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Décès d'une femme après cinq appels au Samu : la famille porte plainte

Nouvelle plainte visant le Samu dans l'est de France : la famille d'une retraitée du territoire de Belfort, décédée à 62 ans d'un infarctus malgré cinq appels pressants au 15, a engagé des poursuites pour "homicide involontaire", dénonçant les délais et conditions d'intervention.

Cette plainte est la dernière en date d'une série de procédures visant le Samu, après le tollé causé par la mort fin 2017 aux urgences de Strasbourg de Naomi Musenga : cette jeune femme de 22 ans avait été raillée au téléphone par une opératrice du Samu alors qu'elle agonisait. D'autres procédures ont ensuite été engagées à Nancy, Colmar et Mulhouse (Haut-Rhin).

Cette fois, la plainte vise le 15, le centre chargé de réceptionner les appels d'urgence. Enregistrée au commissariat de Belfort le 16 septembre, elle n'est en revanche "pas encore parvenue" au parquet, a précisé à l'AFP le procureur de Belfort, Eric Plantier.

Les faits se sont produits le samedi 14 septembre : Edith Greffier, une ancienne employée de mairie, fait un malaise à son domicile de La Chapelle-sous-Chaux (Territoire-de-Belfort), en présence de membres de sa famille.

Sa fille, Anne-Sophie Forni-Greffier, témoigne : "j'ai appelé une première fois le (...) 15 à 15H22, en expliquant clairement les symptômes de ma mère: sueurs, douleur persistante au bras gauche, vomissements, difficulté à respirer" mais "on m'a répondu qu'il y avait une épidémie de gastro-entérite, ce qui était faux, et qu'on m'envoyait une ambulance dans l'heure".

- "Arrêt cardiaque" -

Après un deuxième appel aux secours, l'état de santé de sa mère se dégrade rapidement, jusqu'à l'arrêt cardiaque. Mme Greffier-Forni passe alors un troisième appel, à 15H52, au 15 qui décide de "déclencher le SMUR (Service Mobile d'Urgence et de Réanimation, ndlr) à 15H55", a précisé à l'AFP le CHU de Besançon.

Une ambulance privée "est arrivée à 15H59, elle n'avait même pas été prévenue par le 15 que ma mère était en arrêt cardiaque", s'indigne la fille de la sexagénaire. "Le Samu (véhicule du SMUR, ndlr) est finalement arrivé à 16H17, presque une heure après" le premier appel, explique Mme Greffier-Forni, dont la mère décèdera au centre hospitalier de Belfort-Montbéliard.

Pour elle, les choses sont claires : les secours n'ont pas pris la mesure de l'urgence de la situation et une prise en charge plus rapide aurait pu sauver sa mère.

"Les différentes étapes du processus de prise en charge (par le 15) ont été pleinement respectées par les personnels concernés qui ont agi avec professionnalisme", se défend dans un communiqué le CHU de Besançon, qui gère le 15. Selon l'établissement, le première ambulance est "arrivée au domicile de la famille après 20 minutes de trajet".

L'Agence régionale de santé (ARS) Bourgogne-Franche-Comté, qui a indiqué à l'AFP avoir "reçu fin octobre un courrier" de Mme Greffier-Forni dans lequel elle s'interroge "sur les conditions de prise en charge de sa mère", poursuit "l'instruction du dossier" et "apportera très prochainement une réponse à l'intéressée".

- "Aveux publics" -

"La décision d'engager une ambulance a été faite dès le premier appel" et celle de dépêcher un Smur "dès qu'il y a eu des critères de gravité en particulier d'arrêt cardiaque", a relaté jeudi sur RTL le Dr François Braun, président de Samu-urgences de France, toute en concédant qu'il "faut du temps" au Smur "pour arriver".

Deux mois après la mort de sa mère, Mme Greffier-Forni ne décolère pas : "je souhaite des aveux publics des carences de prise en charge dans la situation que l’on a vécu, et de l’erreur d’appréciation de diagnostic de la personne en ligne", dit-elle.

Trois semaines avant le décès de Mme Forni, celui de Joël Richart, un homme de 49 ans mort le 24 août, avait jeté une nouvelle fois le doute sur les services d'urgences. Selon la plainte déposée à la mi-septembre au parquet de Colmar par son frère et dont l'AFP a reçu copie, un colocataire du patient avait appelé le Samu, le voyant "hurler de douleur", sans que le médecin régulateur ne dépêche d'équipe à son chevet.

Ce père de deux enfants devait décéder quelques heures plus tard d'une occlusion intestinale.

"Vous semble-t-il normal, qu’en France, en 2019, après avoir contacté le 15, on puisse mourir de cette pathologie ?", a interrogé son frère dans une lettre à la ministre de la Santé Agnès Buzyn.

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