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Après les municipales, la droite confrontée au défi de l'écologie

Rassurée par des municipales qui ont conforté son ancrage local, la droite va devoir relever le défi de l'écologie, l'un de ses angles morts, si elle veut convaincre les électeurs d'ici 2022.

"On n'a pas parlé d'écologie à droite depuis (Jean-Louis) Borloo", l'ancien ministre de l'environnement de Nicolas Sarkozy entre 2007 et 2010 qui avait porté le Grenelle de l'environnement, reconnaît Damien Abad, le patron des députés LR.

Le parti est venu tardivement à ce sujet éloigné de ses thèmes de prédilection économiques et régaliens, d'autant que la priorité des dernières années était de contenir la fuite de l'électorat vers LREM ou le RN.

Les Verts sont même devenus un épouvantail, qualifiés durant la campagne municipale de "fous furieux" à Lille, associés au "péril rouge" à Marseille. Au lendemain du scrutin le patron des sénateurs LR Bruno Retailleau mettait en garde contre la "tendance très communautariste" des écologistes.

Pourtant les professions de foi se sont multipliées depuis dimanche. "On peut être de droite et porter des valeurs écologistes fortes", a assuré M. Abad. "On peut être écologiste et on peut être de droite", a abondé la présidente de la région Ile-de-France, l'ex-LR Valérie Pécresse.

Mais la droite réfute la vision "systématiquement punitive" prêtée aux Verts, "avec une succession d'interdictions, de contraintes, de normes", selon les termes de l'ancien ministre Brice Hortefeux qui a ironisé sur l'idée d'une réduction de la vitesse sur autoroute, en estimant ne pas vouloir "être doublé par les hérissons".

"On ne peut pas opposer écologie et production, et productivisme d'une certaine manière", affirmait en février le président de LR Christian Jacob.

L'écologie de droite se veut donc pragmatique, ancrée dans les territoires, et portée au quotidien par les élus.

"Je crois profondément au développement durable", a expliqué lundi le maire de Meaux Jean-François Copé, en défendant "le logement, les déplacements, les pistes cyclables, l'alimentation" ou "le programme alimentation bio dans les cantines" de sa ville.

- "Ecologie alternative" -

Cela suffira-t-il à convaincre les électeurs ?

Pour M. Abad, l'enjeu "n'est pas de verdir le projet mais de comprendre que l'écologie politique ne concerne pas qu'un seul parti".

LR, en pleine refondation idéologique, a lancé il y a quelques mois deux forums de réflexion sur le sujet, l'un sur l'environnement et l'alimentation, l'autre sur l'agriculture.

"On réfléchit autour de la fiscalité écologique", a affirmé lundi l'ex-ministre Eric Woerth, qui plaide pour le nucléaire. Le groupe parlementaire va lui se doter d'une "task force" chargée de plancher deux à trois mois.

Mais plus qu'une "course aux mesurettes", le numéro 3 de LR Aurélien Pradié plaide pour "une vision générale" car "si vous ne répondez pas à la question sur le modèle de société que l'on veut, vous ne ferez jamais concurrence aux écolos".

La poussée verte des municipales révèle surtout, selon lui, "une interrogation sur le modèle économique et l'incarnation d'un volontarisme politique". Et "on ne peut pas faire une croix sur ces électeurs", selon lui.

D'autant que la droite commence juste à se remettre des débâcles électorales des dernières années, et compte bien incarner une alternance crédible lors de la présidentielle de 2022.

"On ne bâtira pas une écologie alternative sans la connaissance, sans la science, sans le débat et surtout sans l’homme", affirmait en juillet le député LR souverainiste Julien Aubert, auteur d'un "Livret vert" d'une centaine de pages et d'une proposition de loi sur l'éolien qui sera débattue à l'automne.

Car pour LR, le risque est d'apparaître à la traîne d'une thématique dont même le Rassemblement national s'est saisi aux européennes de 2019, Marine Le Pen défendant le "localisme" et les circuits courts.

L'autre danger est aussi de laisser s'installer une dichotomie entre les villes petites et moyennes, enracinées à droite, et les grandes métropoles votant écologiste.

"La France est déjà très fracturée, ce n'est pas du tout le moment d'avoir d'un côté une politique pour la ville et de l'autre une politique pour la campagne", selon M. Woerth.

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