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Au-delà du coronavirus, l'ibuprofène déjà suspecté d'aggraver des infections

L'ibuprofène, suspecté d'aggraver l'infection chez les malades du coronavirus, est un médicament anti-inflammatoire largement utilisé par le grand public en cas de fièvre avec douleurs, alors qu'il est pourtant accusé d'entraîner des risques de complications infectieuses graves.

L'Agence française du médicament (ANSM) a alerté l'année dernière sur les risques de ce produit, qui appartient à la famille des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS).

Elle s'est appuyée pour cela sur une enquête qui a montré qu'en 18 ans, de 2000 à 2018, 337 cas de "complications infectieuses", dont 32 décès, ont été répertoriés pour l'ibuprofène (et 46 cas dont dix décès avec le kétoprofène, qui est également un AINS).

C'est pour cette raison que depuis le 15 janvier, les médicaments à base d'ibuprofène (dont les plus connus sont le Nurofen ou l'Advil) ne peuvent plus être vendus en libre service dans les rayons des pharmacies françaises.

Ils sont toujours disponibles sans ordonnance, mais il faut les demander au pharmacien, qui doit les ranger derrière son comptoir.

L'enquête de l'ANSM suggérait l'existence d'un "rôle aggravant" de l'ibuprofène "en cas d'infection", en particulier de celles dues au streptocoque. L'Agence française avait alerté ses homologues européennes sur la question.

Cette enquête portait sur des cas graves survenus chez des enfants et des adultes (souvent jeunes), sans facteur de risque particulier (comme par exemple être immunodéprimé).

Selon l'enquête, les complications entraînées par ces médicaments sont des "infections sévères" à l'origine d'hospitalisations, de séquelles et de décès.

Elles touchent la peau et des tissus mous comme par exemple les "fasciites nécrosantes". Cette infection est due à un germe (essentiellement un streptocoque) surnommé bactérie "mangeuse de chair", source d'amputations et de mort.

Il peut également s'agir de septicémie ("sepsis"), de pneumonies compliquées d'abcès, de pleurésie, d'abcès cérébraux ou encore d'infections ORL atteignant le thorax (médiastinite).

Ces complications infectieuses (essentiellement dues à deux bactéries, streptocoque ou pneumocoque) "ont été observées après de très courtes durées de traitement (2 à 3 jours), y compris lorsqu'il était associé à une antibiothérapie", selon l'ANSM.

Elles sont survenues alors que l'ibuprofène (ou le kétoprofène) était "prescrit ou pris en automédication dans la fièvre mais également dans de nombreuses autres circonstances: atteintes cutanées bénignes d'aspect inflammatoire (réaction locale, piqure d'insecte...), manifestations respiratoires (toux, infection pulmonaire...) ou ORL (difficulté à avaler, angine, otite...)".

En raison de ces risques, de nombreux professionnels de santé réclament que les médicaments à base d'ibuprofène ne puissent plus être vendus sans ordonnance.

L'enquête de l'ANSM montrait en outre qu'on persiste à utiliser les AINS pour traiter les enfants atteints de varicelle, alors qu'ils doivent être évités au profit du paracétamol.

"En cas de douleur ou de fièvre, notamment dans un contexte d'infection courante comme une angine ou une toux", il faut "privilégier l'utilisation du paracétamol en respectant les règles de bon usage", souligne l'ANSM.

Le paracétamol (Doliprane, Efferalgan, etc.) doit en effet être pris en respectant strictement les doses, car à trop forte dose, il peut être très dangereux pour le foie.

Le grand public n'est pas toujours conscient des risques que peuvent entraîner ces médicaments, d'autant que l'information est parfois défaillante.

A titre d'exemple, dans des conseils mis en ligne pour l'isolement à domicile (ou autoconfinement) des patients possiblement infectés par le coronavirus, le NHS (système de santé britannique) recommande de prendre du paracétamol ou de l'ibuprofène, sans même faire mention des risques et des précautions d'emploi de ces médicaments.

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