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A l'hôpital Saint-Louis, une halte-garderie pour les enfants de patients

Guérie de son cancer du sein mais toujours suivie à l'hôpital Saint-Louis, Clémentine Lemoine, 34 ans, confie "les yeux fermés" sa petite Lina, 7 mois, au centre multi-accueil "les Kyklos", une structure unique en France consacrée aux enfants des patients de l'établissement parisien.

Outre les examens de contrôle, "je consulte une psychologue parce que parfois, ça ne va pas", relate la jeune femme qui allait avoir 29 ans quand le diagnostic est tombé. "Je dépose ma fille, je vais faire ma séance et j'ai une petite journée pour moi, c'est important", ajoute cette mère au foyer dont l'aîné de 3 ans, Idriss, est scolarisé.

Pendant ce temps, Lina, tétine en bouche, crapahute parmi ses congénères sur le sol couvert de jouets d'une petite salle biscornue et colorée, nichée au sein de l'immense crèche réservée aux personnels de Saint-Louis (Xe arrondissement).

Que faire de son bout de chou quand sa "chimio" tombe le lendemain ? Comment trouver du temps pour soi sans toujours, par exemple, solliciter l'aide de sa belle-mère ? Soulager les jeunes parents malades, c'est toute l'ambition de la halte-garderie "les Kyklos".

Il faut prendre un ascenseur pour découvrir, un étage plus haut, l'autre pièce tout aussi exiguë et consacrée aux "moyens et grands" jusqu'à 4 ans, tandis qu'une ribambelle d'enfants de soignants et autres agents hospitaliers passe dans le couloir.

"Ici c'est la coloc'", résume Caroline Le Roux, directrice des Kyklos et membre de l'association du même nom, qui signifie "cercle" en grec.

Ouverte en mars 2017, la structure dispose de 20 berceaux sur les 130 de la crèche hospitalière, ses locaux lui étant prêtés par l'Assistance publique - Hôpitaux de Paris, et d'une équipe d'une dizaine de personnes rémunérées par l'association, elle-même subventionnée par la CAF et la mairie de Paris.

Pour 50 centimes de l'heure - tarif négocié avec la Caisse d'allocations familiales de Paris- , dix places sont destinées aux enfants de patients atteints de pathologies chroniques ou de leurs aidants, à tout moment de la journée, entre 8H00 et 19H00, régulièrement ou non, les dix autres étant attribuées à des enfants du quartier de manière "beaucoup plus classique".

- "Heureuse initiative" -

Un modèle inspiré d'une autre halte-garderie, celle de l'hôpital Necker (XVe) pour les frères et soeurs d'enfants malades, afin de maintenir un "équilibre financier" tout en créant "des repères" pour des bambins "parfois accueillis dans l'urgence, à des moments plus ou moins difficiles de leur vie", explique Mme Le Roux, psychologue de formation.

C'est pour répondre à un besoin identifié dans le 3e plan cancer qu'a été fondée son association, en 2014. "La maladie, ça chamboule..." Une fois les questions pratiques de garde réglées, le parent peut commencer à penser à lui, même s'il s'agit juste d'aller "chez le coiffeur", et se rendre "vraiment disponible" quand il retrouve son enfant, fait valoir Mme Le Roux, qui revendique une aide dépassant le strict cadre des soins.

De leur côté, les blouses blanches peuvent se concentrer sur leur travail. "C'était gênant de voir des patientes arriver en consultation avec un bébé sur les genoux ou des aides-soignantes faire la nounou dans les couloirs", se remémore le Dr Marc Espié, responsable du sénopôle (centre des maladies du sein) de Saint-Louis.

Le médecin de saluer une "heureuse initiative", d'autant plus que les chérubins et leurs microbes ne devraient pas "côtoyer" des malades affaiblis.

Pour l'heure, seule une trentaine de familles ont profité du dispositif, qui "monte en charge très doucement", concède Mme Le Roux.

Les jeunes parents sans mode de garde ne sont pas forcément légion à l'hôpital, le risque d'avoir un cancer augmentant avec l'âge.

A cela s'ajoute la barrière psychologique de la "séparation", pense Mme Le Roux, ou la volonté de préserver ses proches de l'univers hospitalier, selon le Dr Espié.

Surtout, il faut sans cesse "informer les personnels hospitaliers" sur l'existence de la structure, insiste-t-elle.

Et que les familles comprennent qu'elle peuvent solliciter son aide sans condition ou presque : "la seule chose que je demande, c'est un carnet de vaccination à jour".

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