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EELV veut surfer sur la popularité de l'écologie pour trouver sa place à gauche

Notre-Dame-des-Landes, fin de la pêche électrique: après une semaine de victoires environnementales, Europe Ecologie-Les Verts, parti exsangue, espère rebondir pour trouver une place à gauche entre Jean-Luc Mélenchon et Benoît Hamon qui ont largement empiété sur ses terres.

En pleine traversée du désert, l'écologie politique voit dans ces deux décisions le signe qu'elle n'est pas morte, voire une "année 0" du paysage politique, selon les mots de David Cormand, secrétaire national d'EELV.

Alors que les questions écologiques n'ont jamais été aussi populaires, il entend faire passer "une écologie minoritaire depuis 40 ans dans les esprits" à "une force politique davantage dans le présent", capable d'exposer un "récit politique global" et de conquérir le pouvoir.

"L'écologie n'est plus simplement perçue comme une nécessité, c'est devenu aussi une solution", argue le député européen Yannick Jadot. "Les paysans qui se passent de pesticides vivent mieux que les autres, les énergies renouvelables sont plus pourvoyeuses d'emplois que le nucléaire", cite-t-il.

"Mon obsession n'est pas la place d'EELV dans le camp des perdants", insiste M. Cormand. D'autres leaders de gauche ont repris les thèmes écologistes mais ils en font un "axe d'une vision globale", regrette-t-il, lui qui y voit "ce sur quoi tout le reste doit s'appuyer".

Ereintés au terme d'un quinquennat qui avait débuté par la constitution d'un groupe EELV à l'Assemblée et au Sénat avant le départ fracassant des deux présidents de ces groupes, suivis par la secrétaire nationale du parti, les écologistes n'ont en 2017, pour la première fois depuis 40 ans, pas présenté de candidat à la présidentielle.

- 'Différence d'imaginaires' -

Désigné lors d'une primaire, Yannick Jadot s'est retiré au profit du socialiste Benoît Hamon, au programme proche du sien mais qui n'a engrangé que 6,3% au premier tour de la présidentielle. "Un score d'écologiste !", ont alors ri jaune nombre de militants.

Finalement les deux hommes se sont brouillés lorsque Benoît Hamon a choisi de créer son propre mouvement après avoir quitté le PS. Mais leur démarche reste convergente. "Si on pense la même chose, à un moment, il faudra faire des choses ensemble", reconnaît d'ailleurs le député européen, en demandant "du temps".

"Benoît Hamon a engagé un processus qui intègre de plus en plus d'écologie mais ce n'est pas un mouvement de l'écologie politique", relève-t-il, jugeant que "ça n'aurait aucun sens aujourd'hui que le mouvement écologique, parce qu'en crise, se saborde pour rejoindre un mouvement naissant en train de faire sa mue vers l'écologie".

Vis à vis de La France insoumise, le discours est plus tranché. C'est non ! Evoquant des "divergences puissantes" sur l'écologie, David Cormand observe "une différence d'imaginaires: je ne crois pas qu'on apportera les solutions nécessaires par la brutalisation du débat politique". "Je ne suis pas convaincu que le populisme, même de gauche, même écolo, soit le bon moyen pour mettre en place une société écologique", ajoute-t-il.

Aujourd'hui, le parti revendique un peu plus de 5.000 militants. Sur son aile gauche, quelques centaines ont annoncé leur départ cette semaine avec la création d'un nouveau mouvement, "Ecolo, mouvement de l'écologie politique". Selon Elise Löwy, qui faisait partie du bureau exécutif, un millier de militants partis ces dernières années font "le constat de l'échec d'EELV" et privilégient une stratégie d'alliance plus proche de La France insoumise que de Benoît Hamon.

Même s'il la "regrette sur le principe", David Cormand évoque une décision "logique politiquement et apaisante humainement", comme la fin d'une saignée qui a tant coûté au mouvement écologiste, pourtant en pleine dynamique il y a à peine dix ans.

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