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Dépendance: Agnès Buzyn apporte les premiers soins aux Ehpad

Astreintes de nuit dans les Ehpad, télémédecine, recrutements, prévention: Agnès Buzyn a détaillé mercredi des mesures pour "mieux prendre en charge la dépendance", répondant davantage à la crise dans les établissements pour personnes âgées qu'aux défis du vieillissement de la population.

Très attendue après deux journées de mobilisation inédite en début d'année dans les établissements d'hébergement pour personnes âgées dépendantes (Ehpad) et les services d'aide à domicile, cette "feuille de route" a la "double vocation d'améliorer dans l'immédiat la qualité de vie des personnes âgées et d'anticiper la perte d'autonomie", a expliqué la ministre de la Santé lors de rencontres organisées par la Caisse nationale de solidarité pour l'autonomie (CNSA).

Parmi la quinzaine de mesures annoncées, dont le coût global n'a pas été chiffré, beaucoup d'actions visent à "améliorer la qualité des soins et des accompagnements en établissement".

Pour renforcer la présence médicale de nuit et réduire "les hospitalisations d'urgences évitables", une "astreinte d'infirmières", mutualisées entre plusieurs établissements, sera généralisée. Déjà votée dans la loi de financement de la Sécurité sociale 2018 et dotée de 10 millions d'euros, cette mesure sera sanctuarisée en 2019 et 2020.

Dans le même esprit, la ministre a souhaité le développement de l'hospitalisation à domicile, y compris en Ehpad, et la création de 1.000 places en Ehpad, facturées au prix de l'hôpital, pour raccourcir les séjours et préparer le retour à domicile.

La télémédecine devra aussi être généralisée d'ici 2022, une mesure chiffrée à 40 millions d'euros sur cinq ans.

Un plan d'investissement de 100 millions d'euros est prévu pour "moderniser" les établissements les plus anciens. Pour les personnels, les actions pour améliorer la qualité de vie au travail seront multipliées.

- "Les aînés de demain"-

Se disant "à bout", des milliers de personnes avaient manifesté en janvier et mars pour dénoncer la "maltraitance institutionnelle" des personnes âgées et réclamer des moyens.

Le gouvernement avait annoncé 50 millions d'euros pour les Ehpad en difficulté, une "broutille" pour les représentants des personnels.

Une partie de la contestation visait la réforme controversée votée sous le quinquennat précédent, qui consiste à faire converger entre 2017 et 2023 les budgets des Ehpad publics et privés pour les enveloppes "soins" (financées par l'Assurance maladie) et "dépendance" (par les départements)

Côté "dépendance", une enveloppe de 47 millions d'euros permettra de compenser les pertes de certains Ehpad pour 2018 et 2019.

Côté "soins", la convergence sera accélérée sur cinq ans au lieu de sept, en apportant "143 millions d'euros supplémentaires" aux 217 millions déjà prévus pour la période et ainsi "favoriser des recrutements" de soignants.

Une somme à rapporter aux 7.573 Ehpad répartis sur le territoire, qui comptaient fin 2017 608.000 résidents et 400.000 employés.

Reste que la majorité des personnes vieillissent à leur domicile et près de 750.000 bénéficient d'un service d'aide et d'accompagnement chez elles.

Cent millions d'euros seront destinés à "développer et rendre accessible l'aide à domicile", a ajouté Mme Buzyn.

Côté prévention, elle a annoncé un "bilan de santé gratuit systématique lors du départ à la retraite" et des mesures pour améliorer la santé bucco-dentaire ou l'activité physique dans les Ehpad.

La majorité de ces mesures "seront inscrites dans le projet de loi de financement de la sécurité sociale 2019", a-t-elle précisé devant la presse.

D'ici 2050, la France comptera près de 5 millions de personnes de plus 85 ans, contre 1,5 aujourd'hui.

Agnès Buzyn n'a pas tranché la question du financement du vieillissement dans les prochaines années et a dit vouloir "ouvrir le débat".

"Nous sommes les aînés de demain. Que voulons-nous pour nous-mêmes ? Comment souhaitons-nous être traités ? C'est à cette question que je veux que nous répondions dans un an".

Dans un communiqué, l'association des directeurs au service des personnes âgées (AD-PA), qui avait été solidaire des mouvements de grève, a salué un plan avec "de grandes ambitions" mais regretté que "le déblocage de 143 millions d'euros ne compense pas la suppression des contrats aidés".

Pour Florence Arnaiz-Maume, déléguée générale du Syndicat national des établissements et résidences privés pour personnes âgées, interrogée sur RTL, ce plan "est de nature à rassurer mais pas à régler tous les problèmes".

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