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Covid-19: à Tours, l'inquiétude se mesure au labo

Dans ce laboratoire de Tours, la file d'attente ne désemplit pas mais le public a changé. "Il y a une véritable inquiétude. Le public est plus jeune, plus familial", constate François Blanchecotte, à la tête du groupe ABO+ en Indre-et-Loire, évoquant une situation "historique".

"Il était temps de confiner", lance le président du Syndicat national des biologistes, rencontré vendredi au premier jour de nouveau confinement. Il relève que depuis quelques temps, la tendance est inquiétante. "Dans des villes comme Joué-lès-Tours (38.000 habitants) où la concentration de population est forte, on est à plus de 20% de cas positifs. Dans beaucoup de grandes métropoles, le nombre de cas positifs va exploser", estime-t-il.

Selon M. Blanchecotte, cela "va générer dans les quinze jours à venir, un afflux vers les hôpitaux".

Il a observé "devant l’explosion des cas positifs, une véritable inquiétude". "Le public est plus jeune, plus familial. La médiane de la positivité a augmenté. Beaucoup de jeunes sont positifs", dit-il.

Yoann, étudiant en sociologie de 21 ans, confirme. "J'ai de la température depuis deux jours. Ca m'inquiète. Alors je préfère prendre un peu de temps pour me faire tester" avec l'espoir d'être "rassuré".

Cette situation, que le biologiste qualifie d'"historique", demande une adaptation de tous les instants : "Nous avons dû changer nos méthodes de travail, commander sur des marchés, asiatiques notamment, que nous ne connaissions pas. Il a fallu acheter des machines. La plupart des grands plateaux techniques sont passés en trois-huit, sept jours sur sept".

- "trous dans la raquette" -

Qui dit nouvelle organisation dit "plan d’embauches" : "Nous sommes 50.000 dans notre branche. Plus de 4.000 personnes ont intégré des laboratoires ces derniers mois", explique-t-il. Et c'est sans compter "les infirmiers libéraux, masseurs, qui viennent nous aider".

Le plateau technique de Chambray-lès-Tours a été construit au départ pour gérer 3.000 à 4.000 patients par jour. Aujourd’hui, avec l'épidémie de Covid-19, les personnels en traitent le double. Les résultats sont connus en moins de vingt-quatre heures. Et pour les urgences, en six ou huit heures. Un gain de temps qui résulte de méthodes de moins en moins contraignantes. "Nous ne prélevons plus que sur une seule narine. L’écouvillon est plus fin et chargé dans un tube qui contient et neutralise le virus. Il y a encore quelques semaines, nous devions faire un triple emballage", précise M. Blanchecotte.

Les tubes arrivent de tous les sites de prélèvement dans des boîtes scellées. Elles sont déballées sous des hottes stériles qui permettent d’avoir un flux d’air filtré. Les collecteurs sont ensuite mis sur des portoirs, puis passent sur des machines qui vont extraire l’ARN du virus avant de l’amplifier des dizaines de fois de façon à mieux l’identifier.

"Les positifs et les négatifs sont envoyés dans le système informatique du laboratoire. Ils partent dans deux filières : pour donner une information à Santé Publique France et à Contact Covid qui va déclencher, auprès des ARS et des CPAM départementales, des signaux aux enquêteurs qui peuvent appeler de potentiels cas contacts".

D’autres professionnels de santé (médecins, pharmaciens, infirmières diplômées d’État) pourront bientôt réaliser des tests antigéniques, plus rapides que les traditionnels tests PCR. Le président du Syndicat national des biologistes n'est pas convaincu.

"Les autorités scientifiques montrent que la sensibilité des tests [antigéniques] descend à 50% pour les asymptomatiques. On va passer à côté de beaucoup de gens. Attention aux trous dans la raquette !", prévient-il.

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