Accueil Actu

Canicule: les auxiliaires de vie, vigies au chevet des plus vulnérables

"Vous ne voulez pas que je ferme les volets ?". A Clermont-Ferrand, les auxiliaires de vie multiplient les précautions pour protéger les personnes âgées vulnérables avant que le thermomètre ne s'affole en fin de semaine.

Lors de sa visite chez Ludivina Garzon, 97 ans, qui habite avec son mari Gonzalo un petit pavillon dans les quartiers nord de la ville, Sandrine Waleckx s'enquiert du confort du couple depuis le début de la vague de chaleur.

Lors de la toilette hebdomadaire de la vieille dame aux yeux rieurs, victime d'un accident vasculaire il y a quatre ans, elle lui laisse volontairement les cheveux mouillés "pour garder un peu de fraîcheur sur la tête. Ca va sécher tout seul", leur explique cette assistante à domicile pour personnes dépendantes de 39 ans.

Puis elle lui tend un verre d'eau, que la nonagénaire boit d'une traite, sans se faire prier. "Bravo, c'est bien !" la félicite Sandrine Waleckx.

"C'est rare, en général les personnes âgées boivent une ou deux gorgées. Elles perdent la sensation de soif et n'ont pas envie de grand chose. On leur propose du coup de boire plusieurs fois", détaille cette auxiliaire aguerrie, d'ordinaire plus habituée à aider aux tâches quotidiennes (aide à la toilette, au repas, ménage, etc.).

D'autres sont parfois plus récalcitrants, à l'image de Georges Rouaisnel, 91 ans, dont l'état physique se dégrade. Il trempe tout juste les lèvres dans le verre proposé.

"Je ne veux plus", souffle le vieil homme, vêtu d'un débardeur jaune, d'un short et d'une paire de charentaises. Heureusement, son épouse Laurence, 89 ans et toujours alerte, veille au grain.

- Forcément "inquiets" -

Chez Andrée Prat, 64 ans, handicapée par une sclérose en plaques, qui vit en ce moment derrière des volets clos, les discussions tournent autour du ventilateur flambant neuf que vient de lui acheter son fils.

"Faites-moi voir comment ça marche?", s'enquiert l'auxiliaire de vie, avant de remplir la baignoire miniature de "Coco", le diamant mandarin qui babille dans sa volière.

Depuis lundi, la vague de chaleur venue du Sahara ravive le souvenir de l'épisode d'août 2003 qui avait généré une surmortalité de 15.000 personnes sur plus de 15 jours.

Les auxiliaires de vie ont depuis appris à bien identifier les signes de déshydratation. Grande fatigue, sensation de bouche sèche, voix pâteuse, manque d'élasticité de la peau: autant de symptômes qui ne trompent pas.

"On vérifie comment ils vont et s'il n'y a pas de choses inhabituelles comme des maux de tête, des tremblements, des envies de vomir. Si c'est le cas, on alerte immédiatement les secours", assure Estelle Deberle, directrice du centre local d'ADHAP (acronyme d'Aide à domicile, hygiène et assistance aux personnes"), basé à Clermont-Ferrand.

Parfois les personnes les plus fragiles ne sont pas celles qu'on imagine.

"Une personne moins âgée qui paraît en meilleure santé mais qu'on ne voit qu'une fois par semaine pour du ménage et des courses est bien plus vulnérable qu'une personne très âgée qu'on ira voir trois fois par jour", prévient la jeune directrice. Souvent, ces profils-là pensent qu'ils peuvent sortir au soleil à 16H00 et sont moins parés, surtout s'ils sont très isolés".

L'épisode de cette semaine, sans précédent par son intensité et sa précocité, selon Météo-France, préoccupe davantage les aidants que d'habitude.

"Ces températures sont inédites et très soudaines, très tôt dans la saison. La semaine dernière il faisait 13 degrés. Il y a la variation de températures qui va travailler les corps et du coup ça va être plus compliqué à gérer. On est forcément inquiets".

À lire aussi

Sélectionné pour vous