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Déserts médicaux: le gouvernement privilégie le pragmatisme aux mesures choc

Assurer l'accès aux soins partout en France grâce aux maisons de santé, à la télémédecine ou à la coopération entre professionnels de santé: le gouvernement a dévoilé vendredi en Haute-Vienne son plan de lutte contre les déserts médicaux, privilégiant le "pragmatisme" aux mesures choc.

"L'accès aux soins est au coeur du pacte social", a déclaré le Premier ministre Edouard Philippe, venu inaugurer avec la ministre de la Santé, Agnès Buzyn, une maison de santé à Châlus, dans une région confrontée comme tant d'autres au manque de médecins.

Un peu plus de 8% de la population vit dans l'une des 9.000 communes sous-denses en médecins généralistes, soit environ 5,3 millions d'habitants, rappelle le gouvernement.

Si rien n'est fait, la situation s'aggravera sous l'effet de la baisse du nombre de généralistes, de nombreux départs à la retraite et des nouvelles aspirations des jeunes médecins, à la recherche d'une vie plus équilibrée.

Le décor choisi par le gouvernement, à une trentaine de kilomètres de Limoges, n'est pas anodin. Conformément à une promesse du candidat Macron, le plan, fruit d'une concertation avec les professionnels et élus, prévoit de doubler le nombre de maisons de santé pluriprofessionnelles (910 en mars 2017) sur tout le quinquennat.

Moins parlantes pour le grand public, d'autres pistes complètent un "panel de solutions adaptables à chaque territoire" vanté par Mme Buzyn, opposée aux "mesures définitives" et "illusoires".

Comme elle, M.Philippe ne "croit pas à la répartition forcée et administrative" des médecins.

Ces derniers continueront donc de s'installer où ils le souhaitent, n'en déplaise à certains élus, et le numerus clausus (nombre d'étudiants formés, relevé par le précédent gouvernement) n'évoluera pas.

"Faire confiance aux acteurs" de terrain, c'est la "nouvelle méthode" adoptée par le gouvernement après cinq années de tensions entre la précédente ministre Marisol Touraine et les professionnels de santé.

Le plan veut ainsi faciliter les initiatives locales en s'appuyant sur les nombreuses expériences, en impliquant soignants, élus et patients, comme le réclamait l'Ordre des médecins.

Concrètement, les coopérations entre professionnels d'un côté, et entre médecine libérale et hôpital de l'autre profiteront de simplifications réglementaires.

Par exemple, les consultations avancées - comme lorsqu'un cardiologue hospitalier exerce un jour par semaine dans une maison de santé - seront développées.

Le cumul emploi-retraite, déjà pratiqué par près de 17.000 médecins, sera favorisé grâce à une exonération de cotisation élargie dans les zones en tension.

- rôle essentiel des infirmiers -

Il faut reconnaître "le rôle essentiel des infirmiers", a par ailleurs insisté le Premier ministre.

Ce rôle "croit et peut encore croître en matière de prévention" et de prescription, a souligné dans un communiqué l'Ordre de la profession.

Le dispositif expérimental Asalee, qui permet à des infirmiers libéraux de suivre, en partenariat avec des généralistes, des malades chroniques, sera pérennisé.

"De nouvelles formations seront proposées dès la rentrée 2018" pour permettre aux soignants d'acquérir de nouvelles compétences "ensuite reconnues par des rémunérations spécifiques".

Autre axe du plan, le développement de la télémédecine passera par la fixation de tarifs lors de négociations entre les médecins libéraux et l'Assurance maladie au premier trimestre 2018.

Un matériel de téléconsultation est également promis à tous les Ehpad (établissements d’hébergement pour personnes âgées dépendantes) d’ici 2020.

En outre, davantage de stages seront proposés dans les cabinets libéraux (+500 en médecine générale et spécialisée) pour attirer les jeunes vers ce type d'exercice, des aides au logement ou pour les transports seront encouragées et des guichets uniques d'information seront installés à l'adresse des professionnels.

Des mesures saluées par le syndicat d'internes en médecine générale Isnar-IMG, qui y voit "un parti pris ambitieux". Le syndicat de médecins remplaçants (Reagjir) s'est lui félicité de "l'écoute et (de) l'attention" du gouvernement.

Quant au syndicat de généralistes MG France, s'il "se réjouit de voir le gouvernement prendre la mesure du problème posé par l’accès aux soins", il ne voit toutefois dans ce plan qu'une "première étape".

Membre de la délégation accompagnant les ministres, le président du premier syndicat de médecins libéraux (CSMF), Jean-Paul Ortiz, s'est réjoui de voir plusieurs de ses demandes exaucées tout en regrettant un plan "trop centré sur les maisons de santé".

Les actions locales seront régulièrement évaluées par un comité dédié, présidé par la ministre.

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