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Coronavirus: le confinement prolongé face à la vague qui "déferle"

Comme attendu, le Premier ministre a annoncé vendredi une prolongation du confinement jusqu'au 15 avril, pour tenter d'interrompre la propagation du coronavirus qui a fait près de 2.000 morts en France et déferle désormais sur l'Ile-de-France.

"Nous sommes encore au début de la vague épidémique", a justifié Edouard Philippe depuis le palais de l'Elysée. "C'est pourquoi avec l'accord du président de la République, j'annonce aujourd'hui le renouvellement de la période de confinement pour deux semaines supplémentaires à compter de mardi prochain, soit jusqu'au mercredi 15 avril", a-t-il ajouté en prévenant que les règles restaient les mêmes, mais que "cette période pourra évidement être prolongée si la situation sanitaire l'exige".

Selon le dernier bilan officiel vendredi soir, l'épidémie a fait 1.995 morts rien que dans les hôpitaux, dont près de 300 au cours des dernières 24 heures, et conduit 3.787 patients en réanimation (+412).

Alors que l'épidémie frappe désormais de plein fouet la région parisienne, le directeur général de la Santé Jérôme Salomon a annoncé une première évacuation dans le courant du week-end d'une quinzaine de patients en réanimation vers les établissements de la région Centre-Val de Loire.

Il s'agit de soulager en particulier les hôpitaux de la Grande couronne - même si, a-t-il précisé, "il y a encore des lits disponibles ce week-end" dans et autour de Paris: "L'Ile-de-France n'est pas saturée à ce stade" mais "on se met en situation d'anticipation", a-t-il insisté.

Ainsi, dans le Grand Est, principal foyer de la maladie jusqu'à présent, un avion militaire a réalisé une nouvelle évacuation de six malades de Mulhouse vers Bordeaux vendredi, au lendemain d'un transfert inédit par TGV médicalisé de patients vers le Centre et l'Ouest du pays, moins touchés; 48 nouveaux malades du Grand Est doivent être transférés ce week-end par trains médicalisés vers la Nouvelle-Aquitaine.

D'autres évacuations seront conduites prochainement depuis la Bourgogne Franche-Comté.

- "C'est dur" -

En Ile-de-France, qui touche ses limites alors que le pic épidémique n'est toujours pas atteint, "on pousse les murs partout pour accueillir le plus possible ces patients en réanimation (mais) il va falloir trouver des solutions", a averti le professeur Bruno Riou, directeur médical de crise de l'AP-HP (hôpitaux de la région parisienne) en appelant à de nouvelles évacuations, alors que les services de réanimation de Seine-Saint-Denis sont déjà pleins.

"Tous les jours on ouvre des lits et tous les jours ça se remplit", confirme le Pr Elie Azoulay, chef-adjoint du service de réanimation de l'hôpital Saint-Louis, passé de 20 à 50 lits de réanimation. "C'est dur".

Cathy Le Gac, infirmière en réanimation à l'hôpital Beaujon de Clichy (Hauts-de-Seine), confie son effroi devant la rapidité avec laquelle certaines situations dégénèrent. "Même intubé ventilé, ça se dégrade d'un coup et on ne comprend pas ce qu'il se passe".

Le Pr Riou a également averti sur une "potentielle pénurie de médicaments de réanimation à venir". Curares, hypnotiques, corticoïdes, antibiotiques sont déjà "en forte tension" a également affirmé François Crémieux, directeur général adjoint de l'AP-HP.

La "situation sanitaire ne va pas s'améliorer rapidement", avait déjà averti le Premier ministre à l'issue d'une réunion de crise du gouvernement par visioconférence. "La vague épidémique qui déferle sur la France (...) est une vague extrêmement élevée et elle soumet l'ensemble du système de soins, l'ensemble du système hospitalier, à une tension redoutable".

"Il va falloir tenir", avait-il lancé.

Vendredi soir, 21 détenus et une cinquantaine de personnel pénitentiaires avaient par ailleurs été testés positifs dans différentes prisons françaises.

- Fashion week annulée -

Face à cette situation, la semaine parisienne du prêt-à-porter homme prévue en juin et celle de la haute couture, début juillet, ont été annulées.

Le Premier ministre donnera samedi une conférence de presse avec le ministre de la Santé Olivier Véran et a promis un point "transparent" de la situation sanitaire, notamment la pénurie de masques ou la question des tests.

Côté économique, le président Emmanuel Macron a réuni les partenaires sociaux en audioconférence, alors que les dérogations au droit du travail inquiètent les syndicats, qui dénoncent aussi le manque de protection des salariés dans plusieurs secteurs toujours en activité, dont la distribution.

Selon l'Elysée, le ministre de l'Économie Bruno Le Maire "a annoncé aux partenaires sociaux qu'il remettrait une proposition au Premier ministre" dans l'après-midi "sur l'impossibilité de cumuler les demandes de reports des échéances fiscales et sociales et versement des dividendes".

En attendant, la Bourse de Paris a de nouveau reculé (4,23%) vendredi après trois séances de rebond, alors que les Etats-Unis, première puissance économique mondiale, sont désormais le pays le plus touchés en nombre de cas et approchent les 1.500 morts.

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