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"Étouffant": le quotidien des travailleurs par forte chaleur

Surveiller chaque geste, venir plus tôt au travail... Qu'ils soient cuisto, employé de pressing, ou ouvrier du bâtiment, ces professionnels affrontent comme ils peuvent les périodes de forte chaleur. Alors que dix-huit départements sont en vigilance orange canicule jeudi, reportage auprès d'eux un peu partout en France.

Boulanger

"Pour cuire mes baguettes, le four est à 260 degrés. Devant le four en hiver, il fait déjà 30 degrés. En ce moment, comme il fait 35 degrés à l'extérieur, on monte très vite", raconte Benoît Vallet, 31 ans, boulanger à Dijon.

En ce milieu de matinée, il range dans la chambre froide la pâte des prochaines baguettes tradition. "Il n'y a pas de climatisation mais nous avons un refroidisseur d'eau pour avoir une pâte à bonne température, environ 24 degrés", explique-t-il.

"Je ne travaille que le matin, c'est l'avantage du boulanger", ajoute Benoît Vallet, pour qui "la vraie récompense", c'est "la douche" après le travail.

Maçon

C'est la pause déjeuner dans "la roulotte" du chantier rue de Rivoli à Paris - un container sans climatisation. Hakim, maçon, travaille à poser les séparateurs d'une nouvelle piste cyclable et d'une voie de bus. "A partir de 10H00, on prend le soleil de plein fouet", décrit-il.

Les ouvriers ont commencé une demi-heure plus tôt, à 7H00, et finiront à 15H30. Mais même matinaux, "après trois heures sous le soleil, on est assommés", reconnaît Hakim, chasuble orange sur le dos.

"Quand il fait chaud comme ça, le corps a du mal à fonctionner", confie-t-il, et il faut être "particulièrement concentré" avec les machines.

Chef cuisto

Sur le comptoir de ce "bar à pâtes" parisien: un bac d'eau bouillante pour réaliser les cuissons "minute". "On a la tête dans la vapeur, et les jambes devant les moteurs des frigos", se désolent Gilles Baron et Frédérique Zana, les gérants.

"C'est une sensation de ne plus avoir d'air", décrit Gilles, qui a mesuré jusqu'à 46° à son poste de travail. "Il y a cinq ans, j'ai fait un malaise. Les pompiers et le Samu sont venus", se remémore-t-il en regrettant de devoir "prendre un risque en venant travailler".

Kiosquier

"Le soleil tape et il n'y a pas de vent" dans le kiosque à journaux lyonnais, une guérite métallique, où travaille Roche Olouamate, 26 ans.

Le jeune homme explique "faire tôt le matin la majorité du boulot" consistant à manutentionner les journaux, et "rester assis" pour la vente l'après-midi. "Tant qu'on ne bouge pas trop et qu'on boit de l'eau, ça va."

Employé de pressing

"On travaille à la vapeur, on est obligés !" Gérant d'un petit pressing parisien, Hervé Zakine s'organise comme il peut pour "repasser le matin" afin de contrer la chaleur.

Derrière son comptoir, il s'estime pourtant heureux de n'être en charge que d'un dépôt, où s'entassent les couettes et les chemises revenues lavées de "l'atelier". Là-bas, entre "la vapeur du fer et les machines", "il doit faire 40 degrés".

"On va moins vite, on est moins performant" mais "le travail, il doit être fait", conclut Hervé avec philosophie.

Conducteur de vélo-taxi

Au pied de Notre-Dame de Paris, Emmanuel attend le client devant son "vélo-taxi" trois places recouverts de drapeaux du monde entier.

Accrochées de chaque côté du guidon: deux grandes bouteilles d'eau. "Je bois jusqu'à huit litres par jour", décompte-t-il. Pédaler sous 35 degrés ? "C'est un effort physique mais je fais du sport 24/24h, donc ça va", déclare-t-il fièrement.

Le jeune homme s'interdit toutefois certains trajets: la montée des Champs-Élysées et celle du Panthéon.

Forain

"Il fait au moins 34 degrés à l'intérieur du manège", malgré les portes ouvertes et "les lumières du plafond" éteintes, se désespère Jean-François, forain qui tient "le p'tit quinquin" dans le centre ville de Lille.

"C'est vraiment pas agréable", témoigne ce cinquantenaire, qui a adopté quelques techniques: rester "au maximum tranquille", installer "un ventilo" et conserver de la glace "dans une glacière électrique, que je mets sur une serviette pour me rafraichir".

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