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Climat: 17 heures d'occupation à Paris en coup d'envoi des actions d'Extinction Rebellion

Une journée et une nuit entrecoupées par un face-à-face tendu avec les forces de l'ordre: des centaines de militants écologistes ont occupé 17 heures un centre commercial parisien pour lancer la semaine d'action du mouvement Extinction Rebellion (XR).

Samedi vers 10H00, des centaines de manifestants, membres notamment de XR, avaient investi les lieux dans le calme, choisissant Italie 2, avec ses 130 boutiques et restaurants au sud-est de Paris, comme un "symbole du capitalisme".

A la fermeture samedi soir du complexe dont seule une partie a été occupée, les autorités les avaient sommés de partir, mais les militants étaient bien décidés à y passer la nuit.

Selon des images diffusées alors en direct sur les réseaux sociaux, les forces de l'ordre, utilisant notamment des gaz lacrymogènes, ont tenté d'entrer dans le bâtiment dont certaines entrées étaient barricadées ou canedassées.

Certains militants se sont assis en tenant des parapluies ouverts au-dessus de leur tête, comme les manifestants pro-démocratie à Hong Kong.

"On a résisté. On a créé une chaîne humaine, on était tous attachés et assis, et non violents, et les forces de l'ordre nous ont gazé", a raconté à l'AFP Benjamin, militant de 20 ans.

L'intervention a ensuite été interrompue, et les gendarmes mobiles sont retournés se poster aux alentours, avant que la grande majorité d'entre eux ne quittent les lieux.

"C'est assez incroyable. Donc on reste", s'est étonné un autre participant.

Après une première assemblée générale en début de nuit décidant de rester, les militants ont finalement levé le camp vers 4H.

Au petit matin, des piles de chaises et de palettes s'entassaient encore derrière les portes vitrées du bâtiment vide. La grande verrière était toujours habillée d'une des banderoles géantes hissées la veille par des varapeurs, avec ces mots "La nature n'est pas à vendre. Écologie sociale et populaire".

Si aux premières heures de l'occupation, les débats autour de certains slogans comme "mort au capital" étaient vifs entre les militants d'un mouvement qui prône la non violence, à la fin le centre commercial portait les traces de tags clairement hostiles à la police.

En arrivant, les militants d'Extinction Rebellion ont expliqué vouloir occuper un "symbole du capitalisme", en prélude à une semaine d'actions internationales de ce jeune mouvement de désobéissance civile qui veut forcer les gouvernements à déclarer l'urgence climatique.

"Travaille, consomme et ferme ta gueule", "A-ha anticapitaliste", pouvait-on entendre notamment parmi les slogans des manifestants, au son des tambours, ou encore: "Et un et deux et trois degrés, c'est un crime contre l'humanité".

"Je suis avec XR pour dire stop à ce système fou avant qu'il ait tout détruit", a déclaré à l'AFP une jeune fille d'une vingtaine d'années, qui se présente comme Lucie.

Différents collectifs s'étaient joints à l'action, comme Youth for climate, Cerveau non disponible, Radiaction, Comité autonomie queer et des "gilets jaunes", selon une représentante de XR qui ne veut pas être identifiée.

"Ce blocage se fait en convergence avec d'autres associations et mouvements, dans ce lieu emblématique de la consommation qui détruit le vivant", a expliqué XR dans un communiqué, revendiquant "environ 1.000 personnes" sur place samedi.

Extinction Rebellion, mouvement créé il y a à peine un an, organise à partir de lundi des actions dans 60 villes dans le monde qui devraient rassembler des milliers de personnes, et notamment des actions de blocage à Londres, prévues pour durer plus de deux semaines.

A Paris, des opérations sont prévues presque tous les jours jusqu'au 12 octobre sur les thèmes de l'océan, des déchets plastiques, ou encore des migrations forcées liées au changement climatique.

Si les détails sont tenus secrets, les militants prévoient d'autres occupations et des blocages de la circulation.

En juin, alors qu'ils occupaient le pont de Sully à Paris, des membres de XR avaient été délogés par les forces de l'ordre avec notamment l'utilisation à bout portant de gaz lacrymogènes.

Les images, abondamment partagées et critiquées sur les réseaux sociaux, avaient conduit à l'ouverture d'une enquête.

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