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Virus: l'Europe sort les grands moyens, l'ONU veut un vaccin accessible à tous

Face à la pandémie de coronavirus qui provoque récession et explosion de l'endettement public, la Banque centrale européenne (BCE) a engagé jeudi les grands moyens, en doublant presque son fonds de soutien à l'économie, l'ONU plaidant de son côté pour un vaccin accessible à tous, qui doit être considéré comme un "bien public mondial".

L'Amérique latine, elle, subit toujours de plein fouet le choc du Covid-19, avec un record de morts quotidiens au Brésil, nouvel épicentre de l'épidémie.

Alors que les frontières européennes continuent à rouvrir progressivement, comme en Autriche jeudi, la BCE a annoncé que son programme "PEPP", visant à limiter les effets de la crise sanitaire, qui promettent de se faire sentir encore plusieurs années, avait été gonflé de 600 milliards d'euros supplémentaires. Il avait été doté à la mi-mars de 750 milliards d'euros pour racheter des obligations publiques et privées.

Ce programme d'urgence a été prolongé jusqu'à "au moins fin juin 2021". La BCE s'attend à une baisse de 8,7% du PIB de la zone euro en 2020, avant un rebond de 5,2% en 2021 et de 3,3% en 2022.

Ces projections sont cependant entourées d'une "incertitude exceptionnelle", a noté jeudi la présidente de l'institution, Christine Lagarde, ajoutant que la "durée de la contraction et la reprise dépendront de la durée et de l'efficacité" des mesures de confinement, des politiques de relance et de soutien de l'emploi, et de "l'impact durable" de la pandémie sur la demande.

Mercredi, c'est l'Allemagne qui avait annoncé un plan de relance historique de 130 milliards d'euros sur deux ans. "Si nous ne faisions rien, alors les dettes et les pertes de recettes fiscales seraient encore plus importantes", a fait valoir la chancelière Angela Merkel jeudi soir.

- Requiem à Séville -

"Un vaccin contre le Covid-19 doit être vu comme un bien public mondial, un vaccin pour les peuples", a estimé le secrétaire général de l'ONU Antonio Guterres lors d'un sommet virtuel de l'Alliance pour le vaccin (Gavi), qui a réuni une cinquantaine pays et plus de 35 chefs d'Etat et de gouvernement et permis de recueillir 8,8 milliards de dollars pour la vaccination en général.

Hôte de ce sommet virtuel, le Premier ministre britannique Boris Johnson a salué le choix de "s'unir" pour "tracer le chemin d'une coopération mondiale".

Avec près de 40.000 morts, le Royaume-Uni, où les usagers des transports en commun devront porter un masque ou au moins se couvrir le visage avec un tissu à partir du 15 juin, est le deuxième pays le plus durement frappé par le virus.

Le pays est le contributeur le plus important au Gavi avec 1,65 milliard de livres (1,85 milliard d'euros, 2 milliards de dollars) promis sur les cinq prochaines années. Suivent la fondation de Bill et Melinda Gates (1,6 milliard de dollars), les Etats-Unis (1,16 milliard de dollars) et la Norvège (un milliard de dollars). La France a promis 500 millions d'euros et 100 millions supplémentaires quand un vaccin sera disponible.

Les fonds levés jeudi "seront cruciaux pour assurer le maintien de la vaccination de routine et pour rattraper les retards accumulés des programmes de vaccination suite à la pandémie de Covid-19", ont estimé l'Unicef et les ONG One et Action santé mondiale.

La pandémie de Covid-19 a fait plus de 387.000 morts depuis que le virus est apparu fin décembre en Chine, et la course aux vaccins et traitements mobilise de grandes sociétés pharmaceutiques.

En Europe, où les chiffres des décès et des nouvelles contaminations sont de plus en plus rassurants, laissant espérer que le pire soit passé, la vie reprend peu à peu ses droits. L'Autriche rouvre ses frontières, à l'exception de celles avec l'Italie. L'Allemagne et la Belgique prévoient de faire de même le 15 juin. De son côté, l'Espagne a annoncé la réouverture de ses frontières terrestres avec la France et le Portugal à partir du 22 juin.

En Espagne, à la cathédrale de Séville, inscrite au patrimoine mondial de l'humanité et dans laquelle repose Christophe Colomb, des centaines de personnes endeuillées se sont recueillies jeudi soir au son du Requiem de Mozart dans le cadre de l'un des plus grands rassemblements organisés dans le pays depuis le début du déconfinement.

La situation continue en revanche de s'aggraver en Amérique latine. Le Brésil a enregistré 1.349 morts du coronavirus en 24 heures mercredi. Un couvre-feu a été imposé dans une vingtaine de localités de l'Etat de Bahia (Nord-Est).

"Si nous n'agissons pas, nous risquons d'assister à une explosion de la demande de lits en soins intensifs et nous ne pourrons pas y répondre", a prévenu le gouverneur de l'Etat, Rui Costa.

- Mille morts en 24 heures -

Le Brésil a déjà officiellement enregistré 32.548 morts, ce qui situe le géant latino-américain à la quatrième place mondiale pour les décès derrière les Etats-Unis - qui restent de loin le pays le plus durement frappé avec 107.685 morts - le Royaume-Uni (39.904) et l'Italie (33.689).

Le Mexique a de son côté franchi mercredi la barre des 1.000 morts en 24 heures, pour la première fois depuis le début de l'épidémie. Le bilan total y dépasse les 11.000 décès.

Dans ce contexte, la polémique sur les vertus thérapeutiques de l'hydroxychloroquine a une nouvelle fois rebondi.

Prendre ce médicament, peu de temps après avoir été exposé au Covid-19, ne permet a priori pas de prévenir une infection, affirment des chercheurs aux Etats-Unis à la suite d'un essai clinique.

De quoi relancer un débat, ouvert quasiment depuis le début de l'épidémie, sur les vertus présumées de ce médicament dérivé d'un antipaludique. A la suite d'un mea culpa de la revue The Lancet, qui a publié une étude très critique sur l'hydroxychloroquine, l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) avait ainsi annoncé mercredi la reprise des essais cliniques sur ce médicament. Trois des quatre auteurs de l'étude du Lancet se sont rétractés jeudi soir.

burx-thm/glr/fjb

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