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Barrage du Tarn: début du déboisement sous haute tension

Le déboisement de la zone du futur barrage de Sivens (Tarn) a commencé lundi sous la protection des gendarmes, malgré les projectiles jetés par 200 opposants rassemblés à proximité, a-t-on appris auprès des deux camps.

"La mission des 130 gendarmes sur zone est de sécuriser l'intervention des bûcherons: le premier coup de tronçonneuse a été donné ce matin à 10H00", a déclaré le lieutenant-colonel Sylvain Renier, commandant du groupement de gendarmerie du Tarn, à une correspondante de l'AFP.

Le face-à-face entre manifestants et forces de l'ordre a donné lieu à plusieurs escarmouches, comme mercredi dernier quand les opposants avaient lancé plusieurs dizaines de cocktails Molotov vers les gendarmes gardant le site, près de Lisle-sur-Tarn.

"Des barricades ont été enflammées lundi matin, les forces de l'ordre ont essuyé des tirs de cocktails Molotov, de pétards agricoles, de gros pavés", a indiqué le lieutenant-colonel Renier, qui a fait état de trois interpellations et d'un gendarme blessé.

"Les CRS ont chargé, des gaz lacrymogènes sont utilisés, il y a des blessés légers. Des tronçonneuses abattent une cabane et les premiers arbres", a rapporté de son côté le porte-parole du collectif pour la sauvegarde de la zone humide du Testet, Ben Lefetey, en grève de la faim depuis cinq jours, avec cinq autres personnes.

En parallèle de la résistance sur le terrain, le collectif a rassemblé une cinquantaine de manifestants en début d'après-midi devant le conseil général du Tarn, à Albi, pour demander "un moratoire et un vrai débat".

"Nous vivons un vrai coup de force, les violences sur le terrain sont de la responsabilité du président du conseil général" Thierry Carcenac (PS), a affirmé Guillaume Cros, élu régional ELLV et porte-parole des Verts de Midi-Pyrénées, dénonçant le "non-courage politique" du président du département. "Il faut qu'il attende, il n'y a aucune urgence", a répété M. Cros, après avoir été reçu au cabinet de M. Carcenac.

Les opposants comptent également demander à la ministre de l'Écologie Ségolène Royal d'intervenir pour arrêter le déboisement qui donne le coup d'envoi aux travaux contestés par les écologistes.

La construction du barrage destiné à alimenter en eau les fermes situées à proximité ferait disparaître un réservoir de biodiversité de 13 hectares.

Les partisans du barrage - dont la FDSEA - l'estiment nécessaire pour sécuriser l'approvisionnement en eau des agriculteurs. Les adversaires - soutenus par le député européen José Bové - s'émeuvent de la disparition d'une zone humide abritant 94 espèces protégées et dénoncent le modèle d?agriculture irriguée.

La préfecture du Tarn a régulièrement déclaré que le projet était exemplaire en matière environnementale car il prévoit de reconstituer 19,5 hectares de zones humides en faveur de cette faune.

"Il n'y a aucune ambiguïté pour moi, des décisions ont été rendues, le dossier à fait l'objet de toutes les procédures nécessaires, tout le monde a pu s'exprimer, il n'y a pas de recours qui suspende le démarrage du chantier", a déclaré lundi le nouveau préfet du Tarn Thierry Gentilhomme.

"Le chantier doit démarrer, nous ne pouvons pas admettre de tels comportements de violences sur place", a-t-il dit.

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