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Au carnaval de Nice, l'affluence et "peu importe" le coronavirus

A Nice, le carnaval, vitrine touristique de l'hiver avec ses gigantesques chars animés, a fait à nouveau le plein mardi soir, avec 16.000 places vendues en tribunes selon la municipalité: "peu importe!", estimaient la plupart des spectacteurs interrogés sur l'épidémie de coronavirus.

"On ne vit qu'une fois", résume pleine d'assurance une mère de famille néerlandaise, Naja, 44 ans, venue avec ses trois enfants et convaincue, comme beaucoup, que "le virus peut de toute façon s'attraper n'importe où" et "est impossible à prévenir".

A quelques centaines de kilomètres de Nice, en Lombardie et en Vénétie, des villes italiennes ont été fermées et leur population confinée. A Venise, le traditionnel carnaval a été écourté.

"Pour moi, c'est comme pour la grippe, les morts ce sont que les personnes âgées. L'Italie fermée, ça me choque, ça me rappelle des films catastrophe ! Peut-être que je me trompe mais on en fait un peu beaucoup", estime quant à lui un vacancier parisien de 55 ans, Patrice Soubieux, en costume et perruque disco, lunettes fluo assorties, de retour pour la troisième année consécutive avec sa femme.

A ses pieds, derrière lui, le roi de la fête, un faux Karl Lagerfeld de 17 mètres de haut, trône en majesté tandis que le public refuse la psychose et prend patience pour franchir les contrôles.

Depuis l'attentat islamiste qui a fait 86 morts sur la Promenade des Anglais le 14 juillet 2016, il n'est plus question d'arpenter librement les rues. L'entrée est payante et sécurisée par des portiques de sécurité, une fouille individuelle et d'importants renforts de police, et les chars illuminés sculptés par les carnavaliers défilent derrière des palissades noires.

Imaginé au XIXe siècle pour distraire les riches hivernants et faire tourner l'hôtellerie locale, le carnaval que les autorités ont décidé lundi de ne pas annuler, génère 30 millions d'euros de retombées économiques pour 6 millions d'euros de budget.

Les places assises sont numérotées, l'animation assurée au micro à la façon d'un présentateur de jeu télévisé et rares sont les gens déguisés ou masqués: Nice n'est pas Venise mais la foule tout aussi internationale, avec près de 20% d'étrangers selon la mairie.

Ici, ce sont trois amies russes qui, tickets en main, cherchent leurs places en fuyant une pluie de confettis et de serpentins, aussitôt ramassés par des bambins. Là, deux Coréennes, une fille et sa mère de 73 ans, se distinguent dans la foule par le masque médical qu'elles ont décidé de porter. "Uniquement ce soir, car il y a beaucoup de monde", explique Hye, qui vit aux Pays-Bas et redoute surtout que les gens puissent avoir peur d'elle à cause de l'origine asiatique de l'épidémie.

"On a hésité à rentrer plus vite pour ne pas se retrouver isolées à l'aéroport et puis, on a décidé que non", ajoute-t-elle.

Venue en voiture, une famille de Roanne enchaîne les festivités: après un dimanche à Menton où la fête du citron a déplacé 27.000 personnes, l'équivalent d'une petite ville, ils profitent du corso niçois.

"Ils auraient annulé, on serait rentrés", avoue Christian, 64 ans, qui étrenne sa première année à la retraite en voyageant à gogo. "Ce n'est pas qu'on s'en fout, on prend des précautions, on se lave les mains régulièrement, on écoute les infos mais sinon, on ne ferait plus rien", soupire Huguette, 65 ans, sa belle-soeur. Pour seul viatique contre le virus, toute la famille mise sur la bonne humeur et... un flacon de désinfectant enfoui au fond du sac.

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