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Au domaine de Belval, les nouveaux chasseurs formés à une chasse "responsable"

"Tuer doit avoir un sens": à Belval, école de chasse et réservoir de biodiversité dans les Ardennes, des chasseurs ayant récemment obtenu leur permis suivent une formation théorique, pratique et éthique.

"On ne tue pas gratuitement un animal, tout doit être réfléchi et si ça n'a pas de sens, on ne fait pas. On ne tue pas parce que ça détend", philosophe David Pierrard, responsable du domaine de Belval, dans son bureau avec crâne d'antilope au mur et épagneul allongé sagement à ses pieds.

Cette ancienne propriété de chasse étendue sur plus de 600 hectares au coeur du massif forestier du Dieulet appartient à la fondation François Sommer. Depuis 1995 elle accueille une école de formation aux techniques et aux métiers de la chasse, qui propose une dizaine de stages annuels dédiés aux nouveaux chasseurs.

Cette formation gratuite attire en majorité des jeunes, volontaires pour passer trois jours en pension complète sur le domaine et approfondir leurs connaissances, indique M. Pierrard.

"On leur apporte le minimum syndical: comment s'équiper correctement ? Comment aborder la gestion d'une espèce sauvage ? Mais aussi réfléchir à la chasse en se demandant +pourquoi je tue+ et +comment je tue+", explique le directeur qui prône des "rapports sains" avec des animaux qu'il ne faut pas "faire souffrir inutilement".

Dans la grande salle de cours surplombée par un lustre en bois de cerf, où trônent des renards et sangliers empaillés ainsi que plusieurs planches anatomiques de cervidés, les stagiaires reçoivent des cours théoriques, notamment sur la biologie du chevreuil.

"C'est le B.A.-BA de la chasse, savoir où je vais tirer", souligne M. Pierrard, estimant qu'il faut veiller à "tuer proprement", ce qui nécessite de connaître les spécificités des différentes espèces.

Parmi la quinzaine de stagiaires, Flavien M., 17 ans, va entamer sa deuxième saison de chasse en Eure-et-Loir, avec le sentiment d'être plus aguerri: "On apprend des choses avec des personnes calées, c'est approfondi et on aura une meilleure vision de ce qu'il faut faire quand on retournera sur le terrain".

- Cibler la sécurité -

Dans les allées du domaine encadrées de chênes et de charmes, la leçon pratique porte sur les différents postes et leurs aménagements lors des chasses en battue.

"En jouant sur les aménagements, on peut amener les chasseurs à tirer en toute sécurité", indique Quentin Hallet, l'intervenant accompagné de son teckel Marquise.

"A une intersection, on peut avoir des cyclistes ou des randonneurs qui arrivent à la dernière minutes donc il faut faire attention", met-il en garde, martelant aux participants qu'ils doivent rester "responsables et efficaces" en toute situation.

Selon un bilan établi par l'Office national de la chasse et de la faune sauvage (ONCFS), le nombre d'accidents de chasse au cours de la saison 2016-2017 s'était établi à 143, un chiffre qui s'inscrit dans une baisse continue depuis une vingtaine d'années. Dix-huit ont été mortels et ont tous concerné des chasseurs, avait pointé l'ONCFS, relevant qu'ils étaient majoritairement liés à "un manquement aux règlements élémentaires de sécurité".

Le bilan des accidents de chasse pour la saison 2017-2018 sera publié début septembre.

A 50 ans, Jean-Michel Gobelet, l'aîné de cette session, possède son permis depuis un an mais se décrit comme un habitué du milieu. A ses yeux, "la sécurité est meilleure qu'avant" mais ces stages ont le mérite d'aller encore plus loin que "les bases" demandées pour décrocher le permis de chasser.

"Les anciens ne savent pas tout! Et que ce soient des révisions ou des nouveautés, on apprendra toujours", sourit-il.

Les stagiaires de Belval complèteront leur formation par une observation en haut des miradors du domaine et des exercices au stand de tir. Pour ces nouveaux chasseurs, le cheminement dans leur réflexion sur la chasse ne fait que commencer.

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