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Covid: l'Autriche confine sa population et impose la vaccination

L'Autriche va confiner lundi l'ensemble de sa population et a décidé de rendre la "vaccination obligatoire" à partir de février, devenant ainsi le premier pays de l'UE à prendre de telles mesures face à la résurgence des cas de Covid-19.

Il faut "regarder la réalité en face", a déclaré le chancelier conservateur Alexander Schallenberg lors d'une conférence de presse dans le Tyrol, après des discussions avec l'ensemble des gouverneurs de régions.

Une semaine après avoir sévi contre les non-vaccinés, il a annoncé un confinement des 8,9 millions d'habitants jusqu'au 13 décembre, une décision qui n'a "pas été facile à prendre".

Il a dit être conscient qu'on demandait "énormément" aux vaccinés, "parce que trop de gens n'ont pas fait preuve de solidarité".

- "Ticket de sortie" -

"Malgré des mois de travail de persuasion, nous n'avons pas réussi à convaincre suffisamment de personnes de se faire vacciner", a-t-il souligné, déplorant la surcharge actuelle des unités de soins intensifs.

"Augmenter durablement le taux de vaccination est le seul moyen de sortir de ce cercle vicieux", a estimé M. Schallenberg, jugeant qu'il s'agissait du "ticket de sortie" de la pandémie.

Si un nombre croissant de pays exigent un certificat pour certaines catégories, comme le personnel de santé, très peu dans le monde imposent la vaccination à toute leur population adulte.

C'est le cas dans deux États autoritaires d'Asie centrale, le Tadjikistan et le Turkménistan, ainsi qu'au Vatican et en Indonésie. Territoire français du Pacifique sud disposant d'une large autonomie, la Nouvelle-Calédonie a pris une décision similaire, à compter de fin décembre.

- Marchés de Noël annulés -

En Europe, la pandémie s'emballe et plusieurs pays ont annoncé un durcissement des restrictions ces derniers jours.

En Allemagne, où le plan d'action n'est "plus suffisant" selon l'autorité sanitaire, la Bavière a annulé vendredi les marchés de Noël, tandis que la Grèce interdisait aux non vaccinés d'entrer dans les espaces fermés, à l'exception des lieux de restauration.

Les Pays-Bas ont réintroduit la semaine dernière un confinement partiel. Lors d'une manifestation contre cette mesure qui a tourné à l'"émeute" selon la police, plusieurs personnes ont été blessées par des tirs de sommation des forces de l'ordre, vendredi à Rotterdam.

Depuis lundi déjà en Autriche, les deux millions de personnes non vaccinées n'avaient plus le droit de quitter leur domicile sauf pour faire leurs courses, du sport ou pour des soins médicaux.

Désormais, toute la population va être concernée par la mesure dans ce pays au taux de vaccination de 66%, soit légèrement en deçà de la moyenne européenne, malgré l'instauration d'un pass sanitaire dès le printemps.

Les magasins non essentiels, restaurants, salles de concert et cinémas seront fermés. Les écoles restent ouvertes pour l'instant mais les parents sont encouragés à garder leurs enfants à la maison s'ils le peuvent. Le télétravail est fortement recommandé.

Le gouvernement avait commencé à durcir le ton début novembre et les restrictions qui avaient alors été mises en place ont entraîné une nette hausse du nombre d'inscriptions dans les centres de vaccination.

Mais les cas continuent d'augmenter, se situant à des niveaux inédits depuis l'émergence de la pandémie: vendredi, près de 16.000 nouvelles contaminations ont été enregistrées.

- "Dictature" -

"Nous avons trop de forces politiques dans ce pays qui s'opposent avec véhémence" à la vaccination, a fustigé le chancelier, dénonçant un "attentat contre notre système de santé".

Une manifestation soutenue par le parti d'extrême droite FPÖ est prévue samedi à Vienne et des milliers de personnes sont attendues.

Son chef anti-vaccins, testé positif au coronavirus, ne pourra pas y assister. "L'Autriche est maintenant une dictature!", a lancé Herbert Kickl face aux nouvelles mesures.

A Vienne, les artisans exposant sur les marchés de Noël de la capitale se préparaient à remballer leur marchandise, une semaine à peine après l'ouverture.

"C'est injuste que les 70% qui sont vaccinés doivent se confiner à cause de 30% non vaccinés", témoignait Markus Horvath. Sonné, le vendeur, qui propose des bijoux en bois, a peu d'espoir de rouvrir mi-décembre et s'attend à ce que le confinement soit "prolongé". "Je réalise la moitié de mes revenus ici", confiait sur un autre étal Christian Edlmayr. "Cela va être très, très dur".

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