Accueil Actu

Annonces Macron: les écolos déçus et inquiets pour le climat

Energie, transports, Haut conseil pour le climat: les annonces du gouvernement sont loin d'être suffisantes pour que la France respecte ses engagements en matière de lutte contre le réchauffement selon les écologistes, qui réclament des transformations "profondes".

"On attendait des mesures structurantes et historiques pour lutter contre le changement climatique, la réponse n'est pas à la hauteur de l'urgence", a déclaré le directeur général de Greenpeace France Jean-François Julliard.

"Les scientifiques sont de plus en plus alarmistes, et soulignent qu'il ne reste qu'une dizaine d'années pour agir, mais la réponse politique ne suit pas", a-t-il ajouté à l'issue du discours d'Emmanuel Macron qui présentait notamment les grandes lignes de la politique énergétique de la France pour les dix prochaines années.

"Force est de constater que nous avons fait trop peu" contre le changement climatique, a certes reconnu le chef de l'Etat, à quelques jours de la 24e Conférence de l'ONU sur le climat en Pologne.

L'Accord de Paris de 2015 prévoit de limiter le réchauffement à +2°C, voire +1,5°C, par rapport à l'ère pré-industrielle, mais les engagements pris par les Etats conduiraient à un monde à +3°C, avec son lot de catastrophes.

Malgré tout, les "annonces faites ne permettent pas concrètement de faire face aux défis", a dénoncé WWF dans un communiqué, regrettant notamment l'absence de "solutions concrètes" de réduction de la dépendance aux énergies fossiles.

Après dix jours de grogne des "gilets jaunes" contre notamment la hausse des prix des carburants, Emmanuel Macron a annoncé que leur fiscalité serait adaptée aux fluctuations des prix afin d'en limiter l'impact pour les Français qui utilisent beaucoup leur voiture.

Alors que le gouvernement avait jusqu'alors tenu bon, "c'est la fin de la hausse prévisible du prix des énergies fossiles devant inciter aux investissements bas carbone", a regretté la patronne de Génération Ecologie, Delphine Batho.

De manière plus générale, "l’écologie a perdu. Une période s'achève. C’est la fin du mythe de la transition énergétique", a fustigé l'ancienne ministre de l'Environnement.

- "Passoires" énergétiques -

Sur le nucléaire, les défenseurs de l'environnement ont sans surprise jugé insuffisante la fermeture annoncée de 4 à 6 réacteurs d'ici 2030, en plus des deux de Fessenheim.

Mais si leurs arguments sont souvent liés à la sécurité, pour certains, le nucléaire n'est pas non plus une réponse aux enjeux climatiques.

"Sans baisse significative de la part du nucléaire, les énergies renouvelables et l’efficacité énergétique ne pourront jamais prendre leur place", ont ainsi souligné les eurodéputés écologistes Yannick Jadot, Eva Joly et Michèle Rivasi.

Pour la plupart des ONG, la transition énergétique passe par une réduction de la consommation d'énergie et un plan massif d'aide à la rénovation de millions de bâtiments considérés comme des "passoires" thermiques.

Des aides pour changer une chaudière au fioul, "c'est très bien pour baisser la consommation de carburants fossiles mais (...) dans une passoire énergétique, c'est pénaliser le citoyen qui va payer la facture de chauffage", a déclaré à l'AFP Célia Gautier, responsable climat à la Fondation pour la Nature et l'Homme (FNH).

Les ONG de défense de l'environnement avaient déjà été déçues lundi par le très attendu projet de loi sur les mobilités, malgré quelques "premiers pas" positifs mais insuffisants selon elles pour transformer un secteur également très émetteur de gaz à effet de serre.

Elles ont en particulier dénoncé l'absence de date pour la fin des véhicules thermiques, alors que le plan climat présenté en 2017 par l'ancien ministre Nicolas Hulot l'envisageait d'ici à 2040.

Quant au Haut conseil pour le climat installé mardi par Emmanuel Macron, beaucoup attendent de voir ce que l'Etat fera de ses futurs avis sur les politiques de la France contre le changement climatique.

"Ce n'est pas ça qui va faire d'Emmanuel Macron le champion de la Terre aujourd'hui. Nos attentes ne portaient pas sur des annonces institutionnelles. Même si c'est bienvenu, cela ne doit pas remplacer un changement profond de logiciel sur ces questions-là", a insisté Célia Gautier.

À lire aussi

Sélectionné pour vous