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Castex esquisse son plan pour "ressouder" la France et obtient une confortable majorité

Peaufinant son image d'homme des territoires, Jean Castex a précisé mercredi devant les députés son plan pour "ressouder" la France et érigé la "lutte contre le chômage" en priorité "absolue", obtenant une majorité confortable, mais pour les oppositions la confiance est déjà "rompue".

Le chef du gouvernement a obtenu 345 voix pour, 177 contre et 43 abstentions. C'est une adhésion moindre que pour les gouvernements d'Edouard Philippe (370 voix pour en 2017, 363 en 2019) mais supérieure aux gouvernements sous Nicolas Sarkozy et François Hollande.

Dans un contexte de Covid-19 toujours présent, Jean Castex, ancien "Monsieur déconfinement", a confirmé dans la soirée, dans Le Parisien, que le port du masque serait obligatoire dans les lieux publics fermés à partir du 1er août et que si reconfinement il devait y avoir, il serait partiel et "ciblé".

Auparavant, le Premier ministre avait tracé, lors de son discours de politique générale en forme de grand oral d'une heure pile, les lignes de force des 18 prochains mois, au lendemain de l'intervention d'Emmanuel Macron lors du 14 Juillet.

Celui qui se définit comme "gaulliste social", apôtre de la concertation, a affirmé que sa "première ambition, immense" serait de "réconcilier ces France si différentes, les souder ou les ressouder".

A la tribune, il a apposé sa patte en insistant sur la place des "territoires" - mot répété 25 fois - dans la mise en oeuvre des grands axes de sa politique: emploi, efficacité de l'action publique, souveraineté économique, transition écologique, protection sociale...

M. Castex a assuré que "la lutte contre le chômage et la préservation de l'emploi" seraient "la priorité absolue des 18 prochains mois", en précisant des mesures évoquées la veille par M. Macron, comme une prime à l'embauche de 4.000 euros par an pour les jeunes, ou des efforts sur la formation.

Il a également quelque peu détaillé les contours du plan de relance de 100 milliards d'euros prévu pour la rentrée. Il doit être financé par des aides européennes, dans le cadre du plan de relance que la France espère voir adopter par les 27 pays de l'UE, et par un endettement.

Ainsi, environ 40 milliards d'euros seront fléchés vers l'industrie. Le gouvernement a aussi annoncé "une baisse massive" de 20 milliards d'euros des impôts de production qui pèsent sur les entreprises en France afin de "relocaliser" l'industrie et d'asseoir son indépendance.

Vingt milliards seront consacrés à la rénovation thermique des bâtiments et les technologies vertes. Et le plan de relance portera "un plan vélo très ambitieux", a-t-il promis, plaidant pour "une croissance écologique" face à la "décroissance verte".

- "Proche des gens" -

M. Castex a par ailleurs souhaité que les travaux de rénovation urbaine soient lancés dans 300 des 450 quartiers retenus "d'ici la fin 2021".

La jeunesse est particulièrement ciblée sur le volet social, avec l'annonce de repas à un euro pour les étudiants boursiers dans les restaurants universitaires et la revalorisation "exceptionnelle" de l'allocation de rentrée scolaire de 100 euros.

Six milliards seront investis dans le système de santé, a ajouté M. Castex, qui a signé lundi des accords de revalorisation salariale pour les soignants.

Quant à la réforme des retraites, elle reste "nécessaire" mais il faudra bien distinguer les "mesures financières".

Enfin, le Premier ministre a insisté sur "le pacte républicain", en soulignant la "préoccupation majeure" du gouvernement de lutter contre l'islamisme radical. Un projet de loi de "lutte contre les séparatismes" doit être présenté à la rentrée.

"Jean Castex apparaît un peu comme un miroir inversé de ce que peut être Emmanuel Macron", constate Jean-Daniel Lévy (Harris Interactive), décrivant un chef du gouvernement voulant "être proche des gens".

- "Petit bras" -

Si Gilles Le Gendre a salué un "résultat sans appel", M. Castex n'a pas convaincu les oppositions. La confiance est déjà "rompue par trois ans de bilan décevant", a lancé dans l'hémicycle le patron des députés LR Damien Abad.

Un unique député LR a voté la confiance, Guillaume Larrivé, treize se sont abstenus et 90 se sont prononcés contre.

A gauche aussi, l'heure était au vote contre. "Votre déclaration de politique générale aurait dû démontrer que le gouvernement se mettait en mode +urgence+. Je crois qu'il n’en a rien été", a déploré Valérie Rabault (PS), tandis qu'André Chassaigne (PCF) éreintait "un plan de relance petit bras".

Le président demande "de réparer en 600 jours les dégâts qu’il a occasionnés en trois ans" mais "nous ne pouvons y croire", a aussi insisté Jean-Luc Mélenchon.

Sébastien Chenu (RN) a aussi jugé dans un communiqué que "l’acte III du quinquennat s’annonce comme la poursuite des actes I et II: volonté et courage sont aux abonnés absents".

La majorité a quasi unanime fait bloc après cette intervention "classique", selon le mot d'un "marcheur". Mais dans la matinée en réunion interne, plusieurs LREM avaient exprimé "à mi-mot" leur déception après l'intervention du chef de l'Etat, certains n'ayant pas "retrouvé" l'Emmanuel Macron des débuts, selon des participants.

"Il me plaît de m'appuyer sur une majorité qui débat, qui a des idées, qui n'est pas monocolore", a assuré M. Castex.

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