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A Vienne, des dépistages massifs commencent sous les critiques

Des concerts au dépistage massif de la maladie Covid-19, la plus grande salle de Vienne s'est transformée vendredi en immense centre de tests, une stratégie nationale décidée dans la précipitation et émaillée de couacs.

300 à 400 soldats, 40 rangées et jusqu'à 20.000 habitants par jour: le programme s'est mis en place "de manière disciplinée", "avec une régularité de métronome", s'enthousiasme Matthias, 35 ans, reparti avec le précieux sésame négatif.

Il avait auparavant patienté aux côtés de plusieurs dizaines d'autres personnes, les pieds dans la neige fondante, avant d'être dirigé vers la bonne file.

Outre la "Stadthalle", deux autres lieux de la capitale sont consacrés à cette campagne de grande ampleur, inspirée de ce qu'a fait la Slovaquie voisine.

L'armée a pour l'occasion été sollicitée et ses hommes, en treillis ou en combinaison intégrale blanche, s'affairaient dans la matinée pour procéder aux tests antigéniques, permettant de détecter en 15 minutes seulement la présence du virus.

En cas de résultats positifs, direction un compartiment isolé pour se soumettre à un test PCR plus fiable, puis retour à domicile dans l'attente du verdict.

"C'est la première fois que nous mettons en pratique" ce genre d'exercices, explique à l'AFP le brigadier Stefan Lampl qui commande les opérations, se félicitant d'un démarrage dans la douceur.

- Coût critiqué -

Le chancelier conservateur Sebastian Kurz avait annoncé mi-novembre, à la surprise générale, le lancement de ces tests à grande échelle afin d'éviter une flambée des contaminations à la sortie du confinement, alors que les écoles et magasins rouvrent lundi.

Au total, dix millions de tests ont été commandés pour une population de 8,8 millions d'habitants et Peter Hacker, adjoint municipal social-démocrate à la Santé, ne cache pas son scepticisme face à la gestion gouvernementale de la pandémie.

"Il y a trop de propagande ces derniers temps. Semaine après semaine, on nous annonce des mesures sans discussion préalable", a-t-il jugé vendredi, préconisant des tests ciblés dans les maisons de retraite, les hôpitaux ou les crèches.

Le coût de l'opération, estimé à 67 millions d'euros, est aussi très critiqué par l'opposition. Sans oublier les déboires informatiques: la plateforme pour s'inscrire aux tests a subi une attaque informatique et des centaines de données personnelles ont été divulguées.

La ville de Linz, en Haute-Autriche (nord), a même décidé d'abandonner le système mis en place au niveau fédéral pour lancer le sien.

Dans les centres, des problèmes ont aussi été enregistrés et comme tout bon soldat, les hommes de Stefan Lampl s'étaient munis de crayons et cahiers au cas où.

Dans la foule devant la salle, on saluait plutôt l'initiative malgré les soucis.

"Je sais que (les tests) ne nous donnent qu'un aperçu à un moment précis mais c'est mieux que rien", confie un musicien de 57 ans, Werner. "Beaucoup d'argent a été dépensé pour cela et je ne comprends pas pourquoi certains ne veulent pas y participer".

Relativement épargnée par la première vague, l'Autriche a vu le nombre de cas exploser à l'automne, mais les restrictions drastiques imposées ces dernières semaines semblent porter leurs fruits, avec 3.815 infections annoncées vendredi sur les dernières 24 heures, contre 4.954 la veille.

Un chiffre encore "bien trop haut", a toutefois déclaré le ministre de la Santé, Rudolf Anschober, espérant l'abaisser à un millier "sur les deux prochaines semaines".

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