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Avec le réchauffement, les inondations appelées à augmenter en Inde

Avec le réchauffement climatique, les inondations telles que celles qui frappent actuellement l'Etat du Kerala risquent de se multiplier en Inde, où la population dense et pauvre est particulièrement vulnérable au changement climatique, selon les experts.

- Pluies plus intenses -

Selon une étude publiée dans la revue Nature Communications en 2017, les épisodes de pluies extrêmes ont fait 69.000 morts et 17 millions de sans-abris en Inde entre 1950 et 2015.

Ils ont souvent frappé le centre du pays, où le volume total des précipitations pendant la mousson a diminué mais où ces épisodes de pluies diluviennes ont été multipliés par trois sur ces 65 années.

Si l'étude se focalisait dans le centre de l'Inde, les chiffres montrent également une augmentation dans d'autres régions, notamment dans le sud-ouest où se trouve le Kerala, explique à l'AFP l'un de ses auteurs, Roxy Koll, de l'Institut indien de météorologie tropicale.

"Même s'il est difficile d'attribuer les récentes inondations au Kerala au changement climatique, la signature de cet événement est similaire à la tendance que nous avons notée", poursuit-il.

Et "les projections climatiques indiquent que ces extrêmes vont continuer", ajoute le scientifique.

Alors que la planète a déjà gagné 1°C depuis l'ère pré-industrielle, l'accord de Paris sur le climat vise à limiter ce réchauffement à +2°C, voire +1,5°C.

Dans un monde à +1,5°C, les épisodes de pluies violentes de moins de trois heures augmenteraient de 20%, et de 25% dans un monde à +2°C, selon une étude publiée en juin dans Geophysical Research Letters.

Des pluies violentes particulièrement dangereuses pour les zones urbaines.

Les inondations ne sont évidemment pas uniquement liées au volume des précipitations. L'artificialisation des sols, la déforestation ou le système de gestion de l'eau sont également à prendre en compte pour évaluer la vulnérabilité aux inondations.

- Vagues de chaleur et sécheresses -

D'autres aléas climatiques menacent le pays, qui ne devrait pas être épargné par une augmentation des sécheresses et canicules.

"Nous allons voir en Inde une saison humide plus humide et une saison sèche plus sèche", avec "plus d'inondations et des sécheresses plus longues", indique à l'AFP Kira Vinke, qui dirige au Postdam Institute for Climate Impact Research (PIK) un projet destiné à améliorer l'adaptation de plusieurs pays, dont l'Inde.

Si les émissions de gaz à effet de serre continuent sur leur lancée, certaines zones du nord-est de l'Inde pourraient devenir littéralement invivables d'ici la fin du siècle en raison de la combinaison mortelle de la chaleur et de l'humidité, selon une étude publiée en 2017 dans Science Advances. Et la majorité de l'Asie du sud, dont la vallée du Gange, pourrait s'approcher du seuil température/humidité rendant la vie à l'extérieur impossible.

L'augmentation du niveau de la mer pourrait d'autre part menacer des mégalopoles côtières comme Bombay.

- Un risque pour le développement -

Avec sa forte densité et une partie de la population pauvre qui dépend des ressources naturelles, l'Inde "fait partie des pays les plus vulnérables au changement climatique", selon la Banque mondiale.

Dans un rapport publié en juin avec des experts climatiques de l'université de Columbia, l'institution estime ainsi que la hausse des températures et la modification de la mousson pourraient "coûter à l'Inde 2,8% de PIB et réduire le niveau de vie de près de la moitié de la population d'ici 2050".

Logements moins résistants, pas d'accès à l'information... "Au Bangladesh ou en Inde, des populations vivant des zones exposées sont très vulnérables, elles n'ont aucun moyen de s'adapter au changement climatique", souligne Kira Vinke.

"Si nous n'arrivons pas à limiter le changement climatique, ce genre d'événements vont devenir si importants et si fréquents que nous ne pourrons pas, au niveau national ou international, défaire les dommages en fournissant de l'aide au développement par exemple", poursuit celle qui a participé à la rédaction d'un rapport publié en 2017 par la Banque asiatique de développement et le PIK.

Selon ce rapport par exemple, 4 villes indiennes (Bombay, Chennai, Surat et Calcutta) sont sur la liste des vingt villes au monde qui subiront l'augmentation la plus forte des dommages liés aux inondations.

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