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Tournée minérale: peut-on avoir un problème avec l'alcool sans être alcoolique?

La tournée minérale démarre le 1er février, l'objectif est de ne pas boire une seule goutte d'alcool pendant un mois. Ce défi est l'occasion de s'interroger sur notre consommation d'alcool. Le docteur Thomas Orban était l'invité de RTL Bienvenue, il est l'auteur du livre "Alcool : ce qu'on ne vous a jamais dit", et a répondu à notre question du jour : peut-on avoir un problème avec l'alcool sans être alcoolique ?

L'alcool est omniprésent dans notre société et fait partie du quotidien de nombreux Belges. Mais à quel moment peut-on considérer que l'on est dépendant à l'alcool ? Selon le docteur Thomas Orban, "c'est quand on en a besoin, quand on commence à avoir ce besoin qui est régulier. Une autre manière d'y penser, c'est l'horizon de votre vie qui se rétrécit autour d'un produit : je pense alcool, je vis alcool, je récupère alcool". L'auteur du livre "Alcool : ce qu'on ne vous a jamais dit", précise cependant que ce schéma se met en place progressivement : "Évidemment, il y a un progrès, on n'est pas alcoolo-dépendant sévère du jour au lendemain".

Une autre façon de mesurer sa consommation d'alcool est celle des "5C", "Je perds le contrôle : ce matin, je me dis que ce soir, je vais boire moins et finalement, je bois plus. Je bois de manière continue : même si je sais m'arrêter quand je veux, j'y reviens toujours. Je bois de manière compulsive : observez les gens autour de vous, il y en a qui boivent très vite, c'est compulsif. Malgré les conséquences, je le refais quand même. Et un "craving" : c'est l'envie irrésistible de consommer" décrit Thomas Orban.

"Je sais m'arrêter quand je veux"

Nombreux sont ceux qui ne remettent pas en question leur consommation d'alcool, car selon eux, ils savent s'arrêter quand ils le désirent. Thomas Orban y voit une mauvaise compréhension du terme "alcoolisme" : "Ça ne veut rien dire en fait, ce n'est pas une bonne définition. Savoir s'arrêter, ça arrive encore à beaucoup de gens. La dépendance physique n'est présente que chez 30% des patients alcoolo-dépendants. 70% ont une dépendance uniquement psychique et donc ils savent s'arrêter, mais y reviennent systématiquement".

À travers son livre, Thomas Orban désire briser un mythe, il faut, selon lui, arrêter de parler de dépendance lorsque l'on parle d'alcool. "Je pense que 85% des Belges boivent des boissons alcoolisées, posons-nous la question sur notre comportement à tous. Il n'y a pas seulement des patients qui sont dépendants. On peut avoir un problème avec l'alcool sans être alcoolo-dépendant et c'est le cas à peu près d'un million de Belges qui ont un problème avec l'alcool, qu'il soit plus ou moins important, sans être nécessairement alcoolo-dépendants".

Faut-il changer son comportement vis-à-vis de l'alcool ?

L'alcool fait trois millions de morts chaque année dans le monde, "la Covid fait pâle figure par rapport à ça, alors qu'elle est là depuis deux ans, et l'alcool depuis bien plus longtemps. C'est un vrai tueur". Thomas Orban insiste sur le fait que l'alcool peut constituer un réel danger, par exemple avec les accidents ou les relations sexuelles non désirées. D'autre part, l'alcool peut être la cause de problèmes de santé dont on ne se doute pas : "des personnes qui pensent ne pas avoir de problèmes de santé parce qu'elles ont simplement une petite hypertension, mais ils ne savent pas qu'une hypertension sur cinq est liée à l'alcool". Selon le docteur, l'alcool influence près de 200 maladies, "il ne faut pas être gravement malades pour que l'alcool soit en cause, donc on doit tous s'intéresser à notre santé."

D'autres produits provoquent de graves problèmes de santé, faut-il donc mettre sur le même pied la cigarette et l'alcool ? "Tous les deux sont très addictifs, peuvent être utilisées comme une drogue dure, et on a une relation différente dans notre société par rapport à ces deux produits. Aujourd'hui, c'est devenu à peu près normal de considérer qu'on ne fume pas n'importe où, et certainement pas à l'intérieur. Par contre, l'industrie de l'alcool a réussi à nous faire croire qu'il n'y a pas de fête s'il n'y a pas d'alcool. Ce n'est pas vrai, il y a plein de gens dans le monde qui font la fête sans alcool".

Thomas Orban relativise cependant, il ne s'agit pas de bannir l'alcool, mais de se conscientiser sur sa réalité. Dans son livre, le docteur appelle à "s'intéresser à soi-même, à se faire du bien, de savoir ce que vous mettez dans votre corps et décidez vous-même ce que vous voulez en faire".

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