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En piscine ou à sec, deux options pour entreposer les déchets radioactifs

A sec ou sous eau? Les deux options sont possibles pour entreposer les déchets radioactifs, en attendant un stockage définitif.

Quand le combustible usé sort du réacteur, il passe un temps en piscine. Une fois sa puissance réduite, il peut alors être entreposé, sous eau ou à sec.

"Ce choix est très lié aux politiques de gestion du combustible", plus qu'à une question de sûreté, résume Jean-Christophe Niel, directeur général de l'Institut français de radioprotection et de sûreté nucléaire (IRSN).

En gros, "les pays qui font du retraitement (de combustible) - France, Japon, Russie, - optent pour le stockage sous eau, les pays qui ne font pas de retraitement pour le stockage à sec".

Les deux ont avantages et inconvénients.

"Avec la gestion sous eau, la température des combustibles est relativement basse et les combustibles sont facilement accessibles. Mais il y en a beaucoup, donc le risque potentiel est important, ce qui nécessite des mesures de sûreté importantes, les deux exigences étant le refroidissement et qu'il y ait assez d'eau pour éviter le rayonnement".

A sec, poursuit M. Niel, "l'avantage est que le refroidissement est passif. En cas de problème, cela concerne peu d'assemblages, donc les conséquences sont plus faibles. L'inconvénient est que dans la plupart des concepts, il est assez compliqué d'aller récupérer l'assemblage pour l'examiner, et la température de la gaine [enfermant le combustible] est supérieure à 300°C".

En France, 2e parc de réacteurs au monde (58), la question divise, reflet des clivages autour de l'énergie nucléaire: l'exploitant EDF prône la piscine, Greenpeace juge l'option à sec comme la moins mauvaise, tous deux invoquant la sûreté.

Le pays organise jusqu'en septembre un débat sur la gestion des déchets radioactifs, à court terme ("entreposage") et long terme ("stockage"), qui a déjà donné lieu à des réunions publiques agitées.

Alors que les piscines d'entreposage de La Hague (Manche) risquent d'arriver à saturation d'ici 2030, EDF projette un nouveau bassin.

Selon l'IRSN, la moitié des assemblages MOX entreposés à la Hague pourraient d'ores et déjà être gardés à sec, car ce sont les plus anciens (leur puissance thermique a diminué) et ceux qui avaient le taux de plutonium le plus faible. "Après, c'est un choix industriel et de politique énergétique", souligne M. Niel, choix lié notamment à l'éventualité de leur recyclage pour des réacteurs futurs.

Quoi qu'il en soit, selon les experts, toutes ces solutions d'entreposage sont in fine temporaires.

"Cela renvoie au débat sur la croyance qu'on a dans une capacité de la société à contrôler la sûreté ad vitam aeternam", souligne M. Niel.

"Par ailleurs si on envisageait des durées d'entreposage très, très longues, il serait nécessaire de pouvoir reconditionner les assemblages à un moment ou un autre. Il n'y a aucune installation qui dure pour l'éternité sans devoir être reprise".

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