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Des plaines agricoles de Chine menacées par des canicules mortelles

La grande plaine de Chine du Nord, où vivent quelque 400 millions de personnes, pourrait devenir une fournaise invivable lors de futures canicules si le réchauffement climatique continue au rythme actuel, mettent en garde des chercheurs.

La hausse des températures associée à une grande humidité aggravée par le système d'irrigation à grande échelle fait peser sur les habitants de cette plaine agricole un danger plus important que n'importe où ailleurs sur la planète, indiquent-ils dans un communiqué.

Cette plaine abrite des mégalopoles comme Pékin, mais aussi des dizaines de millions d'agriculteurs.

Même si le monde parvient à ralentir le réchauffement, les vagues de chaleur dans la région pourraient, d'ici le milieu du XXIe siècle, dépasser les capacités de résistance du corps humain, selon l'étude publiée cette semaine dans la revue Nature Communications.

"Cet endroit va devenir le pire pour les canicules mortelles", commente l'auteur principal, Elfatih Eltahir, du MIT.

Les vagues de chaleur sont plus fréquentes et plus intenses en Chine depuis 1970, et encore plus depuis 15 ans. Et la température y a augmenté de près de deux fois plus que la moyenne mondiale, soit 1,35°C depuis 1950.

Mais la résistance du corps humain à la chaleur dépend également de l'humidité: pour transpirer, l'air à la surface de la peau doit être plus humide que l'air ambiant. Plus la différence est importante, plus le corps se rafraichit rapidement.

Ainsi, comme il existe en période de froid une température ressentie combinant température réelle et vitesse du vent, il en existe une, appelée "wet bulb", qui prend en compte l'humidité de l'air.

Les experts estiment qu'un adulte en bonne santé pourrait ne pas survivre en extérieur à une température "wet bulb" de 35°C pendant plus de six heures. Au delà, "le corps va rapidement surchauffer, provoquant la mort", explique Jeremy Pal, du Seaver College of Science and Engineering de Los Angeles, qui a travaillé avec Eltahir dans le passé.

Par exemple, avec une humidité de l'air de 55%, il faudrait une température réelle de 44,4°C pour atteindre ces 35°C "wet bulb". Mais à 85% d'humidité, 37,8°C en température réelle suffit.

Les chercheurs, utilisant des modèles climatiques pour prévoir les canicules en Chine, étudient deux scénarios: l'un où le changement climatique se poursuit au rythme actuel, l'autre où l'humanité parvient à le limiter à +3°C par rapport à l'ère pré-industrielle (un degré de plus que l'objectif de l'Accord de Paris sur le climat).

Dans les deux cas, le système d'irrigation de la plaine de Chine du Nord ajoute un demi-degré supplémentaire, estiment-ils.

"L'irrigation aggrave l'impact du changement climatique", insiste Eltahir. Sans mesures radicales contre les émissions de CO2, "la plaine de Chine du Nord va probablement vivre des vagues de chaleur mortelles, avec des températures +wet bulb+ au delà du seuil de tolérance des paysans chinois", poursuit-il.

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