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Drogue: les victimes d'overdoses retrouvées plus souvent à la maison

Il y a 25 ans, elles mouraient dans la rue. Aujourd'hui, de plus en plus de victimes de surdose de drogue sont retrouvées à leur domicile, chez des usagers souvent bien insérés socialement et pas forcément consommateurs réguliers.

"Avant, on ramassait les toxicos dans les caniveaux de Paris. Aujourd'hui, les overdoses se passent dans les appartements", raconte une source policière.

En 2016, le groupe "surdose" de la brigade des stupéfiants de la police judiciaire a été appelée sur 25 cas de morts à domicile par overdose à Paris, soit deux fois plus qu'en 2014.

Créé en 1991, ce groupe de huit enquêteurs mène des investigations sur ces décès et remonte les filières, de la dose mortelle au fournisseur, qui peut être poursuivi pour homicide involontaire.

Selon l'Observatoire français des drogues et des toxicomanies (OFDT), 243 personnes sont mortes d'overdose en France en 2014, dont plus de la moitié (55%) d'une surconsommation d'opiacés. Et ces chiffres sont globalement sous-estimés, selon les associations d'usagers de drogues.

L'un des derniers cas sur lequel le groupe "surdose" a été appelé est celui d'une jeune fille de 22 ans, morte chez elle après avoir consommé de la MDMA. Surnommée "la drogue de l'amour", cette drogue de synthèse, euphorisante et favorisant l'empathie, plus connue sous la forme d'ecstasy, connaît un retour sur le marché des stupéfiants ces dernières années, selon l'Observatoire européen des drogues et des toxicomanies (OEDT).

"Cette jeune fille a pris à peine l'équivalent d'un bouchon de poudre dissoute dans une boisson sucrée, un mélange qu'elle était allée chercher directement aux Pays-Bas. Mais le mélange était très dosé", explique la source policière. L'amie avec laquelle la victime partageait la soirée, qui avait "juste trempé les lèvres" dans le mélange, a été hospitalisée pendant quatre jours.

- Des drogues plus fortes -

"On constate ces dernières années, une augmentation de la pureté et des doses plus importantes que par le passé", explique Agnès Cadet-Taïrou, épidémiologiste et spécialiste de la veille sur les phénomènes émergents à l'OFDT. Selon elle, "les comprimés de MDMA aujourd'hui sur le marché par exemple, sont plus gros et plus purs, avec trois à quatre fois plus de substances actives que ce qu'on trouvait dans les années 90".

"Il n'existe pas de dose standard pour une overdose", précise toutefois le docteur Jean-Pierre Lhomme, spécialiste en réduction des risques. La capacité de résistance dépendant notamment de la condition physique de la personne, de son poids, de son niveau d'hydratation...

Amphétamine, MDMA ou ecstasy "sont beaucoup consommés par des jeunes usagers qui font la fête, y compris dans le cadre privé à domicile", souligne Mme Cadet-Taïrou. Ce type de consommation semble même "en progression en France".

Selon l'OFDT, les consommateurs occasionnels sont rarement conscients des risques qu'ils encourent. "Certains, notamment de jeunes adultes, ne considèrent pas ces substances comme de la drogue", prévient Agnès Cadet-Taïrou.

"Au cours des années 2000, les modes de trafic et d'approvisionnement se sont multipliés et ont permis à des gens parfaitement insérés d'aller vers les produits en prenant de moins en moins de risque", explique la spécialiste, faisant notamment référence à la vente de nouveaux produits de synthèse sur internet.

Et le même phénomène existe chez les consommateurs d'héroïne. "Être usager d'héroïne aujourd'hui ne veut plus forcément dire être désocialisé. Certains continuent à avoir un logement, à travailler", observe Mme Cadet-Taïrou.

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