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A Lherm, la colère des parents des résidents de l'Ehpad après cinq décès

Manque de personnel, informations au compte-goutte, prestations en baisse: la colère grondait au sein des familles de résidents de l'établissement pour personnes âgées près de Toulouse où une probable intoxication alimentaire a tué cinq personnes dimanche soir.

"Les gendarmes sont venus me prévenir vers 1H30", dans la nuit de dimanche à lundi, raconte Alain Lapeyre, le fils d'une des cinq victimes, Antoinette, âgée de 93 ans.

"C'est tout ce que l'on sait, nous n'avons aucune nouvelle, personne ne sait rien", déplore cet homme accouru devant l'Ehpad "La Chêneraie", qui accueillait à Lherm 82 résidents, dont 22 ont été affectés par l'intoxication alimentaire présumée.

"Je suis très en colère", tempête-t-il, en annonçant qu'il veut porter plainte. Parmi ces griefs, le "manque de personnel" et le sentiment que l'établissement se dégradait.

Fonctionnaire à la mairie du village, Huguette Héroux, s'affirme aussi "très très en colère". Accueillie sur place depuis quatre ans, sa belle-mère est toujours hospitalisée après avoir été victime de "vomissements et diarrhée", mais "va bien".

Mme Héroux veut porter plainte car "si on suppose que c'est un problème d'hygiène, c'est inadmissible".

- Questions sur les repas -

"Inadmissible", c'est aussi ce qu'assène M. Lapeyre. "On paie pas loin de 3.000 euros par mois, dont 2.500 de notre poche. Mais ma mère n'était levée qu'une fois par jour", dit-il.

"Je suis venu la voir un soir à 18H00, il n'y avait personne à l'étage, sa chambre était fermée à clé", poursuit-il.

Pour Mme Héroux, "c'est sûr que depuis quatre ans cela s'est un peu dégradé, mais pas au point de se dire que quelque chose comme ça peut arriver".

Sa belle-mère appréciait l'établissement, affirme-t-elle, et quant au manque de personnel, "c'est propre à tous les Ehpad".

Dans l'immédiat, ces deux proches s'interrogent sur les causes exactes du drame, et notamment la provenance des repas servis dimanche soir, que leurs parents, souffrant d'Alzheimer, mangeaient mixés.

Une enquête a été ouverte pour "homicide involontaire et blessure involontaire".

"Les repas n'étaient pas faits sur place", affirme M. Lapeyre.

Marie, dont le père de 78 ans est indemne, confirme que pour dimanche soir en tout cas, le personnel l'a informée que les repas avaient été livrés de l'extérieur.

- "Manquement quelque part" -

Propriétaire de l'établissement depuis son rachat du groupe Omega en janvier, le groupe Korian a affirmé dans un communiqué que les repas étaient préparés sur place, et qu'une "enquête interne" avait été lancée.

"Avec Omega les repas étaient faits sur place, aujourd'hui je ne sais pas, nous n'avons pas été informés d'un changement", affirme Mme Héroux.

Dans tous les cas, "au prix où on paie, on a droit à un service maximum. Ce n'est pas le cas. Il y a un manquement quelque part", S'emporte Marie.

Cette quinquagénaire se dit "agacée" par l'absence dans la matinée de tout contact avec la direction. "Ils sont tous au téléphone", se plaint-elle, le "directeur aurait pu nous accueillir, ç'aurait été la moindre des choses".

Chantal, dont les deux parents, indemnes, sont résidents, a aussi accouru à la maison de retraire en apprenant la nouvelle "en regardant la télévision ce (lundi) matin".

Pour elle aussi, il n'y a pas assez de personnel et de soignants pour les résidents.

"Si on est là au quotidien, ça se passe bien", relate-t-elle. "Mais il y a un manque de personnel et le personnel n’est pas formé. Il n'y a que deux personnes la nuit pour 82 résidents".

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