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Coronavirus: aggravation rapide de l'épidémie, premier décès d'une adolescente

Avec 365 décès supplémentaires en 24 heures, dont celui d'une jeune fille de 16 ans en région parisienne, l'épidémie de coronarivus continue de s'aggraver et de se répandre de façon rapide, ce qui a conduit à une évacuation inédite de patients de l'Est en TGV médicalisé pour alléger la pression sur les hôpitaux de cette région.

Pour le directeur général de la Santé, le Pr Jérôme Salomon, l'information, "triste, très triste", concernant la jeune fille est "importante, puisque les formes sévères chez les sujets jeunes sont extrêmement rares". "Elles surviennent de temps en temps pour des raisons multiples. On le voit notamment dans certaines infections virales (avec) des formes extrêmement sévères exceptionnelles", a-t-il souligné.

Jeudi soir, le dernier bilan portait à 1.696 le nombre de morts du covid-19 enregistrés à l'hôpital depuis le début de l’épidémie fin janvier et 3.375 patients étaient en réanimation (+548 en une journée) sur un total de 13.904 (+ 2.365) patients hospitalisés en France.

Alors que la "vague" est en train de s'abattre sur l'Ile-de-France, vingt patients ont été évacués depuis Strasbourg à bord d'un TGV médicalisé: il a effectué un premier arrêt à Angers avant de toucher en fin de journée son terminus, Nantes. Les malades devaient être répartis dans les hôpitaux de ces deux villes ainsi qu'au Mans et à la Roche-sur-Yon, régions moins touchées pour le moment.

D'autres évacuations ont déjà été menées par voie aérienne et maritime avec l'aide de l'armée.

Philippe Juvin, chef du service des urgences de l'hôpital Pompidou à Paris, a suggéré un transfert "massif" de patients vers "les régions de France et d'Europe" où l'épidémie n'arrivera pas avant deux ou trois semaines, déplorant par ailleurs les pénuries de matériel de protection et de tests partout en France. "Parfois je me pose la question: de quoi ne manque-t-on pas?" a-t-il lancé.

"Ni les soignants ni nous n'étions préparés à ce genre d'événement", a confié jeudi soir à l'AFP le Dr Benjamin Davido, directeur médical de crise à l'Hôpital Raymond-Poincaré de Garches, qui "craint l'arrivée à saturation" en Ile-de-France, alors que ses 26 lits de réanimation sont déjà pleins.

Un patient de 35 ans "sans antécédent médicaux" venait notamment d'y être admis.

- Premier décès de gendarme -

"La nation tout entière est mobilisée", a assuré mercredi soir Emmanuel Macron qui a fait appel à l'armée et promis un "plan d'investissement massif" pour l'hôpital, garantissant "une prime exceptionnelle" aux soignants ainsi qu'à l'ensemble des fonctionnaires mobilisés.

L'épidémie qui a fauché au moins cinq médecins, a également fait un premier mort dans les rangs de la gendarmerie: un sous-officier de 51 ans, décédé mercredi à son domicile de la caserne de Maisons-Alfort (Val-de-Marne). Un surveillant pénitentiaire est également décédé, alors que la situation dans les prisons françaises, chroniquement surpeuplées, inquiète.

"La crise va être longue, les prochains jours vont être particulièrement difficiles", avait prévenu mercredi le Pr Salomon.

La situation est particulièrement cruelle dans les maisons de retraite où le nombre de décès n'est pas exactement connu, mais se chiffre a minima en dizaines de morts.

"Devant l'urgence de la situation" les professionnels recommandent "la limitation drastique des déplacements" au sein des Ehpad ainsi que le "confinement préventif en chambre de l'ensemble des résidents", a relevé le Pr Salomon qui reconnaît que de telles mesures soulèvent de "nombreux enjeux juridiques et éthiques".

- L'inquiétude monte -

Confinés chez eux depuis plus d'une semaine, 85% des Français sont "inquiets" pour eux et leur famille, selon une enquête d'Ifop-Fiducial réalisée les 24-25 mars pour CNews et Sud Radio, contre 44% fin janvier.

Le gouvernement annoncera "dans quelques jours" la probable prolongation du confinement. Le conseil scientifique a recommandé mardi de l'allonger, évoquant un total de six semaines, soit jusqu'à fin avril.

La France doit se préparer à "un effort long", a déjà averti le Premier ministre Edouard Philippe: "C'est l'urgence sanitaire qui anime tous les esprits aujourd'hui, mais c'est aussi, et ce sera de plus en plus, un choc économique, un choc social".

- Opération militaire -

La mobilisation est aussi militaire avec l'annonce par Emmanuel Macron d'une opération "Résilience" qui "sera entièrement consacrée à l'aide et au soutien aux populations, ainsi qu'à l'appui aux services publics pour faire face à l'épidémie, en métropole et en Outre-mer".

De très nombreux volontaires affluent - plus de 100.000 - sur la plateforme "je veux aider", dont 40.000 pour la réserve sanitaire, selon le chef de l'Etat.

Cependant, la crise du coronavirus et le confinement ne doivent pas conduire les parents à repousser de plusieurs mois la vaccination des enfants de moins de deux ans contre des maladies comme la rougeole ou la méningite, ont alerté les syndicats de pédiatres.

"Il serait assez ridicule de ne pas prévenir des maladies déjà maîtrisées, au nom d'une maladie qui épargne les bébés", a résumé l'une d'elles, le Dr Mariam-Natacha Haidara, qui exerce à Paris et à la Croix-Rouge.

Sur les tests, autre sujet sensible, la France se prépare à changer d'échelle: d'ici une dizaine de jours, a promis le Pr Salomon, la France disposera d'une capacité de 25.000 à 30.00 tests par jour, contre 9.000 aujourd'hui.

Enfin du coté des traitements, la chloroquine, actuellement testée mais qui fait débat, peut être administrée "sous la responsabilité d'un médecin", aux malades du coronavirus: son utilisation est désormais encadrée par un décret paru jeudi au Journal officiel.

Le principal promoteur de son utilisation, le Dr Didier Raoult à Marseille, figure controversée, aurait récemment fait l'objet de menaces. La police a annoncé jeudi l'ouverture d'une enquête à la suite d'"actes d'intimidation" l'ayant visé.

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