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Des militants pour le climat ont occupé des mines de charbon allemandes

Des militants pour le climat ont occupé, avant d'être évacués par la police, des mines de charbon samedi dans le bassin de Lusace, dans l'est de l'Allemagne, un nouveau mouvement de "désobéissance civile" qui suscite une forte défiance sur place.

Le mouvement anti-charbon "Ende Gelände" (littéralement "terminus" ou "fin de l'histoire"), qui organise ces blocages, a revendiqué la présence d'environ 4.000 personnes dans le bassin, "un vrai succès", selon une porte-parole.

Ils ont finalement été délogés dans l'après-midi par les forces de l'ordre, sans incident notable.

Les manifestants, maquillés, vêtus de blanc, ont d'abord bloqué les rails de la mine de Jänschwalde. D'autres ont pénétré dans la mine de Welzow Süd.

L'opération était soutenue par d'autres mouvements écologistes, à commencer par "Fridays for future", qui organisait sa propre manifestation devant une centrale électrique de la région, au lendemain de plusieurs manifestations dans toute l'Allemagne.

C'est la seconde fois cette année que "Ende Gelände" occupait des mines de charbon. En juin, le mouvement avait paralysé pendant plusieurs jours une mine de Garzweiler, près de Cologne, dans la région industrielle rhénane située dans l'ouest du pays.

- 'Complètement vide' -

Les militants dénoncent le contenu du plan climat présenté par Berlin en septembre et en cours d'examen parlementaire. Ce programme, fruit d'un difficile compromis entre conservateurs et sociaux-démocrates, prévoit une sortie du charbon d'ici 2038.

"Je me suis engagé pour le climat dans mon école mais ce n'était que des discussions. Ici, je peux complètement arrêter le charbon", explique à l'AFP "Lumml", un jeune de 24 ans qui refuse comme tous les autres de donner son vrai nom.

"Cette action permet de médiatiser le combat contre le charbon qui détruit le climat", abonde "Kids", âgé d'une vingtaine d'années.

Les militants écologistes jugent trop lointaine la date de 2038, qui ne permettra pas, selon eux à l'Allemagne, déjà assurée de manquer ses objectifs climatiques pour 2020, de respecter ceux de 2030.

"Ce plan est complètement vide. C'est un scandale et un crime contre les générations futures", s'est indignée Nike Malhaus, porte-parole du mouvement. "Le gouvernement a abandonné l'objectif de 1,5°C, pas nous", a-t-elle ajouté.

Ces mines sont situées dans le bassin de Lusace, une région minière de l'Etat de Brandenburg qui s'étend sur plus d'un millier de km2 entre la Pologne et l'Allemagne.

Ces sites à ciel ouvert, détenus par l'entreprise LEAG, extraient chaque année plus de 20 millions de tonnes de lignite, un charbon brun exploité sur de larges surfaces et particulièrement émetteur de gaz à effet de serre.

Le mouvement anti-charbon a gagné en importance en Allemagne depuis que la sortie du nucléaire, décidée en 2011 dans la foulée de la catastrophe de Fukushima, a prolongé la dépendance du pays à ce minerai.

- 'Besoin' de charbon -

Mais l'industrie minière, qui emploie plusieurs milliers de personnes dans les villes et villages aux alentours, est cruciale pour l'économie de cette région située dans l'ex-RDA.

Le conseil municipal de Cottbus, une ville située à quelques kilomètres du bassin de Lusace, a d'ailleurs condamné le blocage par une résolution adoptée grâce à une majorité composite allant du parti d'extrême droite AfD à la gauche radicale, en passant par le SPD. Seuls les Verts se sont opposés à ce texte.

La forte présence de l'extrême droite dans la région fait par ailleurs craindre des débordements, alors qu'un rassemblement soutenu par l'AfD était organisé vendredi pour dénoncer le blocage.

Plusieurs dizaines de militants pro-charbon étaient eux aussi rassemblés samedi matin près de ces mines certains empêchant d'accomplir leur action.

"Ende Gelände veut détruire nos infrastructures, ce n'est pas une bonne méthode, nous voulons tout simplement appliquer le plan climat (jusqu'en 2038), nous avons besoin du charbon dans la région", a expliqué à l'AFP Thomas Hauke, 62 ans.

Une troisième mine a été brièvement la cible de manifestants à Vereinigtes Schleenhain, située dans la même région, selon la direction du site, qui a condamné "toute forme de violation de la loi".

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