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Alzheimer: vers un possible déremboursement des médicaments

La Haute Autorité de santé (HAS) a publié vendredi des recommandations sur la prise en charge des malades de type Alzheimer, qui pourraient être le prélude au déremboursement des médicaments, jugés peu efficaces.

La HAS a rendu publics un guide et des fiches pratiques qui visent à "mettre en place un parcours de soins et d'accompagnement adapté" pour les patients souffrant d'Alzheimer et de maladies apparentées.

Objectifs: diagnostiquer plus tôt, assurer une bonne coordination entre tous les acteurs du soin (médecins traitants, gériatres, infirmiers, acteurs psychosociaux...) et soutenir les aidants.

"Ce guide est très attendu sur le terrain", a affirmé lors d'une conférence de presse Dominique Le Guludec, qui a succédé à la tête de la HAS à la ministre de la Santé Agnès Buzyn.

En parallèle, l'amélioration du parcours de soins pourrait s'accompagner d'un déremboursement des quatre médicaments utilisés pour traiter les symptômes d'Alzheimer, a indiqué Christian Thuillez, président de la commission de transparence de la HAS.

Selon lui, cette question doit faire l'objet d'"annonces" prochaines de la part de la ministre.

La commission de transparence évalue les médicaments en vue de leur remboursement.

En octobre 2016, elle avait jugé que les quatre médicaments anti-Alzheimer (Aricept, Ebixa, Exelon, Reminyl) et leurs génériques avaient "un intérêt médical insuffisant pour justifier leur prise en charge".

Cet avis, qui avait suscité l'inquiétude d'associations de malades, n'avait pas été suivi par la ministre de la Santé de l'époque, Marisol Touraine.

"Je veux mettre en place un protocole de soins élaboré par les scientifiques en lien avec les associations de patients", avait-elle dit quelques jours après l'avis. "Tant que ce protocole de soins ne sera pas élaboré et mis en oeuvre, la question du déremboursement ne peut pas et ne doit pas se poser".

"Les bénéfices de ces médicaments existent mais sont modestes et ne sont pas suffisants par rapport aux risques (d'effets indésirables, ndlr) encourus par les patients", a expliqué jeudi le Pr Thuillez, selon qui l'amélioration de la prise en charge voulue par la HAS "va rendre des services bien meilleurs" que les médicaments.

La pris en charge non médicamenteuse "améliore l'état des patients sans effets indésirables", a-t-il souligné.

La Pr Le Guludec a appelé à "ne pas se focaliser" sur la seule question d'un éventuel déremboursement des médicaments, en insistant sur "l'importance du guide".

Fin avril, le laboratoire Janssen-Cilag a annoncé qu'il arrêterait de commercialiser à partir du 30 novembre le Reminyl, l'un des quatre médicaments anti-Alzheimer, sans préciser si cette décision était liée à un éventuel déremboursement.

En 2015, le remboursement des médicaments prescrits aux malades d'Alzheimer a représenté quelque 90 millions d'euros.

La maladie d'Alzheimer, qui se traduit par une dégénérescence du cerveau et des pertes de mémoire, touche, avec d'autres démences, entre 850.000 et 1,2 million de personnes en France, selon les chiffres officiels. Il ne s'agit toutefois que d'estimations, car le nombre réel de malades est difficile à quantifier.

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