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Ariège: éleveurs et élus locaux demandent des retraits d'ours après une hécatombe de brebis

Des élus et éleveurs de l'Ariège ont réclamé jeudi que l'Etat retire des ours dans la zone après la mort de plus de 250 brebis tombées d'une crête dans le massif de l'Aston suite, selon la préfecture, à la présence d'un ours.

L'expertise réalisée sur place permet "d'imputer à l'ours" ce dérochement, survenu dans la nuit de mardi depuis l'estive de Sénard, a confirmé la préfecture de l'Ariège dans un communiqué.

Sans attendre cette annonce, Philippe Lacube, président de la Chambre d'agriculture, avait imputé la perte des bêtes à "une attaque d'ours", lors d'une conférence de presse rassemblant à ses côtés des élus du conseil départemental et des représentants des chasseurs, de la fédération pastorale et des collectivités de montagne.

La préfète, Chantal Mauchet, qui s'est rendue sur l'estive, a indiqué avoir contacté "les ministères concernés et le préfet de région" pour "déployer des moyens supplémentaires d’urgence" face aux prédations.

"L'Ariège, cet été, dégueule d'ours (...) on sent l'imminence d'un drame, qui pourrait concerner un randonneur croisant une ourse avec ses petits, ou un éleveur au bout du rouleau", a pour sa part martelé M. Lacube.

Le front d'institutions mobilisées ne voit qu'une solution pour l'heure: "le retrait graduel d'ours, pour soulager la pression", a-t-il affirmé. "Mais il faut faire vite sinon cela va mal finir".

Alain Duran, sénateur socialiste de l'Ariège, a pour sa part annoncé le dépôt imminent d'une question écrite adressée aux ministres de la Transition écologique et de l'Agriculture, pour demander ce prélèvement d'ours dont la population atteint au moins une quarantaine de spécimen dans tout le massif pyrénéen.

- "Mort du pastoralisme" -

"Si l’État n'inverse pas la tendance très vite, le pastoralisme est mort – et demain, ce sera le tourisme", a fait écho Alain Servat, président de la Fédération pastorale de l'Ariège.

Maire de Seix, une des communes locales ayant pris des arrêtés interdisant la divagation des ours sur leur territoire, Christine Tequi a souligné qu'elle ne le retirerait pas, en dépit d'une demande en ce sens de la préfecture, "quitte à aller au tribunal administratif”.

La mésaventure mi-juin d'un randonneur affirmant avoir été chargé par un ours en Ariège, et un cas de prédation près d'habitations, avaient déjà suscité un sursaut de mobilisation, malgré une première réaction de la préfète, qui avait assuré de mesures de soutien au pastoralisme.

Dans une motion unanime, les 26 conseillers départementaux ariégeois ont demandé lundi à l'Etat des "mesures efficaces et crédibles" pour assurer la sécurité humaine face aux ours.

Après la réintroduction en 2018 de deux femelles slovènes, le gouvernement a exclu début juin de nouvelle arrivées, et annoncé d'autres mesures, dont "l'effarouchement" des plantigrades.

Mais son plan est jugé insuffisant par les éleveurs, tandis qu'il suscite la colère des associations pro-ours.

"Tout est mis en œuvre par les services de l'État afin que soient déployées dans les meilleurs délais les mesures annoncées par le gouvernement", a de nouveau souligné la préfecture jeudi.

Elle a précisé qu'une "procédure d’indemnisation rapide sera mise en place pour les deux éleveurs concernés" par le dérochement. Parmi eux, Jean-Pierre Mirouze avait déjà été victime d'une telle perte de bêtes il y a 14 ans.

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