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Canicule: dans les transports en commun, des passagers à la recherche de l'air

Certains font leur itinéraire en fonction des lignes climatisées ; d'autres transpirent en silence, éventail en main: dans les autobus et métros parisiens transformés en étuve pendant la canicule, les passagers traquent le moindre courant d'air.

Le métro 13 arrive à la station Saint-Lazare. A l'intérieur, chacun retient son souffle.

Il est 17H30. Une chaleur humide a envahi la rame bondée et le système de "ventilation mécanique forcée" (VMF) -des aérateurs fixés sur le toit qui produisent un courant d'air- peine à se faire sentir.

Pour les passagers comprimés dans la moiteur, impossible de s'éventer ou d'essuyer les gouttes de sueur qui perlent des fronts. Ils remercient d'un soupir les "pousseurs" qui, sur le quai, répètent fermement à ceux qui veulent monter coûte que coûte que "s'il n'y a pas de place, vous attendez le prochain".

La ligne a la réputation d'être "un enfer". Et la canicule ne semble guère perturber ses passagers, résignés.

"Il fait très chaud, mais c'est pas tellement pire que d'autres jours. L'hiver aussi, on est serré, il fait super chaud et on transpire", explique Julien, 36 ans, cadre de banque.

"La question, c'est pas la clim, c'est le monde. S'il y a pas trop de gens, c'est supportable même sans clim. Quand il y a du monde, là c'est compliqué, même avec la clim. Tout le monde est serré, ça transpire, ça colle, ça pue..."

Cinq lignes de métro -représentant 60% du parc, selon la RATP- sont équipées d'une "ventilation mécanique forcée réfrigérée (VMFR) qui aspire l'air extérieur et l'abaisse de quelques degrés pour apporter de la fraîcheur aux usagers.

Michel Delaunay les connaît bien. "La 1, la 2, la 5, la 9 et la 14", énumère ce retraité parisien en pantalon et chemisette rencontré dans la ligne 2. La 4 et la 11 en bénéficieront prochainement.

"L'été, je me déplace quasiment que sur ces lignes, même si ça me fait faire un détour. (...) Et il y a aussi les tram", également réfrigérés, souligne-t-il. "Mais ce que j'évite, c'est les bus."

- Chaleur, bouchon, chantiers -

Exposés au soleil, les autobus deviennent "un four", "un sauna", "une fournaise" - chaque passager a son image.

Les premiers autobus climatisés sont entrés en service en juillet et la RATP a annoncé qu'elle généraliserait la climatisation sur tous les véhicules mis en exploitation à partir de 2020.

En attendant, sur la ligne 29 qui traverse la rive droite de Paris, comme la 60 qui dessert le nord et l'est de la capitale ou la 80 qui la relie du nord au sud, les gestes sont les mêmes: on souffle, on s'éponge, on s'évente avec un éventail, une brochure ou simplement sa main.

Certains cherchent la fraîcheur près des minces ouvertures des fenêtres à soufflet. "Mais c'est là qu'il fait le plus chaud si c'est au soleil", glisse d'un ton expert une vieille dame sur la ligne 29.

Sous le soleil de plomb de la mi-journée, l'autobus a sombré dans la torpeur. Les regards las se perdent dans le vide, les yeux se ferment, d'autres contemplent, comme envieux, les clients des terrasses de café avec brumisateurs.

Le mercure indique 35 degrés. L'autobus avance laborieusement entre bouchons, camions de livraison et barrières de chantier, et aucune brise ne perce des fenêtres entrebâillées.

"J'ai des amis qui ont décidé de prendre une trottinette ou même le vélo. Ils transpirent mais au moins, ils avancent", ironise Niko, 26 ans, qui va prendre son service dans un bar du quartier de la Nation.

Lui n'a pas changé ses habitudes avec les températures caniculaires. "Heureusement que je me change en arrivant", rigole le jeune homme en montrant sa chemise qui colle au corps. Il troquera son short et tongs pour une tenue de barman.

Dans le bus 64, qui sillonne l'est parisien, Laurène préfère aussi en rire. "On n'a pas trop le choix", sourit la jeune femme. "J'essaie de voir le bon côté: je suis en vacances la semaine prochaine, je me dis que suer ça va m'aider pour mon summer body !".

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