Accueil Actu

Médecins et Sécu en négociation pour un juste prix de la consultation

Encore échaudés par la loi Santé, les médecins libéraux ont entamé mercredi une difficile négociation avec l'Assurance maladie pour une augmentation de leur rémunération, dans un contexte économique plus contraint que jamais, qui obligera à "faire des choix".

Le directeur général de l'Assurance maladie, Nicolas Revel, en est conscient : "les attentes sont très importantes du côté des médecins comme des patients", a-t-il déclaré à la presse lors de l'ouverture officielle de la négociation pour une nouvelle convention quinquennale, au siège de l'institution à Paris.

Les cinq syndicats représentatifs de la profession (CSMF, FMF et SML pour les spécialistes et généralistes, MG France pour les généralistes et le Bloc pour les chirurgiens) sont tous invités à redéfinir d'ici l'été le texte régissant les relations entre les médecins et la Sécu.

Cette négociation se déroulera en trois étapes, a résumé M. Revel. La première, en mars et avril, concernera les travaux préparatoires avec les différentes options et leur chiffrage.

Les organisations de jeunes seront conviées à la séance du 16 mars, consacrée à la démographie. La deuxième étape sera la "stabilisation des pistes retenues", avant la rédaction de la convention, avec "si possible une finalisation fin juin".

L'actuelle convention arrivant à échéance le 26 septembre, il faut se mettre d'accord avant le 26 août. Sans quoi, une personnalité indépendante, vraisemblablement Bertrand Fragonard, sera chargée d'élaborer un règlement arbitral.

Le réalisme devra être de mise et la "maîtrise des dépenses" respectée, a d'emblée rappelé M. Revel, à l'heure où l'Assurance maladie doit économiser plus de 3 milliards d'euros par an d'ici à 2017, conséquence d'un tour de vis inédit.

Mais les médecins, toujours remontés contre la généralisation du tiers payant (dispense d'avance de frais) et inquiets de la surcharge de travail, sont bien décidés à obtenir des revalorisations tarifaires.

En particulier pour les généralistes, dont la consultation de base stagne à 23 euros depuis 2011. Un "tarif irrespectueux pour des médecins", selon le président de la CSMF, Jean-Paul Ortiz, qui réclame un tarif "minimum de 30 euros pour tous".

"Nous voulons un traitement équitable" entre généralistes et spécialistes, a ainsi rappelé Claude Leicher, le président de MG France, plaidant pour une consultation à 25 euros.

-"Catastrophe sanitaire"-

Comme tous les syndicats, il réclame également l'ouverture aux généralistes du secteur 2, où sont autorisés les dépassements d'honoraires. Mais il s'agit d'"une ligne rouge" contraire à la politique du gouvernement, a d'ores et déjà fait savoir Nicolas Revel.

Jean-Paul Hamon, président de la FMF, exige lui "un plan Marshall de 5 milliards d'euros pour la médecine libérale", seul moyen d'éviter une "catastrophe sanitaire" selon lui.

Profitant de l'unité affichée contre la loi Santé, les syndicats ont élaboré des propositions communes où ils réclament une meilleure protection sociale, des aides financières pour pouvoir recruter, par exemple, des secrétaires, ainsi qu'une revalorisation des consultations longues et complexes.

Celle de l'acte de base "fera partie des discussions", a insisté M. Revel, qui ne s'est pas risqué à mettre un chiffre sur la table, se contentant d'évoquer "des millions" plutôt que des milliards". "Il faudra faire des choix".

Seront aussi abordées les "rémunérations annexes" octroyées pour le suivi des patients chroniques ou des personnes âgées, conformément au souhait de la ministre de la Santé, Marisol Touraine, et des médecins.

Leur rémunération "sera augmentée, la question est sous quelle forme, de quelle manière et à quel rythme", a récemment résumé la ministre.

Les médecins devront en contrepartie participer davantage à la coordination des soins, aux actes de prévention ou de vaccination, par exemple.

Car la convention doit aussi permettre d'améliorer l'offre de soins sur tout le territoire, et de répondre à des objectifs de santé publique.

"Le chemin sera long", a concédé M. Revel à l'issue de la séance inaugurale, saluant toutefois "la tonalité tout à fait constructive" du débat.

Des deux côtés, on dit souhaiter un accord, à un an de la présidentielle. Mais, en coulisses, la percée des syndicats les plus radicaux lors des élections professionnelles, au détriment des réformistes, n'incite pas à l'optimisme.

À la une

Sélectionné pour vous