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Dans l'épicentre turc de l'épidémie, les ambulanciers sur le pied de guerre

Les sonneries téléphoniques ne s'arrêtent jamais: dans le principal centre d'appels des services ambulanciers d'Istanbul, épicentre de l'épidémie de nouveau coronavirus en Turquie, on n'a jamais été aussi débordé.

"En temps normal, on reçoit ici environ 600.000 appels par mois. Après l'apparition du Covid-19, (...) on a assisté à certains moment à des hausses de 50%, voire 100%", déclare à l'AFP le chef des services ambulanciers de la rive européenne d'Istanbul, Fatih Türkmen.

La Turquie a enregistré près de 115.000 cas de personnes testées positives au nouveau coronavirus, dont quelque 3.000 décès.

Plus de la moitié des cas ont été recensés à Istanbul, capitale économique du pays et mégalopole tentaculaire de 16 millions d'habitants.

Et le centre d'appels des ambulances, situé dans le district de Bakirköy, est en première ligne pour constater l'ampleur de la catastrophe.

"Nous sommes placés avant même les hôpitaux, nous sommes au point zéro" de l'épidémie, souligne M. Türkmen, masque sur le visage.

"Lors du pic, nous avons connu des jours avec près de 40.000 appels. Actuellement, nous avons entre 30.000 et 35.000 appels quotidiens", indique-t-il.

Derrière lui, dans la ruche, des dizaines de standardistes affrontent le flux incessant des appels. Armés d'une liste de questions, ils cherchent à identifier les cas suspects.

Des médecins passent dans les rangées, prêts à intervenir en posant des questions plus précises si besoin, ou en donnant des conseils sur l'auto-confinement.

"Si nous avons le moindre doute, nous partons du principe qu'il s'agit d'un cas de Covid-19 et agissons en conséquence. Nous demandons à l'équipe qui va chez l'habitant de mettre tout le matériel de protection nécessaire", explique M. Türkmen.

A quelques encâblures de là, dans le quartier populaire de Bagcilar, une ambulance démarre sirènes hurlantes: à l'intérieur, deux ambulanciers en combinaison, masque et gants de protection qui viennent de recevoir l'adresse d'une femme présentant des symptômes du virus.

Rare impact positif de l'épidémie, la circulation habituellement cauchemardesque à Istanbul est désormais fluide et l'ambulance arrive à destination en quelques minutes.

La patiente, une femme de 50 ans souffrant de diabète et d'hypertension, avait déjà été testée positive et renvoyée chez elle, un petit trois-pièces où vivent cinq autres personnes.

Mais elle continue de se plaindre de poussées de fièvre et de courbatures. "Comme ses symptômes persistent, nous allons l'emmener à l'hôpital", explique Dürdane Büyüksol, l'une des deux ambulanciers.

Sous les yeux de plusieurs voisins curieux accoudés au balcon, l'ambulance repart, direction un hôpital du quartier.

Comme la patiente prise en charge a été testée positive au virus, les ambulanciers devront jeter tous leurs équipements de protection, sauf les lunettes qui pourront être réutilisées après avoir été nettoyées.

L'ambulance sera entièrement désinfectée avant de pouvoir repartir en intervention.

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