteurs pour les plus de 75 ans, détaille Xavier Brenez. On a 20% des gens qui ont plus de quatre prescripteurs. Chaque prescripteur prescrivant dans son domaine de compétence, on arrive effectivement avec des prescriptions qui s’accumulent. Et donc, on n’a pas spécialement un généraliste ou un pharmacien qui peut avoir une vue globale et un regard critique sur l’ensemble des médicaments consommés."

Risque d'association et médicaments inappropriés 

Cette multitude de médicaments engendre deux problèmes. D’abord, le fait d’associer des médicaments présente un risque. "Quand on consomme deux médicaments, il est de 10%. Quand on arrive à sept médicaments, il est de 80% de risque d’interaction." Ce sont des effets qui peuvent se renforcer ou s’annuler. "Ça peut créer des problèmes de fatigue, de confusion. Ça augmente le risque de fractures et de chutes chez les personnes âgées."

Ensuite, il y a des médicaments qui sont potentiellement inappropriés pour les plus de 75 ans. "C’est quelque chose qui avait peu été analysé dans les études cliniques, prévient Xavier Brenez. Il faut avoir un regard critique sur ces médicaments-là et c’est par le médecin ou le pharmacien."

Le conseil donné par les Mutualités Libres est de faire un bilan de médication interprofessionnel, donc entre le médecin et le pharmacien. "On va voir si on peut diminuer les doses, on va voir si on peut dé-prescrire. Ça demande une formation particulière et une rémunération de manière à permettre aux gens d’avoir le temps de pouvoir faire cet exercice."

Dossier médical

Quid du dossier médical dans ce cas ? "Aujourd’hui, ce n’est pas suffisant parce qu’on a un dossier médical qui est partagé entre médecins, on a un dossier pharmaceutique qui est partagé entre pharmaciens, mais on ne s’échange pas les données. Il faudrait que le dossier pharmaceutique informatisé puisse être accessible notamment par les médecins pour qu’ils puissent avoir toute l’information."

Ca fonctionne déjà dans d’autres pays comme aux Pays-Bas et en Suisse. Des pilotes ont été réalisés en Belgique et indique que cela  fonctionne. Le patient est essentiel et doit être consulté. "On encourage le prescripteur à dialoguer avec le patient parce qu’, in fine, c’est le patient qui peut le mieux définir ce qui lui apporte un bien-être," conclut le directeur des Mutualités Libres.

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