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"Bonjour, on vient pour la vaccination": quand les pompiers injectent à domicile

"Vous êtes prêt ? Voilà, ça saigne pas": Sabrina Maenhout, infirmière des pompiers, vient de vacciner André Allec, 94 ans, dans sa maison des Infournas, petit hameau des Hautes-Alpes.

Assis dans les larges fauteuils d'un salon à papier peint et tête de chamois empaillé, André mais aussi sa femme Augustina, 86 ans, et son frère Pierre, 62 ans, viennent de bénéficier de la campagne de vaccination contre le Covid-19 à domicile organisée par les pompiers du département.

"Avec (le vaccin) AstraZeneca, on n'aurait pas voulu", explique Bernadette, la fille, agricultrice à Saint-Bonnet-en-Champsaur comme ses parents. Le tracteur est garé devant.

Mais dans la glacière de Sabrina sont rangées six seringues d'un nom qui rassure: Pfizer. Face à l'avalanche de questions, les pompiers bénéficient d'un second atout: leur uniforme, connu de tous et gage de confiance.

"Dans nos campagnes, les pompiers, c'est un peu le lien social", confirme Vincent Lagier, le pompier volontaire qui conduit Mme Maenhout dans sa tournée et qui, comme le facteur, connaît chaque hameau des communes environnantes.

- "plutôt réfractaire" -

Cette vaccination à domicile, "c'est une bonne solution", embraye Marie-Louise, la sœur de Bernadette. "Ils auraient dû le mettre en place dès le début", argue-t-elle, assurant avoir essayé de réserver un créneau sur la plateforme Doctolib, sans succès.

Pour vacciner mardi environ 140 personnes mardi dans Saint-Bonnet et ses environs, les pompiers appliquent une méthode éprouvée depuis bientôt deux semaines dans les Hautes-Alpes.

Dans une vallée choisie pour son éloignement des quatre centres de vaccination en place dans les villes du département, les médecins libéraux et la mairie dressent une liste des habitants éligibles et favorables à cette vaccination, puis séparent ceux qui peuvent se déplacer des autres.

Pour les premiers, un centre de vaccination éphémère est installé pour la journée dans une salle communale et, pour les seconds, les pompiers se rendent au domicile des patients.

"Voir des gens qu'ils connaissent, des pompiers de leur vallée, ça les rassure", se félicite le colonel Patrick Moreau, le directeur des pompiers du département. "Nous arrivons à toucher une population qui était peut-être à l'origine plutôt réfractaire au vaccin."

Chaque semaine, environ 750 personnes reçoivent ainsi une première dose, la même logistique étant mise en place quatre semaines plus tard pour la seconde.

- "Le vaccin, il vient d'où ?" -

Dans la matinée, Sabrina Maenhout et Vincent Lagier vaccinent six personnes, avec, à chaque fois, un questionnaire préalable à la piqûre puis un quart d'heure d'attente pour vérifier qu'il n'y a pas d'effet secondaire indésirable immédiat - et prendre un café à l'occasion.

Après les trois de la famille Allec, le binôme reprend la route et se rend chez Maria Reynaud, née en 1926, puis Monique Louat, née en 1929, et enfin Eugène Vitale, né en 1936.

"Bonjour, on vient pour la vaccination", lance l'infirmière.

Micheline Vitale sort une tête dans l'entrebâillement de la porte. Les deux retraités viennent de se mettre à table. La ratatouille est sur la gazinière; elle attendra. On pousse le pâté pour faire place aux vaccins.

Eugène est heureux de se faire vacciner. Les pompiers lui rappellent ses cinq années aux marins-pompiers de Marseille, dans sa jeunesse. Mais Micheline n'a pas voulu: "ça me fait un peu peur".

"Y'a pas d'effets secondaires ?" "Le vaccin, il vient d'où ?" "C'est lequel, celui-là ?", enchaîne-t-elle. Et l'infirmière d'enchaîner les réponses.

Puis Eugène est vacciné, et vient ce quart d'heure d'attente après l'injection. Ils parlent des 60 ans de mariage qu'ils n'ont pas fêtés, de leurs petites-filles en photo sur l'armoire, et puis, sans prévenir, cette question de Micheline: "Et si je veux me faire vacciner, qu'est ce qu'il faut que je fasse ? Vous en avez pas en plus ?".

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