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A La Courneuve, des éco-délégués agissent pour le climat "à leur échelle"

A La Courneuve, une poignée d'élèves s'affaire à fabriquer des cartons de recyclage et à installer des nichoirs à oiseaux: ces éco-délégués mettent en place des actions écologiques au sein de leur collège, un modèle que Jean-Michel Blanquer rêve de généraliser.

Chaque mercredi, alors que les cours sont terminés, ils sont une dizaine du collège Georges-Politzer, en Seine-Saint-Denis, à franchir de nouveau, en début d'après-midi, les portes de leur établissement. C'est Gaëtan Legay, professeur de physique-chimie qui les accueille.

Au programme ce jour-là: l'écriture d'une vidéo de sensibilisation à la disparition des espèces menacées, la fabrication de cartons destinés au papier recyclé, et la confection d'un planning pour transformer les excédents de fruits de la cantine en "smoothies".

En quatrième, Anaïs fait partie de cette équipe d'éco-délégués. Elle explique son engagement par l'envie de "sensibiliser les autres à l'environnement qui nous entoure".

"Sur internet, beaucoup de gens parlent du climat mais ne font rien. Moi, je veux agir à mon échelle", renchérit son camarade Tayyip, en troisième.

A la rentrée, le ministre de l'Education, Jean-Michel Blanquer, a annoncé l'élection de 250.000 éco-délégués, un par classe dans tous les collèges et lycées de France. Leur mission: sensibiliser leurs camarades aux gestes quotidiens qui permettent d'économiser l'énergie et de lutter contre le réchauffement climatique.

Au collège Georges-Politzer, en pointe sur le sujet, les éco-délégués existent depuis cinq ans. L'établissement a reçu le label "éco-école" et bénéficie du soutien du ministère, du département et d'associations.

"Tous les volontaires ne peuvent pas devenir éco-délégué car nous manquons d'encadrants", explique Gaëtan Legay, unique coordinateur du projet cette année.

La session du mercredi se poursuit dans la cour du collège, qui accueille quelque 700 élèves. Aux abords de ce grand rectangle blanc en béton, dans un espace arboré où s'amoncellent des feuilles aux couleurs automnales, les éco-délégués s'appliquent à installer un nouveau nichoir, espérant que des mésanges charbonnières viendront y faire leur nid.

- Fraises, menthe et choux -

"Les mésanges élisent domicile dans les trous d'arbres et, en ville, elles ont de moins en moins d'endroits où s'implanter", explique le professeur de physique.

Puis direction "le potager", aménagé près du terrain de sport, où les collégiens volontaires "désherbent, sèment, récoltent et goûtent" leurs plantations.

"On cultive des fraises, de la menthe, des choux, des fèves, des épinards et de la salade", égrène Emilie, 14 ans.

La fabrication d'un "hôtel à insectes" est aussi dans les cartons.

"Il me semble important d'aider des élèves à préparer la société de demain", dit Gaëtan Legay, pour expliquer son engagement bénévole. "Ici, à La Courneuve, les élèves n'ont pas beaucoup d'occasions d'avoir un rapport à la nature", ajoute-t-il. Mais il est conscient des limites du projet. "Une des grandes questions est de savoir comment arriver à insuffler une dynamique au sein d'un établissement dans son ensemble", dit-il.

Quelques élèves volontaires ne suffisent pas, selon lui. "Ce qu'on fait dépend beaucoup des moyens alloués et de l'investissement des profs, or ils ont souvent d'autres impératifs", poursuit-il.

L'élection d'un éco-délégué par classe ne semble d'ailleurs pas être la priorité des chefs d'établissement. "Dans le contexte actuel de la réforme du lycée, ce n'est pas notre sujet de préoccupation majeure", confirme Philippe Vincent, à la tête du premier syndicat de proviseurs et principaux (SNPDEN).

Bruno Bobkiewicz, membre du syndicat et proviseur à Vincennes (Val-de-Marne), n'est pas contre le principe, qu'il juge "intéressant", même si "la tendance du moment, c'est un peu de choisir des +référents+ dans tous les domaines".

"Quel va être le rôle de ces délégués ?", s'interroge pour sa part Eric Bogeat, proviseur (SNPDEN) en Meurthe-et Moselle. Cette année, "il n'y en aura pas un par classe" dans son établissement, pense-t-il. Car le sujet est porteur mais "ne parle pas encore à tous les élèves", selon lui.

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